Il est souvent parlé de couronnes dans l’Écriture, et il paraît que l’usage en était fort commun parmi les Hébreux. Le grand-prêtre portait une couronne qui ceignait sa mitre ou son bonnet par le bas et qui se nouait par derrière la tête. Au devant était une lame d’or, sur laquelle étaient écrits ces mots : La sainteté est au Seigneur (Exode 25.11 ;28.36-37 ; Ecclésiaste 45.14 ; Sagesse 18.24). Il semble que les simples prêtres et même les simples Israélites portaient aussi une espèce de couronne, puisque Dieu ordonne à Ézéchiel (Ézéchiel é4.17-24) de ne pas ôter sa couronné et de ne pas prendre les marques d’un homme qui est dans le deuil ; ce qui marquait que les Israélites, dans leur captivité, en useraient de même et ne pourraient pas témoigner leur douleur de la mort de leurs proches. Cette couronne était un simple ruban ou un bandeau, nommé en hébreu péer, dont les Juifs se ceignaient la tête ; coutume qui leur était commune avec plusieurs autres peuples d’Orient, qui n’avaient rien autre chose sur la tête que ce bandeau ou ruban, lequel ne différait du diadème des princes que par la couleur et par le prix. Lorsque Moïse ordonne aux Israélites (Deutéronome 6.8) de porter les paroles de la loi comme une couronne sur leur tête et comme un bracelet sur leur main, il insinue que l’usage des couronnes et des bracelets était commun parmi eux.
Les nouveaux mariés et les nouvelles mariées portaient des couronnes, mais plus précieuses et plus belles que l’ordinaire (Isaïe 61.10 Cantique 3.11). On se couronnait de fleurs dans la prospérité, dans les festins, dans la joie (Sagesse 2.8 2 Machabées 6.7 Isaïe 28.5).
On confond souvent la couronne, le diadème, la mitre, le bandeau royal, la tiare. La couronne se donnait aux dieux, aux rois et aux princes, comme la principale marque de leur dignité. David prit la couronne du dieu Moloch ou Melchom (1 Chroniques 20.2 2 Samuel 12.30), qui était d’or et enrichie de pierreries, et la mit sur sa tête ; ou plutôt il la suspendit sur sa tête, car elle pesait un talent, c’est-à -dire cent soixante-treize marcs, six onces, trois gros, un demi-gros, vingt-deux grains et deux septièmes l’Amalécite qui se vantait d’avoir tué Saül (2 Samuel 1.10), apporta à David le diadème ou bandeau royal de ce prince l’Épouse du Cantique invite ses compagnes à voir le roi Salomon avec le diadème dont sa mère lui avait fait présent au jour de ses noces (Cantique 3.11). C’était une bande de toile précieuse et ornée de broderie travaillée apparemment par la reine Bethsabée. On mit le diadème sur la tête du jeune roi Josias, lorsqu’on le présenta au peuple pour le reconnaître (2 Chroniques 23.11). Les idoles des Babyloniens portaient des couronnes d’or, dit Baruch (Baruch 6.9). Les reines portaient aussi le diadème parmi les Perses. Le roi Assuérus avait honoré de cette marque de puissance la reine Vasthi, son épouse, et après qu’il l’eut répudiée, il accorda la même faveur à Esther (Esther 2.17). Dieu dit qu’il a mis une couronne d’or sur la tête de la nation juive, qu’il représente comme son épouse (Ézéchiel 16.12). On envoyait des couronnes d’or aux vainqueurs, aux rois et aux conquérants (1 Machabées 10.20-29 ; 13.33 ; 2 Machabées 14.4).
Les rois prenaient quelquefois plusieurs diadèmes, lorsqu’ils avaient plusieurs royaumes. Par exemple, le roi Ptolémée ayant conquis la Syrie, fit son entrée à Antioche et mit sur sa tête deux diadèmes : celui d’Égypte et celui d’Asie (1 Machabées 11.13). Dans l’Apocalypse, le dragon à sept têtes avait sept diadèmes, un à chaque tête (Apocalypse 12.3) ; et dans le même livre, la bête qui sortait de la mer, ayant dix cornes, avait aussi dix diadèmes (Apocalypse 13.1). Enfin le Verbe éternel, le Vrai et le Fidèle avait sur la tête plusieurs diadèmes (Apocalypse 19.12).
Les époux et les épouses portaient des couronnes le jour de leurs noces nous l’avons déjà remarqué de Salomon. Isaïe (Isaïe 61.10) le prouve encore : Quasi sponsum decoratum corona ; et Ézéchiel (Ézéchiel 23.42) : Coronas speciosas in capitibus eorum. Le même prophète insinue la même chose pour l’épouse (Ézéchiel 16.12) : Dedi coronam decoris in capite tuo.
Les personnes élevées en dignité portaient le même ornement : Aman dit au roi Assuérus que celui que le roi veut combler d’honveur doit être revêtu d’habits royaux et porter un diadème sur la tête (Esther 6.8) ; ces honneurs furent en effet donnés à Mardochée : il paraissait en public avec une couronne d’or (Esther 8.15).
Enfin dans la joie, dans les festins, dans les réjouissances, on portait des couronnes ou des diadèmes ; mais il y avait toujours de la différence entre la couronne des rois et des grands et celles des particuliers, soit dans la forme ou dans la matière. Le diadème des rois était d’ordinaire un bandeau blanc dont ils se ceignaient le front et dont les extrémités, nouées derrière la tête, retombaient sur le cou : quelquefois ils étaient d’un tissu d’or orné de pierreries. Celui du grand-prêtre des Juifs, qui est le plus ancien dont on ait la description, était une bande d’or posée sur le front et nouée par derrière avec un ruban de couleur d’hyacinthe ou de bleu céleste ; ce diadème ou cette couronne ne se mettait qu’après que le grand-prêtre avait pris son bonnet.
Dans le sens figuré, signifie l’honneur, la joie : La couronne des vieillards est la grande prudence (Ecclésiaste 25.8). Vous êtes ma joie et ma couronne, dit saint Paul aux Philippiens (Philippiens 4.1). Ce mot se met aussi pour la récompense, parce qu’on couronnait les vainqueurs dans les jeux publics.
Les soldats de la garde de Pilate pour insulter à Jésus-Christ, qui se disait roi des Juifs, lui mirent sur la tête une couronne d’épines (Matthieu 28.29). On ne sait pas de quelle sorte d’épines elle était composée : Les uns croient que c’était de l’aubépine, d’autres de nerprun, d’autres d’épine vinette, d’autres de groseiller et d’autres de jonc marin ou de l’acacie. Voyez épine. [l’opinion qui me semble la plus vraie et la plus conforme aux diverses reliques de la sainte couronne est celle qui la suppose composée de nerprun et autres branches épineuses, liées ensemble par du jonc marin. Cette opinion est celle de M. Gusselin, Notice sur la sainte couronne. Paris, 1828. Suivant la tradition latine à Jérusalem, la couronne de Jésus-Christ fut prise sur l’arbre épineux, lycium spinosum.