L’histoire romaine parle de plusieurs personnes du nom de Gabinius. Celui dont nous voulons parler s’appelait Aulus Gabinius. Il avait un emploi considérable dans l’armée de Pompée, et fut envoyé par ce général à Jérusalem (An du monde 3940, Avant. Jésus-Christ 60, Avant l’ère vulgaire 64), pour recevoir l’argent qu’Antigone avait promis à Pompée. Mais, Antigone ayant manqué à sa parole, Gabinius fut obligé de s’en retourner sans rien faire. Mais Pompée, étant venu assièger Jérusalem, prit la ville et le temple, et envoya Antigone prisonnier à Rome avec ses enfants. Alexandre, fils d’Aristobule, s’étant échappé, revint en Judée, rassembla quelques troupes et commença à inquiéter la province. Mais Gabinius ayant été fait consul et étant venu en Syrie en la place de Scaurus, l’an du monde 3944, avant Jésus-Christ 54, avant l’ère vulgaire 58, marcha contre lui et le battit, et le réduisit à s’enfermer dans le château d’Alexandrion. Après cela, Gabinius, parcourant la Judée, y rétablit plusieurs villes qui avaient été ruinées pendant les guerres précédentes : comme Samarie, Azor, Scythopolis, Anthédon, Apol Ionie, Jamnia, Raphia, Dora, Marissa, Gaza et quelques autres.
Cependant les Romains assiègeaient Alexandre dans Alexandrion et Gabinius, ayant pacifié la province et rétabli les villes dont on vient de parler, retourna au siège d’Alexandrion. Alexandre se voyant pressé, demanda la paix ; et il l’obtint en rendant les forteresses qui étaient en sa puissance, lesquelles Gabinius fit toutes raser par le conseil de la mère d’Alexandre, qui craignait que ces places ne fournissent à son fils de nouvelles occasions de révolte contre les Romains.
Enfin Gabinius rétablit Hircan à Jérusalem, lui confirma la dignité de la grande sacrificature, établit dans la province des gouverneurs et des juges pour le gouvernement du peuple ; en sorte que la Judée passa de l’état monarchique à l’état aristocratique. Il y avait des tribunaux à Jérusalem, à Gadare (ou à Dore), à Amathunte, à Jéricho et à Séphoris, afin que le peuple trouvant dans tous les quartiers du pays des juges pour connaître de ses différends, ne fût pas obligé de s’éloigner beaucoup du lieu de sa demeure. Il y a des savants qui croient que l’établissement du Sanhédrin doit son origine à Gabinius.
Josèphe assure que Gabinius renvoya à Rome Aristobule et ses fils avec une lettre au sénat qui portait qu’il avait promis à la mère des jeunes princes, fils d’Aristobule, qu’on les renverrait aussitôt en Judée ; ce qui fut fidèlement exécuté : le sénat ayant retenu dans les liens le roi Aristobule, et ayant renvoyé en Judée Alexandre et Antigone, ses fils. Quelque temps après, Gabinius marcha contre les Parthes ; mais étant arrivé aux frontières de leur pays, et ayant déjà passé l’Euphrate, il reçut de l’argent de Ptolémée Aulètes, roi d’Égypte, et, quittant sa première résolution, il amena son armée en Égypte au secours de ce prince, contre lequel les peuples d’Alexandrie s’étaient révoltés.
L’an du monde 3949, avant Jésus-Christ 51, avant l’ère vulgaire 55, Crassus fut envoyé en Syrie en la place de Gabinius. Celui-ci étant arrivé à Rome, fut fortement accusé de vexation par les Syriens ; et Cicéron, qui le regardait comme le principal auteur de son bannissement, déploya contre lui toute la véhémence de ses discours ; en sorte qu’on regarda comme un grand bonheur qu’il en eût été quitte pour l’exil. Il y demeura jusqu’à ce que Jules César l’en rappelât. Il revint en qualité de triumvir en Syrie, vers l’an du monde 3963, et il y témoigna beaucoup d’amitié à Phasael et à Hérode, en considération des services qu’il avait reçus d’Antipater seize ans auparavant, lorsqu’il faisait la guerre en Judée.