Dans toutes les langues ce, terme a une emphase particulière. Les Hébreux regardaient le cœur comme la source de l’esprit, de l’intelligence, de l’amour, du courage, de la douleur, du plaisir. De là viennent une infinité de manières de parler : Trouver son cœur, posséder son cœur, incliner son cœur, porter son cœur vers le Seigneur. Un bon cœur, un mauvais cœur, un cœur libéral, un cœur qui fait plaisir librement, volontairement, de grand cœur, etc. Endurcir son cœur, élever son cœur à Dieu ; le prier de changer nos cœurs de pierre en des cœurs de chair. Aimer de tout son cœur ; n’avoir qu’un cœur et qu’une âme avec quelqu’un : Convertir les cœurs des enfants vers les pères, et les cœurs des pères vers les enfants (a), faire qu’ils soient parfaitement réconciliés, et qu’ils soient dans les mêmes sentiments.
Manquer de cœur, marque quelquefois manquer d’intelligence et de prudence (Osée 7.11). Columba seductanon habens cor : une colombe sans finesse et sans esprit. Ô insensés et tardifs de cœur ! O stulti et tardi corde (Luc 24.25) ! insensés, hommes sans lumière et sans intelligence. Le cœur de ce peuple est appesanti, afin qu’ils n’aient point d’intelligence dans le cœur (Matthieu 13.15). Vous parlez à tous ceux qui ont le cœur sage, et que j’ai rempli d’intelligence : Cunctis sapientibus corde (Exode 28.3). Les faux prophètes parlent de leur cœur : Dices prophetantibus de corde suo (Ézéchiel 13.2), qui donnent leurs imaginations pour de vraies prophéties. Mettre quel que chose sur son cœur, ou mettre son cœur sur quelque chose, c’est-à-dire, s’en souvenir, s’y appliquer, l’avoir à cœur. Le juste périt, et nul ne met cela sur son cœur (Jérémie 12.11), nul n’y fait attention. Revenir à son cœur, Redire ad cor, rentrer dans soi-même.
Tendre de cœur, c’est-à-dire, timide. Le cœur se dilate dans la joie, se resserre dans la tristesse, se brise de douleur, s’engraisse et s’endurcit dans la prospérité : il résiste quelquefois à la vérité ; Dieu l’ouvre, le prépare et le convertit quand il veut : On dit, dérober le cœur de quelqu’un (Genèse 31.20 ; 2 Samuel 15.4), faire quelque chose à son insu. Le cœur se fond, dans le découragement. Le cœur s’abandonne, dans la frayeur : le cœur est désolé, dans l’étonnement ; le cœur est flottant, dans le doute. Posséder son cœur, être le maître de ses mouvements. Parler au cœur d’une personne, la consoler, lui dire des, choses touchantes et flatteuses.
Le cœur se dit aussi du milieu ; par exemple, Tyr est dans le cœur de la mer (Ézéchiel 27.4), au milieu de la mer. Je ne craindrais point quand les montagnes seraient renversées dans le cœur de la mer (Psaumes 45.3). Comme Jonas a été trois jours dans la mer, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours dans le cœur de la terre (Matthieu 12.40). Et Moïse parlant aux Israélites, leur dit (Deutéronome 4.11) : Vous avez vu le feu qui brûlait jusqu’au cœur du ciel, qui s’élevait jusqu’aux nues.
Il faut briser son cœur, et non pas déchirer ses habits (Joël 2.13). C’est par le cœur qu’on croit pour obtenir la justice (Romains 10.10) : Corde creditur ad justitiam. Dieu promet de donner à son peuple un cœur intelligent et craignant Dieu (Deutéronome 29.4). Il faut soutenir son cœur par la grace, et non par la nourriture corporelle (Hébreux 13.9) [Ce qui sort de la bouche part du cœur… C’est du cœur que viennent les pensées mauvaises… (Matthieu 15.18, 19). Où est votre trésor, là aussi est votre cœur (Matthieu 6.21). « Du cœur, c’est-à-dire de la partie la plus intime de l’âme procèdent les désirs : dans le cœur résident les affections ; dans le cœur résident les passions. Le cœur est en quelque sorte l’ovaire universel dans lequel toutes nos passions reposent à l’état de germe, en attendant leur fécondation par les circonstances extérieures. » Steinmetz, Physiologie chrétienne, 5e leçon].