Stella ; en hébreu, cochab. Les anciens Hébreux comprenaient sous le nom d’étoiles, tous les astres, les Constellations et les planètes ; ed un mot, tous les corps célestes et lumineux, à l’exception du soleil et de la lune. L’Écriture s’exprime souvent d’une manière qui semble attribuer de l’intelligence et du sentiment aux astres. Le soleil et la lune étaient nommés parles Israélites idolâtres, le roi et la reine du ciel, et les étoiles en étaient comme l’armée, ou la milice (Deutéronome 17.3) ; les uns et les autres ont souvent reçu des honneurs qui ne sont dus qu’au Créateur.
Le nombre des étoiles passait pour infini ; et le Psalmiste, pour relever la grandeur de la magnificence de Dieu (Psaumes 46.4) ; dit qu’il compte le nombre des étoiles, et qu’il les appelle toutes par leurs noms. Il est comme un roi qui fait la revue de son armée, et qui donne à tous ses soldats le nom qu’il juge à propos. Lorsque l’Écriture veut marquer une multiplication extraordinaire et innombrable, elle prend sa similitude des étoiles du ciel, ou du sable de la mer (Genèse 15.5 ; 22.17 ; 26.4 ; Exode 32.13) : Je multiplierai votre race comme les étoiles du ciel. Job (Job 25.5) dit qu’aux yeux, de Dieu, les étoiles elles mêmes ne sont point pures ; qu’elles formaient un concert de musique en son honneur au commencement du monde (Job 38.7) ; et que Dieu les retient comme sous la clef, et empêche qu’elles ne paraissent, quand il juge à propos (Job 9.7).
Dans les temps de disgrâces et de calamités publiques, on dit que les étoiles retirent leur lumière, et sont couvertes de ténèbres (Ézéchiel 32.7 ; Joël 2.1 ; 3.20), qu’elles tombent du ciel, et qu’elles disparaissent (Matthieu 24.29 Marc 13.25). Ce sont des expressions figurées et expressives, que les explications ne font qu’atténuer et affaiblir. Amos (Amos 5.26) dit que les Israélites dans le désert portaient un astre, ou une étoile, à qui ils rendaient des honneurs divins : Portastis sidus dei vestri ; l’Hébreu : Stellam deorum vestrorum. Joh (Job 9.9 ; 38.31) parle en deux endroits des quatre principales constellations qui étaient connues des anciens : l’Ourse, l’Orion, les Hyades, et l’Etoile du midi.
Amos (Amos 5.26) parlant de l’idolâtrie des Israélites dans le désert, nous apprend qu’ils ont porté l’étoile de leurs dieux. On demande quelle est cette étoile, ou cet astre ; car, sous le nom d’étoile, les Juifs comprenaient les planètes et les autres astres. Les uns croient que c’était la figure de la planète de Saturne ; et ce sentiment est assez commun : d’autres croient que c’est la lune ; mais je ne sais si jamais on l’a comprise sous le nom d’étoile. Les Septante ont lu : L’astre de votre dieu Rempham sur quoi l’on peut voir l’article Rempham, pour ne pas répéter ce que nous avons dit ailleurs.
L’étoile prédite par Balaam dans ce passage (Nombres 24.17) : Une étoile sortira de Jacob, une verge s’élèvera d’Israël, et elle frappera les chefs de Moab : il sortira de Jacob un Dotnivaleur, et il perdra les restes des villes. Cette étoile signifie, selon les Juifs modernes, le roi David, qui vainquit les Moabites, et les assujettit à sa domination. Mais les anciens Juifs, comme les paraphrastes Onkelos et Jonathan, l’expliquent du Messie ; et c’est indubitablement le sens littéral et naturel de ce passage. Quelques-uns ont cru que Balaam avait prédit en cet endroit l’apparition de l’étoile matérielle qui s’éleva au temps de la naissance du Sauveur, et qui porta les mages à venir en Judée chercher Celui dont cette étoile annonçait la naissance. Mais cette étoile n’était pas sortie de Jacob, et on ne peut lui appliquer ce qui est dit ici de cette étoile, qui marque indubitablement un dominateur, un conquérant, un grand prince, en un mot, le Messie. Les Juifs en étaient si persuadés du temps de Jésus-Christ et encore quelque temps après, que le fameux imposteur Bar-Caliba se fit appeler Bar Cocheba, le fils de l’étoile, prétendant être le Messie, et engagea les Juifs de la Palestine dans une révolte qui acheva de ruiner cette malheureuse nation.
