Gentil animal qui est nommé plusieurs fois dans la Bible comme symbole de la grâce (Cantique 2.9-17 ; 4.5), quelquefois de la légèreté à la course (2 Samuel 2.19 ; 1 Chroniques 12.8), ou de la fuite rapide (Proverbes 6.5 ; Ésaïe 13.14). L’adjuration au nom de la gazelle ou du chevreuil est fréquente en Orient (Cantique 2.7 ; 3.5). La gazelle proprement dite (hébreu tsebi, que nos versions traduisent ordinairement par daim), est l’antilope dorcas de Linnée ; c’est la plus commune ; elle a un peu moins de 1 m de hauteur ; ses cornes ont près de 30 cm de long, elles portent des anneaux entiers à leur base, et ensuite des demi-anneaux jusqu’à une petite distance de leur extrémité, qui est lisse et pointue ; ces anneaux, dont on compte douze ou treize, marquent les années de l’accroissement, les cornes sont en outre sillonnées longitudinalement par de petites stries (Buffon) ; elles sont permanentes ; ces caractères appartiennent en propre aux gazelles : elles en ont d’autres en commun avec le chevreuil, et surtout avec la chèvre, dont la gazelle est une variété : le poil est brun clair, tirant sur le blanc vers le ventre, aux pieds et sur le haut des cuisses ; les oreilles, d’un gris cendré, sont longues de 18 cm ; les yeux, d’un noir brillant, sont grands et pleins de feu ; la queue, de 30 cm de long à peu près, est redressée ; les jambes sont fortes et solides, capables de faire des bonds de 2 à 3 m, et d’une vitesse incroyable. Cet animal se trouve en Syrie, en Mésopotamie et dans les autres provinces du Levant, aussi bien qu’en Barbarie et dans les parties septentrionales de l’Afrique ; il vit par troupeaux de centaines et de milliers. Les Orientaux et principalement les poètes, l’ont pris en grande affection, et ne manquent jamais de lui donner une place dans leurs vers, quand ils célèbrent les belles et l’amour. La chair de la gazelle est d’un goût agréable ; la loi de Moïse en avait autorisé l’usage comme viande pure (Deutéronome 12.15-22 ; 14.5 ; 1 Rois 4.23).
Le nombre des espèces de gazelles est fort considérable, Buffon en comptait déjà treize ; outre la tsebi, l’Écriture parle encore de plusieurs autres, qu’il n’est pas possible de déterminer ; le dischon (Deutéronome 14.5), que nos versions rendent par chevreuil (Septante et Vulgate, pygargue), le même probablement que le strepsicore et l’addace des anciens, et que le lidmée des Africains. Le nom de pygargue signifie cul-blanc, et l’animal indiqué serait remarquable par ce signe, comme aussi par des taches cendrées sur les côtes. D’après Buffon, ce serait l’algazel ou pasan, dit la gazelle d’Égypte, que les traducteurs des Septante étaient en effet bien à même de connaître ; elle est beaucoup plus grande que la précédente et a le col rouge.
Le tho ou theo (Deutéronome 14.5 ; Ésaïe 51.20), traduit par bœuf sauvage : quelques-uns l’entendent du buffalo ; mais Aben Ezra assure qu’aucune espèce de bœuf sauvage ne se trouve en Palestine. Il parait plus probable qu’il faut l’entendre, avec saint Jérôme, de l’oryx des Grecs, ou chèvre sauvage (le bekkar el wash du DrSchaw) ; l’oryx habite les solitudes de l’Afrique et les confins de l’Égypte, et l’on peut comprendre aisément qu’il se soit jeté quelquefois dans les déserts qui entourent Canaan ; d’ailleurs les Israélites auront pu apprendre à le connaître pendant leur séjour en Égypte.
Quant au zémer, v. Chameaupard ; pour aeko et yael, voir Chamois et Cerf.
Le yachmour (Deutéronome 14.5 ; 1 Rois 4.23), traduit par buffle, par bubalus, dans les Septante et la Vulgate, est peut-être l’antilope bubalis, animal au poil roux, du genre de la gazelle, qui se trouve en Syrie et sur les bords de l’Euphrate ; on ne peut du reste pas le déterminer ; quelques-uns pensent au daim, et s’appuient sur l’analogie de l’arabe, qui est assez concluante en effet : leur bois solide et plein tombe chaque année.