Ou Caeremonies, ou Cerimonie. Ce terme vient du latin cœrimonia, ou coeremonia, qui signifie les rits extérieurs et la manière, dont les ministres de la religion doivent s’acquitter de leurs fonctions sacrées. Le vrai culte de Dieu, le culte essentiel que la divinité demande de nous, est le sacrifice de notre esprit et de notre cœur. Les vrais adorateurs doivent adorer Dieu en esprit et en vérité (Jean 4.24). Mais cela n’empêche pas que le culte extérieur et les cérémonies ne fassent partie de la religion, et même partie essentielle et nécessaire, dès qu’on conçoit les hommes réunis dans une société sainte, et formant un corps d’Église et de religion de quelque nature qu’il soit. Sans cela leur religion ne serait qu’une cohue, et leur culte dégénérerait aisément en superstition, chacun ne suivant que sa fantaisie et son propre esprit : et par là l’union et le concert, qui doivent en être l’âme, en seraient bientôt bannis.
Dans la première alliance, Dieu donna d’abord les grands préceptes de sa loi, qui renferment les obligations essentielles de l’homme envers Dieu et envers le prochain. Il ne prescrivit les cérémonies qu’après coup. Il voulait, par cet amas de pratiques extérieures, réprimer le penchant que les Hébreux avaient à l’idolâtrie, et les accabler, pour ainsi dire, sous le joug des cérémonies (Actes 15.10), afin de leur faire désirer plus ardemment leur affranchissement et la venue du souverain Libérateur. Jésus-Christ dans la nouvelle alliance, ni les apôtres instruits par son Esprit, n’ont presque point ordonné de cérémonies. Ils ne les ont regardées que comme des accessoires à la religion chrétienne. Ils n’ignoraient pas que cette religion, toute sainte et spirituelle qu’elle fût, ne pouvait entièrement s’en passer ; mais ils jugèrent qu’on ne devait les employer que comme des moyens pour entretenir le culte intérieur, et par condescendance pour les plus faibles.
Le terme cérémonie se trouve souvent dans la Vulgate de l’Ancien Testament ; mais saint Jérôme, qui est l’auteur de cette traduction, n’a pas toujours employé le même nom pour exprimer le terme hébreu, qu’il rend quelquefois par ceremonia (Genèse 26.5). Il rend le mot par ceremonia (Exode 38.21, Lévitique 5.15) ; et on peut dire même que les Hébreux n’en ont aucun qui signifie précisément la même chose que le latin ceremonia. Moïse se sert de terme qui signifie le culte, le service, les ordonnances, les statuts, les préceptes, et tout cela se rend quelquefois par ceremonia.
C’est une grande question de savoir si les cérémonies des Juifs sont imitées de celles des Égyptiens, ou si celles des Égyptiens au contraire sont imitées de celles des Juifs. La conformité que l’on a remarquée de tout temps entre les lois, les pratiques et les cérémonies de ces deux peuples, a partagé la plupart des savants. Dès le temps des premiers empereurs romains, on confondait d’ordinaire les superstitions juives et égyptiennes, et elles étaient également odieuses aux étrangers. Le chevalier Marsham et Jean Spencer, Anglais, ont prétendu montrer que Moïse avait en beaucoup de choses imité les Égyptiens. Leur sentiment a été suivi par plusieurs savants.
On peut remarquer d’abord qu’en effet il y a beaucoup de ressemblance entre certaines cérémonies qui sont communes à ces deux peuples ; mais aussi qu’en d’autres choses, il y a une très-grande différence, qui paraît même étudiée et affectée. De plus, il paraît un très-grand éloignement réciproque entre ces deux peuples, et cependant un très-grand penchant de la part des Israélites à, imiter le culte et les superstitions des Égyptiens ; et à proportion de la part des Égyptiens, une forte passion d’introduire dans leur religion les cérémonies des peuples, leurs voisins. Ces inclinations si opposées ont dû produire nécessairement d’une part plusieurs lois et plusieurs cérémonies entièrement opposées entre les deux peuples, et d’une autre-part plusieurs autres toutes semblables.
Quand après cela on vient à l’examen des lois et des cérémonies particulières des deux peuples, on distingue certaines cérémonies particulières dans lesquelles Moïse a voulu par condescendance au goût, à l’inclination, à l’habitude, aux préjugés et même à la dureté du cœur des Hébreux, permettre ou défendre certaines pratiques qui étaient permises ou défendues parmi les Égyptiens ; par exemple, il a pu se Conformer à eux sur les, habits et les ornements des prêtres, sur le choix de certaines victimes, sur leur poil, leur sexe, leur âge et la manière de les offrir ; il a pu prendre quelque chose de la forme de leurs temples et de leurs autels. De la même manière pour les lois judicielles, il y en a plusieurs parmi les Hébreux qui, paraissent copiées sur celles des Égyptiens. La raison en est aisée à comprendre : les Israélites demeurèrent longtemps en Égypte ; ils commencèrent à former un peuple dans ce pays ; ils furent obligés de suivre les lois de ce peuple. Moïse, comme un législateur prudent et discret, sut conserver plusieurs, choses utiles ou même indifférentes, auxquelles le peuple était habitué, se contentant de supprimer ou de condamner les usages et les lois pernicieuses et contraires à la justice, à la pudeur, à la religion.
De là tant de règlements et de cérémonies dont nous avons peine à reconnaître les causes et les motifs, et tant d’autres qui nous paraissent frivoles et de nulle importance. Elles sont très-sagement établies et très-sérieuses dans leur fin, qui est d’éloigner les Hébreux des sentiments, des usages, des superstitions des Égyptiens, et de mettre entre ces deux peuples une distance aussi grande qu’il était nécessaire pour garantir les Juifs de l’idolâtrie, et pour les guérir du penchant qu’ils avaient à imiter le culte et les abominations des Égyptiens. Nous n’entrons point ici-dans le détail des cérémonies particulières, des lois et des sacrifices des ébreux, cela mènerait à l’infini on en produira quelques exemples dans le cours de cet ouvrage.