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Écarlate
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

(Genèse 38.28 ; Exode 25.4 ; etc.)

Quelquefois confondu avec le pourpre (cf. Marc 15.17 ; Jean 19.2 ; avec Matthieu 27.28). Le mot hébreu que l’on a traduit ainsi est tholahat ou sheni tholahat, qui signifie ver en général, puis spécialement ver du coccus. On s’est demandé longtemps, et l’on se demande encore si, par tholahat, il faut entendre l’écarlate ou le cramoisi. Gesenius et Winer penchent pour ce dernier ; Harris, au contraire, et Tyschen (d’après les Septante et la Vulgate), traduisent écarlate ; les uns et les autres produisent des arguments passables. Voici ce que dit Harris : « Le cramoisi proprement dit est d’un rouge foncé, et se fabrique avec la cochenille, qui était complètement inconnue aux anciens ; l’écarlate est d’un rouge plus vif et plus clair, tirant sur le feu ; son nom même explique son origine ; elle est faite avec les petits vers du coccus : cependant les anciens ne savaient pas la travailler aussi bien qu’on le fait aujourd’hui, et cette couleur était moins éclatante que ce que nous appelons maintenant écarlate Â». Le nom hébreu rappelle, sous le rapport étymologique, notre vermillon, quoique nous appliquions à une substance minérale ce dernier mot qui, d’après son origine (vermiculus), appartiendrait plutôt au règne animal. L’écarlate se tire, comme on sait, d’un insecte qui se trouve en abondance en Palestine et dans l’île de Crète, sur une espèce de petit chêne, haut de 1 m environ, dont les feuilles sont épineuses et chargées de grains de la grosseur d’un petit pois : ces grains sont pleins de vers rouges (coccus), gros comme une lentille : on détache ces grains des feuilles, les petits vers en sortent par un trou du côté par lequel ils tenaient à la feuille ; on les sépare avec soin de toute matière étrangère, et après les avoir légèrement écrasés, on en fait des boules de la grosseur d’un Å“uf.

L’écarlate était fort estimée des anciens, et c’est probablement en Égypte que les Hébreux avaient appris à la connaître ; on en teignait des rideaux, des draperies et des tapis de luxe que les riches seuls pouvaient se procurer (2 Samuel 1.24 ; Proverbes 31.21 ; Jérémie 4.30 ; Lamentations 4.5 ; Jérémie 22.14 se rapporte aux boiseries, qui souvent étaient enduites de riches couleurs, et peintes en écarlate). Chez les Romains les rois, les princes et les généraux revêtaient des manteaux de cette couleur (Matthieu 27.28). Plusieurs pièces du tabernacle et des vêtements sacerdotaux étaient tissues de fils écarlates (Exode 25.4 ; 28.5 ; 36.8 ; 38.18 ; 39.1 ; Nombres 4.8 ; Josué 2.18) ; peut-être aussi le voile du temple de Salomon (2 Chroniques 3.14).