(Exode 8.2-14 ; Psaumes 78.45 ; 103.30 ; Apocalypse 16.13)
Quelques auteurs ont cru que l’hébreu tsephardeah, dans ces passages, devait être entendu du crocodile ; mais on est généralement d’accord maintenant à regarder la traduction de grenouille comme seule vraie et bien prouvée. Cet animal si peu redoutable devait devenir une plaie pour l’Égypte. Dieu eut pu envoyer des tigrés, des lions, ou seulement des chacals, pour punir le rebelle Pharaon ; mais en de si grandes calamités on eût sans doute oublié la cause première, pour ne penser qu’à ces bêtes féroces ; on eût organisé des parties de chasse pour les repousser ; les chefs du peuple auraient moins souffert que le peuple lui-même, et se seraient aventurés peut-être à chercher un divertissement dans le malheur public. Dieu envoya les grenouilles, race tout inoffensive, mais qui, par sa prodigieuse multiplication, devait être une plaie importune et dégoûtante. Il n’est pas nécessaire de penser à une création surnaturelle de grenouilles ; ces animaux, assez nombreux sur les bords du Nil, y déposent chaque année des milliards d’œufs, dont un grand nombre périt, et les autres viennent éclore dans les marais fangeux que le fleuve laisse chaque fois derrière lui après ses inondations périodiques ; il suffit donc de penser qu’en cette année aucun des embryons ne périt, et qu’ils servirent tous à endurcir le cœur de Pharaon et à préparer l’affranchissement des Israélites. Les magiciens imitèrent le miracle comme ils purent, et sur une toute petite échelle ; ils se fussent montrés plus habiles et plus puissants s’ils avaient détruit l’œuvre de Moïse et rendu la paix au pays ; ils ne le purent, et Pharaon, qui comprit la vanité de cette science mondaine, dut recourir à celui qui avait fait venir le mal sur le pays. La circonstance que les grenouilles purent pénétrer partout, dans les maisons, dans les chambres à coucher, dans les fours et dans les huches, s’explique par la construction même des maisons orientales (Bochart a consacré soixante-dix pages à la grenouille et aux différentes questions que soulève son histoire, et le rôle qu’elle jouait en Égypte. Hieroz. III, p. 563.)
Un auteur anglais, M. Bryant, a cru pouvoir conclure de ce qui est dit en Apocalypse 16.13, que la grenouille était anciennement le type hiéroglyphique des magiciens et des prêtres Égyptiens.