Le dernier des cinq Livres de Moïse. Les Grecs lui ont donné le nom de Deutéronome, comme qui dirait la seconde loi ou répétition de la loi ; parce qu’en effet Moïse y fait une espèce de récapitulation de ce qu’il avait fait et établi dans les livres précédents. Les Hébreux lui donnent le nom de Ellé-haddebarim, qui sont les premiers mots de cet ouvrage dans le texte hébreu. Quelques rabbins lui donnent le nom de Misne, c’est-à-dire, seconde Loi ; d’autres, celui de Livre des répréhensions, à cause des reproches que Moïse y fait aux Israélites dans les chapitres 1, 28, 30, 32. Ce livre contient l’histoire de ce qui s’est passé dans le désert, depuis le commencement de l’onzième mois, jusqu’au septième jour du douzième mois de la quarantième année depuis la sortie d’Égypte ; c’est-à-dire, l’histoire d’environ six semaines.
Quelques-uns ont douté que ce livre fût de Moïse, parce qu’il y est parlé de la mort de ce législateur, et que l’auteur parle du pays de delà le Jourdain, comme aurait fait un homme qui aurait écrit au deçà, et au couchant de ce fleuve. Mais à l’égard de la première raison, nous convenons que le récit de la mort de Moïse a été ajouté à ce livre ; et pour la seconde raison, nous croyons que le terme hébreu heber, que l’on a traduit par trans Jordanem, au delà du Jourdain, peut aussi signifier au deçà.
Dans le Deutéronome, Moïse harangue d’abord le peuple, et lui rappelle à la mémoire ce qui s’était passé depuis leur sortie d’Égypte jusqu’à leur arrivée dans les plaines de Moab. Il leur parle une seconde fois dans le chapitre 5 et dans les suivants, et leur expose les lois de Dieu, qu’il avait reçues à Sinaï, y en ajoute de nouvelles, et explique les anciennes. Il continue, dans les chapitres 28, 29 et 30 à exhorter le peuple à l’observance fidèle des lois de Dieu. Il leur déclare ensuite que Josué est destiné de Dieu pour lui succéder dans le gouvernement de la multitude. Il écrivit ce qu’il venait de leur dire (Deutéronome 31.9-14), mit cet écrit entre les mains des lévites et des anciens de la nation, et leur recommanda d’en faire la lecture tous les sept ans dans l’assemblée générale, à la fête des Tabernacles.
Peu de jours après, il récita en présence du peuple un excellent cantique où il prédit leurs infidélités futures. Il leur ordonna d’en faire des copies, et d’en conserver la mémoire, pour s’exciter à demeurer constamment fidèles au Seigneur. Enfin, le même jour, Dieu lui ayant ordonné de monter sur le mont de Nébo, afin qu’il y mourût, il assembla tout le peuple, et, comme un bon père, il donna à toutes les tribus sa bénédiction, et leur prédit séparément ce qui leur devait arriver. Après quoi, il monta sur la montagne ; et y mourut. Voilà le précis de ce qui est raconté dans le Deutéronome.
Le Deutéronome est comme le testament de Moïse. On ne saurait exprimer, dit M. de Cazalès, tout ce qu’il y a de magnificence dans les promesses, d’énergie terrible dans les menaces, de tendresse éloquente dans les exhortations. Quoi de plus sublime que ce long morceau prophétique (c. 28), où la bénédiction ou la malédiction sont mises devant les yeux d’Israël pour qu’il choisisse ; quoi de plus touchant que cette espèce de péroraison qui commence par ces mots : Les préceptes qui te sont donnés ne sont pas au-dessus de toi, ni loin de toi,… mais tout à côté, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu puisses les accomplir (30). Puis la voix du prophète, avant de se taire pour jamais, devient plus sublime, plus retentissante encore, et fait entendre l’admirable cantique : Cieux, écoutez ma voix : que la terre prête l’oreille aux paroles de ma bouche. C’est le chant du cygne de cet homme divin, l’un des plus nobles instruments dont Dieu se soit jamais servi, le plus doux et le plus fort des hommes, et dont l’histoire se termine dignement par ce peu de mots que son successeur a ajoutés : Et il ne s’éleva plus dans Israël de prophète comme Moïse, que Jéhovah connût face à face. Voyez Pentateuque.