Bourgade à soixante stades (Luc 24.13), ou deux lieues et demie de Jérusalem, du côté du nord ; célèbre par ce qui arriva le jour de la résurrection de notre Sauveur, à deux disciples qui y allaient. Comme ils étaient en chemin, Jésus-Christ se joignit à eux sous la forme d’un voyageur, leur lit voir par les Écritures qu’il fallait que le Christ souffrît la mort et ressuscitât ; et lorsqu’ils furent arrivés à Emmaüs, Jésus-Christ feignant de vouloir passer outre, ils le contraignirent de demeurer avec eux ; et pendant qu’ils soupaient, ils le reconnurent dans la fraction du pain. L’un de ces disciples s’appelait Cléophas, et l’autre Emmaüs, selon S. Ambroise et un très-ancien manuscrit de Corbie dont nous avons donné les variétés de leçons à la fin de notre Commentaire sur le Nouveau Testament. Il y avait à Emmaüs des eaux chaudes qui étaient très-salutaires. On y bâtit une église au même lieu où était la maison de Cléophas, que Jésus-Christ avait honorée de sa présence. Josèphe dit que Vespasien laissa en Judée huit cents de ses soldats, à qui il donna le bourg d’Emmaüs pour leur demeure. Il ajoute que ce bourg était à soixante stades de Jérusalem ; en quoi il convient avec saint Luc [Voyez Ammaus] [On va voir, dans l’article suivant, que dom Calmet, d’après l’ancien Itinéraire de la Palestine et Reland, admet que le nom de Nicopolis ne fut pas donné au petit bourg d’Etnmaüs dont il s’agit ici, mais à une ville de même nom, située ailleurs et bien différente. Hure avait dit que c’est de ce petit bourg d’Emmaüs appelé Nicopolis, qu’il est fait mention (1 Machabées 3.40, 57 ; 4.3). Reland dit le contraire. Cependant l’auteur des Voyages de Jésus-Christ, Paris, 1831, et M. Poujoulat dans une lettre qu’il écrivait le mois d’avril de la même année, en quittant Jérusalem, donnent le nom de Nicopolis au bourg d’Emmaüs. Barbié du Bocage et Io géographe de la Bible de Vence, parlant de ce bourg, ne citent pas le nom de Nicopolis, et ne mentionnent point, sous ce nom, de ville de Judée. Voici comment s’exprime M. Poujoulat :
« Dans la lettre où je vous racontais mes promenades aux environs de Jérusalem, écrivait-il à M. Michaud, j’aurais dû vous parler d’Emmaüs ; je me souviens que vous avez désigné le village d’Anathot comme étant l’Emmaüs des Croisades ; mais il est bon de fixer aussi l’emplacement de l’Emmaüs des Romains et de l’Évangile. Cette cité que Varus, préfet de Syrie, livra aux flammes pour venger la mort de quarante soldats victimes d’une sédition populaire, cette cité dont Vespasien releva les murailles, et qui, du temps d’Antonin Héliogabale, refleurit sous le nom de Nicopolis, était située au nord-ouest de Jérusalem, à trois heures de distance. Ce fut sur le chemin d’Emmaüs, alors simple bourgade, que le Christ, après sa résurrection, apparut à deux disciples qui s’en allaient tristes et s’entretenant de la mort de leur Maître. L’endroit de cette apparition était marqué par une église dont on retrouve quelques restes. Emmaüs d’est plus aujourd’hui qu’un amas de pierres au milieu desquelles cinq ou six familles de Fellahs se sont construit d’humbles habitations. Des débris de murs sont les seuls vestiges de l’église bâtie par sainte Paule en l’honneur de Cléophas… » [Lettre 129, tome v, pages 353].
Ville de Judée, située à vingt-deux milles de Lidda, comme le témoigne l’ancien Itinéraire de la Palestine. C’est cette ville qui, dans la suite, fut nommée Nicopolis, et fort différente du bourg d’Emmaüs marqué par saint Luc et par Josèphe, et qui n’était qu’à dix milles de Jérusalem, M. Re-land prouve très-bien la différence de ces deux villes, par Josèphe, par saint Jérôme, par les Machabées et par les Talmudistes. Il est pourtant vrai que saint Jérôme, dans l’épitaphe de sainte Paule, a confondu Emmaüs qui était à soixante stades de Jérusalem, avec l’autre qui fut surnommée Nicopolis. Mais dans d’autres passages il parle de cette dernière Emmaüs d’une manière qui ne peut convenir à celle de saint Luc [Voyez mon addition à l’article précédent]. Il y avait dans la ville d’Emmaüs ou Nicopolis, des bains d’eaux chaudes, où l’on tenait par tradition que Notre-Seigneur avait lavé ses pieds, et avait communiqué à ces eaux une vertu salutaire. Julien l’Apostat fit boucher cette fontaine en haine de Jésus-Christ.Quelquesuns ont cru que c’était là que Zacharie et Élisabeth avaient fait leur demeure. Les auteurs confondent presque toujours ces deux Emmaüs. [Voyez Ammaus].
Ville voisine de Tibériade, où il y avait des eaux chaudes, ainsi que dans les autres villes de ce nom ; car Emmaüs ou Ammaüs vient de l’hébreu chamath, qui signifie des bains d’eau chaude. [Voyez Ammaus] [C’est de cette Emmaüs que parle M. de Lamartine dans sa description des bords sacrés du beau lac de Génésareth. « Voilà, dit-il, Emmaüs, où le Christ choisit au hasard ses disciples parmi les derniers des hommes, pour témoigner que la force de sa doctrine est dans sa doctrine même, et non dans ses impuissants organes. » La mer de Galilée, large d’environ une lieue à l’extrémité méridionale où nous l’avions abordée, s’élargit d’abord insensiblement jusqu’à la hauteur d’Emmaüs, extrémité du promontoire qui nous cachait la ville de Tibériade. » « Nous arrivâmes à l’extrémité de ce promontoire qui s’avance dans le lac, et la ville de Tibériade se montra tout à coup devant nous, comme une apparition vivante et éclatante d’une ville de deux mille ans… » Arrêté là, au bain minéral turc d’Emmaüs. Coupole isolée et entourée de superbes débris de bains romains ou hébreux. Nous nous établissons dans la salle même du bain. Bassin rempli d’eau courante, chaude de 100 degrés Farenheit. Pris un bain… »]