Josèphe parle d’une fontaine de Daphné qui augmente les eaux du Jourdain. Saint Jérôme et le Chaldéen lisent aussi : la fontaine de Daphné (Nombres 34.11), où l’Hébreu porte simplement, la fontaine, de cette sorte [la Vulgate] : Depuis le village d’Hénan, jusqu’à Séphama. De Sephama, ils descendirent à Rébla, vis-à-vis la fontaine de Daphnis ; l’Hébreu, vis-à-vis [ou plutôt à l’orient d’Ain, c’est-à-dire de] la fontaine. [Les Septante ont : depuis l’Orient jusqu’aux fontaines].
Il y a assez d’apparence que saint Jérôme et les interprètes Chaldéens avaient en vue la fontaine de Daphné, près d’Antioche. Mais ils pouvaient aussi regarder la fontaine de Daphné, voisine du lac Séméchon, de laquelle Josèphe fait mention. Il faut pourtant convenir que le texte de Josèphe enferme quelque difficulté. Il dit que le lac Séméchon a trente stades de large, et soixante de long ; et que ses marais s’étendent jusqu’aux campagnes de Daphné, qui sont si délicieuses, surtout par leurs belles eaux, qui grossissent le petit Jourdain, et qui le conduisent dans le grand Jourdain, au-dessus du temple du veau d’or ; On sait que le temple du veau d’or était à Dan. Ainsi il y a assez d’apparence qu’au lieu des campagnes ce Daphné, il faut lire, les campagnes de Dan.
Bois ou faubourg près d’Antioche, capitale de Syrie. Ce faubourg n’était pas adhérent à la ville, mais il en était distant d’environ quarante stades, ou une lieue et demie. Il était célèbre par ses belles eaux, par ses bois, et par son temple, qui était un asile sacré pour tous ceux qui s’y retiraient. Le grand-prêtre Onias III craignant les entreprises de l’usurpateur Ménélaüs, s’était retiré par précaution dans l’asile de Daphné. Mais Ménélaüs ayant gagné Andronique, qui commandait à Antioche, en l’absence du roi Antiochus Épiphane, Onias fut tiré frauduleusement de l’asile, et massacré par l’ordre d’Andronique.
Sozomène, Théodoret et saint Jean Chrysostome disent que l’oracle de Daphné se tut sous l’empereur Julien, que Gallus son frère, qui était chrétien, ayant résolu de purger ce lieu de la superstition qui y régnait, fit transporter d’Antioche à Daphné le corps de saint Babylas, qui avait été évêque de cette ville, et qui y avait souffert le martyre, cent ans auparavant, sous l’empereur Decius ; et que, depuis la présence de ce saint, comme il s’y était bien attendu, le démon avait entièrement cessé d’y rendre ses oracles. Mais Julien, voulant faire la guerre aux Perses quelque temps après, vint à Daphné pour consulter l’oracle sur cette guerre : après lui avoir sacrifié un grand nombre de victimes, l’oracle ne répondit autre chose, sinon que la présence de Babylas lui fermait la bouche ; l’empereur fort en colère ordonna aux chrétiens de transporter dans un autre lieu le corps du saint évêque ; mais la nuit suivante la foudre tomba sur le temple d’Apollon, réduisit en cendres l’autel et la statue du faux dieu, et ruina presque tout l’édifice. L’empereur Zénon fit depuis bâtir à Daphné les églises de Saint-Michel et de Sainte-Euphémie [Il faut vous indiquer l’emplacement de la cité de Daphné, fameuse par son temple d’Apollon et son oracle, par ses voluptueux jardins et ses belles eaux : Daphné se trouvait à deux heures à l’ouest d’Antioche, du côté de la rive gauche de l’Oronte, sur le chemin de Lattaquié (Laodicée). Des mûriers, des vignes et des touffes de myrte couvrent le penchant d’une colline et une portion de terrain plat fermé de murs ; ce sont là les jardins de Daphné, appelés en arabe Doueir ; d’abondantes sources sortent de terre et s’épanchent en flots limpides ; après une rapide et bruyante course, l’eau de Daphné tombe en deux grandes cascades vers l’Oronte ; l’endroit ou naissent les fontaines se nomme Beit-El-Moié (maison de l’eau). Quelques moulins à farine de construction grossière, quatre ou cinq cabanes de terre ou de boue, tels sont les monuments que le temps et les Turcs ont mis à la place du temple d’Apollon, du sanctuaire de Babylas. À côté de la plus profonde fontaine de Beit-El-Moié, on remarque des débris massifs appartenant à un édifice des âges reculés ; je pourrais peut-être prouver que ces restes sont ceux du temple d’Apollon.