L’étoile qui parut aux mages (Matthieu 2.2), et qui les conduisit à Bethléem où le Sauveur était né, fournit la matière à bien des conjectures. Quelques anciens ont cru que c’était un astre nouveau, créé exprès pour annoncer aux hommes la venue du Messie d’autres, que c’était une espèce de comète, qui avait paru extraordinairement dans l’air d’autres ont avancé que c’était un ange revêtu d’un corps lumineux, en forme d’étoile qui, par son mouvement dirigé du côté de la Judée, fit naître aux mages l’envie de le suivre, et de chercher ce qu’il désignait. Plusieurs Pères ont appuyé ce sentiment, fondés sur ce que cet astre paraissait intelligent et raisonnable, paraissant et disparaissant, s’arrêtant et s’avançant selon qu’il était nécessaire pour conduire les mages au lieu qu’il fallait. Ligtfoot conjecture que c’est la même lumière qui avait apparu aux pasteurs qui avaient leurs troupeaux près de Bethléem, et qui ayant été observée par les mages, fit croire qu’à cet endroit était né le essie attendu depuis si longtemps.
L’auteur du Commentaire imparfait sur saint Matthieu, dit que cette étoile descendit sur la montagne ou les mages l’attendaient depuis plusieurs siècles ; qu’elle leur apparut ayant au milieu d’elle un jeune enfant et une croix au-dessus ; que cet enfant leur parla, et leur ordonna de se transporter en Judée. Saint Épiphane a suivi la même tradition, qui est tirée du livre apocryphe de Seth. Quelques-uns ont avancé que cette étoile était le Saint-Esprit, qui apparut aux mages sous la forme d’un astre, comme il apparut dans la suite sous la forme d’une colombe au baptême de Jésus-Christ. Saint Ignace le martyr dit que cet astre jetait un éclat qui surpassait celui de toutes les étoiles du ciel ; que le soleil, la lune, et les autres astres lui servaient comme de compagnie, et le suivaient par honneur ; que tout le monde était en admiration en voyant son éclat. Saint Augustin l’appelle avec raison la magnifique langue du ciel, qui parlait aux mages, et les instruisait en quelque sorte sur le Verbe fait chair et réduit au silence.
On ne convient pas du temps auquel l’étoile apparut aux mages. Plusieurs croient qu’elle leur apparut deux ans avant la naissa nce de Jésus-Christ, et que les mages s’étant mis en marche aussitôt qu’elle parut, furent deux ans à faire leur voyage d’autres veulent qu’elle ne se soit levée qu’au moment de la naissance du Sauveur ; et ceux-ci sont encore partagés, car les uns veulent que les mages ne soient arrivés à Bethléem que deux ans après la naissance du Sauveur d’autres les y font arriver treize jours après cette naissance ; et, pour faire plus grande diligence, ils leur donnent des dromadaires pour montures. Il y en a qui ont cru que l’étoile avait apparu dès le moment de l’incarnation de Jésus-Christ, ou même de celle de saint Jean-Baptiste.
On forme encore quelques difficultés, savoir si l’étoile a été vue de tout le monde, ou seulement des mages. Les uns croient que tout le monde la vit ; que tous les peuples furent témoins du phénomène ; que les uns n’en connaissant point le mystère, sè contentèrent de l’admirer, et qu’il n’y eut que les mages à qui Dieu en fit connaître la signification, et à qui il donna l’attrait pour la suivre d’autres, au contraire, croient que peu de gens la virent ; que les mages eux-mêmes ne la virent que par reprise et de temps en temps, lorsqu’il était nécessaire pour les guider, et les affermir dans leur résolution. Enfin la plupart veulent que les mages l’aient vue durant tout leur voyage, et qu’elle ne disparut qu’au moment qu’ils furent arrivés à Jérusalem. Alors ils se virent dans la nécessité de demander où était le nouveau roi des Juifs. [Voyez Mages].