cilicium, sorte d’habits d’étoffe grossière et de couleur noire, ou sombre, qui était autrefois en usage parmi les Hébreux dans le deuil et dans la disgrace. On leur donnait le nom de cilice, parce qu’ils venaient de Cilicie, ou plutôt parce que les Cilicieus avaient inventé cette sorte d’habits faits de poil de chèvre, et usités principalement dans les camps et dans les vaisseaux pour les soldats et les matelots. Les Septante et l’Hébreu appellent des sacs ce que saint Jérôme rend par soit à cause que ces étoffes servaient à faire des sacs, ou parce que les cilices étaient serrés et étroits comme un sac. Saint Jean, dans l’Apocalypse (Apocalypse 6.12) fait voir que ces sacs ou cilices étaient noirs, lorsqu’il dit que le soleil devint noir comme un sac de Cilicie : Sol factus est niger tanquam saccus cilicinus.
Il est dit dans l’Écriture (Genèse 37.14) que Jacob se revêtit d’un cilice, lorsqu’on lui eut dit que son fils Joseph était mort. Respha, concubine de Saül (2 Samuel 21.10), se coucha sur un cilice, en gardant ses fils que les Gabaonites avaient mis en croix. Achab se revêtit d’un cilice, ayant ouï les menaces que le prophète Élie lui faisait de la part du Seigneur (1 Rois 21.27). Le même prince portait un cilice sur sa chair, pendant que les Syriens assiègeaient Samarie et ayant appris qu’une femme avait mangé son propre enfant, déchira ses habits royaux, et tout le peuple vit le cilice qu’il portait sur sa chair. Ainsi ces cilices étaient assez différents de ce que nous appelons aujourd’hui de ce nom. Les anciens moines allaient assez souvent vêtus de cilices, mais de ces cilices antiques, c’est-à-dire d’habits grossiers, rudes et d’une couleur obscure, tel que peut être l’habit des capucins. Saint Paulin en parlant de saint Martin :
Quin et contexto setis coopertus amictu
Exesa assiduo compunsit acumine membra.