Instrument de musique de figure presque triangulaire, qu’on tient debout entre les jambes pour en jouer. Elle est de trois parties ; le corps, qui fait le côté droit, est fait de huit pans de bois sur lesquels la table est posée, qui a deux ouïes, ou ouvertures faites en forme de trèfle. Elle a trois rangs de cordes, qui font soixante-dix-huit cordes en tout. Le premier rang en contient vingt neuf, qui font quatre octaves ; le second rang fait le demi-tour, et le troisième est à l’unisson du premier rang. Il y a deux rangs de chevilles, qu’on appelle boutons, du côté droit, qui servent à tenir les cordes fermes dans leurs trous, et qui sont attachées par l’autre bout à trois rangs de chevilles posées sur le côté supérieur, qu’on appelle le clavier.
La harpe se touche à vide des deux mains de la même façon, en les pinçant. Son accord est semblable à celui de l’épinette, car toutes les cordes vont de demi-ton en demi-ton. Il est certain que la harpe a été inconnue aux anciens, et Fortunat marque assez qu’elle vient des Barbares.
Romanusque lyra, plaudet tibi Barbarus harpa, Grœcus Achilliaca, crotta Britanna canat.
On dispute sur l’étymologie du mot harpe : les uns le font venir des peuples nominés en latin Arpi, qui se servaient de cet instrument ; d’autres le dérivent de l’allemand herp ou herff ; d’autres du latin carpo. Les Cimbres ou Anglo-Saxons l’appelaient harpa ou hearpa, et il y a assez d’apparence que c’est de leur langue que ce mot est venu, et peut-être aussi l’instrument ; car jusqu’ici on ne nous a pas encore appris qui nous l’avait communiqué.
Les figures de harpe ou de cinnor, qu’on voit sur les médailles de Simon Machabée, n’ont aucun rapport à la harpe dont nous venons de parler, et que nos peintres mettent entre les mains du roi David ; elle ressemble beaucoup à la lyre, ou cithare inventée par Mercure ; mais elle n’a que trois ou quatre cordes, et les plus anciennes figures de lyre qu’on voit dans les bas-reliefs ou dans les médailles, n’en ont pas davantage. Voyez l’article musique.
On traduit d’ordinaire le mot de cithard, ou de cinyra, par la harpe ; et on dépeint David avec une harpe : mais on peut assurer que cilhara signifie la lyre ancienne, que nous avons décrite ci-devant sous le nom de guitare [Voyez Cintra]. On peut voir notre dissertation sur les instruments de musique des anciens Hébreux. Le nebel, ou nable, ou psaltérion ancien, avait quelque rapport à notre harpe : mais ce qui lui ressemblait le mieux, était le hasur, ou instrument à dix cordes, dont il est fait mention dans les psaumes. La différence qu’il y avait entre le nebel et le hosto, était que le premier avait le ventre creux et résonnant par le haut et se touchait par le bas. Le hasur, au contraire, avait son ventre creux par le bas et se touchait par le haut.