Fils d’Ésaü et d’Ada, fille d’Eton. Il eut cinq fils : Theman, Omar, Sépho, Gathan et Cénez [D. Calmet omet un des fils d’Éliphaz, c’est-à-dire, Amalec, qu’on a rendu le plus célèbre de tous en le prenant pour le fondateur du peuple amalécite, dont il est souvent parlé dans l’Écriture, mais qui existait longtemps auparavant, comme nous l’avons déjà prouvé, d’après l’historien sacré, au mot Amalec (voyez ce mot). Pour compléter notre travail, nous allons nous livrer à une nouvelle étude, examiner le récit biblique touchant la famille et les descendants d’Ésaü par Éliphaz].
Voici, dit l’historien (Genèse 36.9) et suivants, toute la postérité d’Ésaü, père d’Édom (ou du peuple iduméen qui habite aujourd’hui) sur la montagne de Séir. Voici les noms de ses fils : Éliphaz… dont les fils furent : Theman, Omar, Sepho, Gatham et Cenez. Éliphaz… avait une concubine… qui lui donna encore Amalec… Voici les tribus ou grandes familles des descendants d’Ésaü :… la tribu Theman, etc., et la tribu Amalec. Ce sont là les tribus d’Éliphaz, dans le pays d’Édom ou d’Idumée.
Ces tribus, bien que chacune soit distinguée ici par le nom de son chef, ne forment néanmoins qu’un seul peuple, dont Ésaü est le père : Ésaü, père d’Édom, dit le texte. Dans la suite elles ne sont plus distinguées, quoique souvent il soit parlé des Iduméens. Elles sont au nombre de quatorze (versets 15-18), et je ne vois pas pourquoi celle dont Amalec était le chef serait devenue un peuple à part. Rien ne nous indique qu’Am : dee ait quitté la montagne de Séir pour aller demeurer près de la mer Rouge. Nous voyons au contraire que, quand Moïse rédigeait la Genèse, là tribu d’Amaleè, comme les autres, habitait l’Idumée. Voici, dit-il, toute la postérité à Ésaü, père d’Édom ou des Iduméens sur la montagne de Séir ; il est loin comme on voit, d’en excepter la famille d’Amalec. Moïse, aux versets 40-43, donne une liste de chefs iduméens, descendants d’Ésaü ; ils sont au nombre de onze, et comme il ajoute : Ce sont là les chefs des tribus d’Édom, établies et fixées dans ce pays, on pourrait supposer que les trois autres qui ne sont pas nommées allèrent s’établir et se fixer ailleurs, et que parmi elles était sans doute celle d’Amalec. Cette supposition ne serait pas fondée, quand même on la renforcerait en disant que ces onze tribus ne sont mentionnées ici que pour faire connaître celles qui s’éloignèrent de l’Idumée. On doit la repousser, 1° parce qu’il en faudrait conclure que Moïse aurait fait une répétition parfaitement inutile dans un récit déjà trop court ; 2° parce que les noms cités aux versets 40-43 ne sont pas les mêmes que ceux des versets 15-18 ; et 3° parce que l’historien, dans la liste des tribus sorties d’Éliphaz, qu’il commence par celle de Théman et qu’il finit par celle d’Amalec, dit formellement, sans exception aucune, qu’elles sont dans le pays d’Édom (verset 16).
Mais alors que signifie le document renfermé dans les versets 40-43 ? Essayons de le découvrir, puisque l’occasion s’en présente et que nous y sommes naturellement amenés. Certains critiques n’ont vu que des fragments disparates dans ce chapitre. Analysons-le, étudions-le, Il nous offre d’abord, versets 1-5, un premier document, c’est la liste des femmes qu’Ésaü épousa dans le pays de Chanaan et des enfants qui lui en naquirent dans ce même pays ; et puis, versets 6.8, un second document qui nous apprend qu’Ésaü, quittant le pays de Chanaan, vint s’établir dans celui de Séir, occupé par les Horréens ; et puis, versets 9-10, un troisième document, dans lequel nous voyons Ésaü présenté comme le père, le premier fondateur du peuple iduméen, quels furent les fils de ses fils et les tribus qu’ils fondérent ; et puis, versets 20-30, un quatrième document, qui est la liste des fils de Séir ou des tribus horréennes dont ils étaient les chefs politiques. Dans les trois premiers documents, qui se suivent chronologiquement, l’historien s’occupe d’Ésaü et du pays de Séir, où il est venu se fixer ; dans le quatrième il remonte jusqu’à Séir, Ilorréen, qui, le premier, donna son nom à ce pays, et nomme ses fils, les tribus qui en naquirent et les chefs qui les gouvernèrent. Mais on ne saurait dire quel espace de temps embrasse ce document ; l’historien le conduit-il jusqu’à l’époque où Ésaü vint s’établir dans le pays de Séir ? On l’a cru généralement ; mais cette opinion qui rend Séir contemporain d’Ésaü est réfutée par Moïse lui-même, qui présente (14.6) les descendants de Séir comme formant au temps d’Abraham une peuplade déjà nombreuse, environ cent soixante et dix ans avant l’établissement d’Ésaü dans le pays de Séir.
