S’il y a, dans l’histoire des Hébreux, des exemples de sévérité excessive contre quelques peuples ennemis en temps de guerre (nous ne parlons pas des chananéens qui devaient être détruits), on y trouve aussi des exemples d’humanité et de clémence. Malgré l’ordre que les Hébreux avaient reçu d’anéantir les peuplades chananéennes, ils usèrent quelquefois de clémence envers elles, et l’Écriture leur en fait souvent le reproche. Achab, roi d’Israël, ayant remporté une victoire toute miraculeuse sur Benadad, roi de Syrie, eut la faiblesse de se laisser aller aux prières de ce prince, de lui donner la vie et de faire un traité avec lui (1 Rois 20.27). Dieu l’en reprit sévèrement par son prophète, et lui fit dire : Puisque vous avez laissé aller un homme digne de mort, votre vie répondra pour la sienne, et la vie de votre peuple pour celle de son peuple. Quelques troupes de Syriens ayant été envoyées pour prendre Élisée, le prophète pria le Seigneur de répandre l’obscurité dans leurs yeux, et il les mena ainsi jusque dans Samarie, sans qu’ils le reconnussent (2 Rois 18). Alors le roi d’Israël demanda à Élisée :
Mon père, les ferai-je mourir. Gardez-vous-en bien, dit le prophète ; car vous ne les avez point pris avec votre épée ni avec votre arc ; mais donnez-leur à manger et à boire, et renvoyez-les à leur maître. Les Israélites des dix tribus remportèrent un jour de très-grands avantages sur Achaz, roi de Juda ; ils prirent jusqu’à deux cent mille personnes, tant femmes qu’enfants, de leur pays (2 Chroniques 28.8) ; comme ils menaient toute cette multitude à Samarie, pour la réduire en esclavage, un prophète, nommé Obed, vint au-devant d’eux, les menaça de la colère de Dieu, et les obligea de renvoyer tous leurs captifs et de relâcher leur butin. On leur donna des habits et des chaussures ; on leur présenta à boire et à manger ; on mit sur des montures ceux et celles qui ne pouvaient marcher, et on les reconduisit jusque dans les États de Juda.