Ou plutôt Chakel-Dam, héritage ou partage du sang (Matthieu 28.8 ; Actes 1.19). C’est ainsi qu’on nomma le champ qui fut acheté par les prêtres avec les trente sicles d’argent qu’ils avaient donnés à Judas d’Iscarioth pour le prix du sang de Jésus-Christ. Judas ayant reporté cet argent dans le temple, et les prêtres ne croyant pas qu’il fût permis de l’employer à l’usage du lieu saint, parce que c’était le prix du sang, en achetèrent le champ d’un potier de terre pour la sépulture des étrangers. On montrait encore ce champ, du temps de saint Jérôme, au midi de Jérusalem, et on le montre encore à présent aux voyageurs l’endroit est fort petit et couvert d’une voûte sous laquelle les corps se consument, dit-on, en moins de trois ou quatre jours. Drutmare, moine de Corbie, dit que de son temps il y avait en cet endroit un hôpital pour les pèlerins français qui allaient, en Terre-Sainte. [Le Champ-du-Sang, ce champ du potier, qui fut acheté avec les deniers de la trahison, est cité dans l’histoire des anciens pèlerinages ; c’est là que les frères de Saint-Jean avaient coutume d’ensevelir les pèlerins qui mouraient à Jérusalem. Assez longtemps les Grecs et les Arméniens ont enterré au Champ-du-Sang leurs pèlerins morts dans la ville sainte ; ce privilège leur coûtant trop cher, ils y ont renoncé depuis environ cinquante ans. On voit les restes d’une chapelle à l’endroit où sont mêlées les cendres de ces chrétiens de tous les âges, qui finirent leur double pèlerinage près du Calvaire qu’ils étaient venus visiter. Haceldama est un des lieux sacrés qui appartiennent aujourd’hui à la nation arménienne. M. Poujoulat, Correspondances d’Orient, lettre 118, écrite au mois d’avril 1831, tome 5 page 161.1]