(Genèse 2.14 ; 13.18 ; Josué 1.4 ; Apocalypse 9.14)
Appelé simplement le fleuve (Exode 23.31 ; Ésaïe 8.7 ; 7.20 ; Jérémie 2.18 ; Michée 7.12), ou le grand fleuve (Deutéronome 1.7). De tous les noms géographiques, l’Euphrate est certainement le plus ancien, puisqu’il est le seul qui nous ramène aux jours du paradis terrestre. Ce fleuve, un des plus considérables de l’Asie, prend sa source au plateau de l’Arménie, et sort de la chaîne de montagnes dont l’Ararat est le sommet le plus élevé. À trois journées d’Erzeroum, les deux premiers affluents du fleuve se rencontrent, l’un, le Frat, plus court et venant de l’ouest ; l’autre, le Mourad-Tchaï, venant d’orient, plus long et prenant naissance au pied des monts Alma-Dagli, dans les environs de la ville de Rayazad.
À leur jonction, les deux rivières réunies prennent le nom de Mourad-Sou, ou Euphrate, et présentent une masse d’eau pareille à celle de nos fleuves les moins considérables, tels que la Moselle. L’Euphrate coule d’abord vers le sud et sépare l’Arménie de la Cappadoce, puis bientôt chassé par les racines du Taurus, il tourne à l’ouest et descend par d’étroits passages et de nombreuses chutes, jusqu’à ce qu’il arrive dans la plaine non loin de Samosate, où sa course se ralentit et continue d’abord au sud, puis à l’est et au sud-est, ayant à sa droite la Syrie et l’Arabie déserte, à gauche la Mésopotamie. À la latitude de Bagdad il se rapproche du Tigre, dont il n’est plus éloigné que de 200 stades à Séleucie, et de nombreux canaux permettent une communication libre et facile entre les deux fleuves. Il s’éloigne de nouveau du Tigre, passe devant Babylone, envoie une partie de ses eaux se perdre dans les marais sablonneux de l’Arabie, puis revient en serpentant vers l’est, et se perd à Kornah dans le Tigre ; là les deux fleuves, sous le nom de Schat-al-Arab (fleuve des Arabes), traversent encore 32 lieues d’un pays noyé, et se jettent finalement dans le golfe Persique par plusieurs embouchures.
Le cours de l’Euphrate est d’environ 1850 km ; il est accessible à de petits bateaux pendant la première partie de son cours jusqu’à son arrivée dans les chaînes du Taurus, puis il cesse de l’être jusqu’à quelques lieues au-dessus de Samosate, où sa course longtemps accidentée redevient plus douce et plus unie ; la vallée s’élargit et les pentes s’affaiblissent ; la largeur du fleuve est de 800 pieds ; mais sa profondeur varie encore et ne dépasse jamais dans les eaux basses 10 à 12 pieds, quoique dans la saison des pluies elle s’élève jusqu’à 24. La navigation n’y est jamais sûre, et tous les essais qui ont été faits jusqu’à ce jour ont échoué contre les caprices du fleuve indompté (cf. Ésaïe 8.7). Les bateaux à vapeur, le Nitocris et le Nimrod, dans leur navigation du mois de mars 1841, n’ont fait que constater les difficultés qui restent encore à lever pour la navigation régulière de ce fleuve. Son eau est presque toujours trouble, mais ne laisse pas que d’être saine et d’un goût agréable quand elle est clarifiée. Les Arabes l’estiment extrêmement.