Vient ensuite, versets 31-39, un cinquième document, liste de huit rois qui se succèdent sans interruptioin dans un espace de temps dont on ne peut reconnaître les limites, quoiqu’il soit dit qu’ils régnèrent dans le pays d’Édom avant que les enfants d’Israël n’eussent un roi. Il semble que ce texte a subi une altération passée plus tard dans les Paralipomènes, 1,43. Quels sont ces huit rois ? Sont-ils de la race d’Ésaü ou de celle de Séir ? L’opinion commune est qu’ils sont de la race d’Ésaü, et qu’ils régnèrent dans le pays d’Édom après qu’Et Iona ou Ésaü se fut emparé du pays de Séir. Le texte paraît favoriser cette opinion, parce qu’il dit dans le pays d’Édom ; mais elle est détruite par le verset 40, où l’historien, immédiatement après avoir nommé ces huit rois, commence un sixième document en annonçant les noms des chefs politiques des tribus sorties d’Ésaü.
Reprenons. Dans le quatrième document, l’historien parle de Séir, de ses fils, de ses petits-fils ou des tribus qui formaient divers gouvernements indépendants les uns des autres. Un changement s’opère dans la politique de ces tribus, qui cessent d’obéir chacune à un chef particulier, et qui toutes se constituent en monarchie élective. Le cinquième document nous montre cette monarchie. Je le considère comme faisant partie de l’histoire de Seiret non pas de celle d’Ésaü, comme s’il y avait aux versets 30 et 31 : Voilà les tribus des Herréens et de leurs chefs dans le pays de Séir, et voici les rois qui commencèrent à régner dans le naine pays avant que les enfants d’Ésaü vinssent s’y établir, ou bien qui y régnèrent avant que les enfants d’Ésaü s’en fassent rendus les maîtres. Aucun de ces huit rois n’est issu de son prédécesseur ; tous sont choisis dans des familles différentes. Sous le règne des trois premiers, Denaba est la capitale ; les quatre suivants habitent Aith, et le dernier Phaü. Ces changements de gouvernement et de capitale sont causés sans doute par des faits majeurs, comme la guerre de Chodorlahomor et l’arrivée et la demeure permanente de la famille nombreuse et riche d’Ésaü (versets 6 et 7). On a cru qu’à son arrivée Ésaü chassa tout à coup de ce pays le peuple horréen, qui l’occupait depuis longtemps, et qui était plus puissant que sa famille ; mais cela est contraire à l’histoire, qui constate, dans un autre endroit (Deutéronome 11.12), que ce furent ses descendants qui en dépossédèrent les Horréens, qu’ils les exterminèrent devant eux et s’établirent à leur place. Il faut remarquer que c’est seulement lorsque la monarchie des Horréens est éteinte que Moïse (versets 40-43) nomme les chefs politiques des tribus issues d’Ésaü. Cette circonstance ne confirme-t-elle pas le sentiment que je cherche àétablir ?
Ainsi l’histoire du pays de Séir, devenu le pays d’Édom, est complète dans ce chapitre qui, à ce qu’il paraît, a causé de grands embarras aux commentateurs. Moïse l’a faite sans interruption depuis son origine jusqu’à l’époque où les descendants d’Ésaü en furent entièrement les maîtres.
Un des amis de Job (Job 2.11), apparemment un des descendants d’Eliphas, fils d’Ésaü.