Anciens peuples de la terre de Chanaan, et descendants de Gergéséus, cinquième fils de Chanaan (Genèse 10.16 ; 1 Chroniques 1.13). La demeure de ces peuples était au delà de la mer de Tibériade, où l’on trouve des vestiges de leur nom dans la ville de Gergésé, sur le lac de Tibériade [Les Gergéséens étaient au nombre des sept peuples de Chanaan dont les terres devaient être données aux Israélites (Genèse 15.21 ; Deutéronome 7.1 ; Josué 3.10 ; 29.11). Ils devaient habiter, dit Barbié du Bocage, vers les sources du Jourdain].
Les docteurs Juifs enseignent que les Gergéséens, à l’entrée de Josué dans la terre de Chanaan, prirent le parti d’abandonner leur pays, plutôt que de se soumettre aux Hébreux. Les rabbins croient que Josué proposa aux chananéens trois conditions : la fuite, l’assujettissement, ou la guerre. Les Gergéséens prirent la fuite et se retirèrent en Afrique. Les Gabaonites se soumirent à la servitude ; et les autres chananéens firent la guerre.
On ne nous apprend pas en particulier en quel pays de l’Afrique se retirèrent les Gcvgéséens ; mais c’est une très-ancienne tradition que plusieurs chananéens y passèrent, lorsque Josué entra dans la Terre promise. Procope dit qu’ils se retirèrent d’abord en Égypte, et que delà ils se répandirent en différents endroits de l’Afrique, où ils possédèrent plusieurs villes ; et qu’encore de son temps on voyait dans la ville de Tingis deux grandes colonnes de pierres blanches, dressées près de la grande fontaine, avec une inscription en caractères phéniciens, qui portait : Nous sommes des peuples gui avons pris la fuite devant ce voleur de Jésus, fils de Navé.
Les docteurs hébreux racontent encore que les Gergéséens vinrent porter leurs plaintes devant Alexandre le Grand, lui demandant la restitution de leur pays, qu’ils soutenaient avoir été usurpé par les Hébreux. Alexandre fit citer les Juifs, pour répondre à cette accusation. Ceux-ci comparurent, et dans leur défense, ils prétendirent que non-seulement ils ne devaient rien aux Gergéséens, mais qu’au contraire les Gergéséens, étant des esclaves fugitifs, devaient leur être restitués, avec tous les dommasres que leur avait causés leur fuite depuis tant de siècles. Ils prouvèrent le premier chef, savoir, que les Gergéséens, descendus de Chanaan, étaient esclaves, par l’arrêt prononcé par Noé contre Chanaan (Genèse 9.24). Leur fuite n’était pas contestée ; il ne restait qu’à prononcer en faveur des Hébreux : mais les Gergéséens ne jugèrent pas à propos d’attendre leur propre condamnation ; ils se retirèrent et abandonnèrent leur cause.
Je ne donne pas ce récit comme une histoire incontestable. C’est un conte des rabbins, qui prouve la persuasion où ils sont que les Gergéséens se retirèrent du pays de Chanaan, lorsque Josué y entra. Il est pourtant certain qu’il en demeura un bon nombre dans le pays, puisque Josué lui-même (Josué 24.11) nous apprend qu’il vainquit les Gergéséens ; et ceux qu’il vainquit étaient certainement au deçà du Jourdain. Il se peut donc faire que ceux qui se sauvèrent en Afrique fussent des Gergéséens de delà la mer de Tibériade, et que les autres soient demeurés dans le pays. Voyez notre dissertation sur le pays où se sauvèrent les chananéens, imprimée à la tête du livre de Josué.