Dans l’antiquité, comme en général chez tous les peuples peu ou point civilisés, chaque ville était une espèce de forteresse, ville close, enclos muré, abri contre les coups de main des brigands, ou de peuplades ennemies. La même chose avait lieu chez les Hébreux, à l’époque première de leur établissement en Canaan. Cependant ils ne tardèrent pas à comprendre la nécessité de se retrancher d’une manière peut-être moins générale, mais plus solide et plus régulière ; aussi eurent-ils leurs villes fortes déjà avant l’exil, situées dans des positions avantageuses, particulièrement sur les frontières de leur pays, Rama, Guebah, Mitspa, Beth-Horon, Tadmor et d’autres (1 Rois 15.17-22 ; 2 Chroniques 8.4-5 ; 14.6 ; etc.). Puis au retour de l’exil, les villes fortes acquirent une plus grande importance encore, et furent distinguées avec soin des villages ou des villes non fortifiées (voir 1 Maccabées 4.61 ; 12.35 ; etc.). Les fortifications étaient elles-mêmes entourées de fort près d’une ou deux murailles (2 Chroniques 32.5), quelquefois fort épaisses, garnies de créneaux, de parapets et de tours, et fermées par des portes très solides (doublées de fer à Babylone, Ésaïe 45.2), retenues par des verrous énormes également de fer (1 Rois 4.13 ; Sophonie 1.16 ; Ésaïe 54.12 ; Jérémie 51.12-58 ; Ézéchiel 26.2 ; 27.11 ; 2 Chroniques 26.15 ; 14.7 ; 32.5).
Au-dessus des portes se trouvait une petite tour avec une chambre d’observation (2 Samuel 13.34 ; 18.24-33 ; 2 Rois 9.17 ; 2 Chroniques 26.9 ; cf. 14.7 ; c’est dans une de ces chambres que le roi David, ayant appris la mort d’Absalom, monta pour pleurer ce fils dont la fin l’affligeait autant qu’avait fait sa vie). Autour de cette muraille était un petit mur (hhel) ou selon d’autres, mais moins probablement, un fossé (2 Samuel 20.15 ; 1 Rois 21.23 ; Ésaïe 26.1 ; Nahum 3.8). Il y avait encore en rase campagne de petits forts, et des guérites d’observation (2 Rois 18.8 ; 2 Rois 25.4), et des citadelles dans les villes comme dernier refuge (Juges 9.51). La place la plus forte de la Palestine de tout temps a été Jérusalem.
Avant de mettre le siège devant une ville, les Hébreux devaient lui offrir de capituler (Deutéronome 20.10 ; cf. 2 Rois 18.17) ; puis ils disposaient leurs lignes de circonvallation (Ecclésiaste 9.14 ; 2 Rois 25.1 ; Jérémie 52.4 ; Ézéchiel 4.2 ; 17.17), et s’occupaient de dresser une terrasse d’attaque (2 Samuel 20.15 ; 2 Rois 19.32 ; Ésaïe 37.33 ; Jérémie 6.6 ; Ézéchiel 4.2 ; 17.17 ; 26.8). On mettait alors en œuvre les instruments de siège, béliers et autres machines, avec lesquels on battait en brèche la muraille ennemie (Ézéchiel 26.9 ; 21.27). Le travail des mines souterraines ne fut connu que plus tard. Les assiégés ne se bornaient pas seulement, pour leur défense, à tirer des flèches du haut de leurs murailles (2 Samuel 11.24), mais ils jetaient encore des pierres, des meules et tout ce qui leur tombait sous la main (voir 20 et 21), même de l’huile bouillante, d’après Josèphe. Ce n’est que plus tard qu’apparaissent les catapultes, machines de l’invention d’un ingénieur, dit l’historien sacré (2 Chroniques 26.15). On cherchait aussi, par des sorties habilement préparées, à repousser les assiégeants en les affaiblissant (1 Maccabées 6.31). Quelquefois les sièges duraient fort longtemps, et pouvaient affamer les villes les mieux approvisionnées, au point de les obliger de recourir, pour ne pas mourir de faim, aux aliments les plus dégoûtants et les plus inaccoutumés (2 Rois 6.25-29 ; 18.27 ; Lamentations 4.10 ; 1 Maccabées 6.53 ; 13.21). Les villes prises d’assaut étaient ordinairement rasées et toutes les maisons détruites, la charrue nivelait le sol, du sel y était semé, les habitants égorgés ou conduits en esclavage (Juges 1.25 ; 9.45 ; 1 Maccabées 5.50-51). On sévissait moins cruellement contre les villes qui se rendaient. La loi défendait aux Israélites de nuire aux arbres fruitiers dès villes qu’ils assiégeaient (Deutéronome 20.19) ; cependant, cf. 2 Rois 3.25.