De la ville d’Arach, et ami de David. Ayant appris la révolte d’Absalon (2 Samuel 15.22), et que David était obligé de se retirer de Jérusalem et de prendre la fuite, il vint joindre Son roi et son ami, sur la hauteur qui est hors de la ville, ayant la tête couverte de poussière et les habits déchirés. David l’ayant aperçu, lui dit : Si vous venez avec moi, vous me serez à charge. Mais vous pouvez me rendre un service important, en retournant à la ville, et en feignant de vous attacher à Absalom, pour dissiper le conseil d’Achitophel ; et vous aurez soin de m’informer de tout ce qui se passera, par le moyen des grands-prêtres Abiathar et Sadoc, à qui vous donnerez avis de tout.
Chusaï s’en retourna donc à Jésusalem ; et comme il entrait dans la ville, Absalom y entrait aussi. Il alla trouver Absalom et lui dit (2 Samuel 16.17-18) : Je vous salue, Sire ; Sire, je vous salue. Absalom lui répondit : Est-ce ainsi que vous en usez envers votre ami ? Pourquoi n’êtes-vous pas allé avec David ? Chusaï lui dit : Je serai à celui que le Seigneur a choisi, et je demeurerai avec le roi que tout ce peuple et tout Israël reconnaît. Comme j’ai obéi à votre père, je vous obéirai de même. Après cela, Achitophel dit à Absalom (2 Samuel 17.1-3) : Je vais prendre dix mille hommes, et je poursuivrai David cette nuit ; je tomberai sur lui, et je l’accablerai, pendant qu’il est accablé de fatigue. Cet avis parut bon à Absalom et à tous les siens.
Mais Absalom voulut encore savoir l’avis de Chusaï d’Arach ; et l’ayant fait venir, il lui proposa ce qu’Achitophel avait dit. Chusaï répondit : Le conseil qu’Achitophel a donné n’est pas bon pour cette fois : vous savez que votre père, et tous ceux qui l’accompagnent, sont tous gens très-vaillants, et outrés de douleur. David est grand capitaine, et il n’aura garde de s’arrêter dans la campagne. Il est peut-être à présent caché dans quelque caverne. Si vous l’attaquez, et que vous receviez quelque échec, on dira aussitôt que le parti d’Absalom a été battu ; et les plus courageux de ceux qui sont attachés à vous, tomberont dans le découragement. Mais voici ce qui me paraît de plus avantageux. Faites assembler tout Israël, depuis Dan jusqu’à Béersabée ; après cela vous irez tomber sur votre père, et vous ruinerez son parti, sans qu’il lui reste un seul homme. Que s’il s’est enfermé dans quelque ville, tout Israël l’y assiègera, et tirera avec des cordes toutes les pierres de ses murailles dans le torrent, sans qu’il en reste une seule pierre.
Cet avis du Chusaï fut approuvé d’Absalom et de tous les Anciens du peuple ; et Dieu permit que le conseil d’Achitophel fût ainsi renversé, pour le malheur d’Absalom. Chusaï fit aussitôt savoir aux grands-prêtres Sadoc et Abiathar ce qui s’était passé ; et la nouvelle en fut promptement portée à David, qui fit au plus vite passer le Jourdain à tout son monde ; de peur qu’Absalom, changeant de résolution, ne vînt fondre sur lui avec ses troupes. Achitophel voyant que son conseil n’avait pas été suivi, et prévoyant la perte d’Absalom, s’en retourna dans sa maison et se pendit de désespoir. Nous ne savons pas quelle fut la fin de Chusaï.