Arbre toujours vert, massif, élancé, aux feuilles foncées, étroites, pointues, et dont le bois, sans être lourd, n’est jamais pourri ni vermoulu, résiste aux vers et à l’action de l’eau. On distingue le cyprès mâle aux branches horizontales, et le cyprès femelle dont les branches s’élèvent obliques ou droites ; c’est de ce dernier que l’on se sert le plus ordinairement pour les travaux de charpente et de menuiserie. Il ne vient que difficilement, dit Pline ; son fruit est inutile, ses feuilles sont amères, son odeur est trop forte, son ombre même est dangereuse ; superbe et triste à la fois, il était regardé par les Romains comme un arbre de deuil, qu’on ne pouvait employer qu’aux funérailles, ou dans d’autres solennités lugubres. C’est du cyprès qu’il s’agit, selon quelques-uns, dans les passages (Genèse 6.14 ; Exode 2.3), où il est parlé de la construction de l’arche, et du berceau de Moïse. Le nom hébreu est Gopher, et l’analogie de ce nom avec le nom latin cupressus, appuierait cette traduction ; le cyprès était d’ailleurs tout à fait bien choisi pour la construction de ces objets, destinés à subsister dans l’eau pendant un temps plus ou moins long ; il vaut cependant mieux, dans ces deux passages, s’en tenir à l’idée générale d’arbre résineux, car gopher s’applique à d’autres objets qui ne sont pas le cyprès ; il signifie poix ; gopherith signifie soufre, et le mot allemand Kiefer signifie un pin sauvage. La Vulgate traduit encore par cyprès le mot Beroth (Cantique 1.16), que Luther et Martin ont rendu mal à propos par sapin (Tanne). Il est bien probable, en effet, que ce mot Beroth ou sa forme plus ordinaire Berosch (Ésaïe 37.24 ; 55.13 ; 60.13), désigne le cyprès ; le cyprès seul pouvait être mis en parallèle avec le cèdre (Ésaïe 14.8 ; Zacharie 11.2) ; le sapin ne le pouvait guère ; cf. surtout l’emploi qui est fait de ce bois, soit pour les lambris du temple (1 Rois 5.8 ; 6.15-34), soit pour des mâts de vaisseaux (Ézéchiel 27.5), soit pour la confection de lances (Nahum 2.3 ; il s’agit évidemment d’une arme dans ce verset) ; soit enfin pour des instruments de musique (2 Samuel 6.5) : il ne peut être question du sapin dans ces passages, non plus que Cantique 1.16 ; il faut penser à quelque bois noble, solide et beau, qui puisse rivaliser avec le cèdre ; la plupart des arbres ont déjà un nom en hébreu ; le cyprès seul ne serait nommé nulle part, s’il ne l’était dans ces passages, et l’on ne comprendrait guère qu’un arbre aussi remarquable ne fût pas mentionné dans la Bible, quoiqu’il fût très abondant en Palestine, et particulièrement sur le mont Hermon.