Montagne célèbre dans la tribu-d’Éphraïm, près la ville de Sichem, vis-à-vis la montagne de Garizim. Saint Jérôme, Eusèbe et quelques autres après eux, ont cru que Garizim et Hébal étaient vis-à-vis Jéricho, et assez éloignées de Sichem et de la tribu d’Éphraïm ; mais nous avons montré le contraire en parlant de Garizim. Hébal est entièrement stérile, mais Garizim est belle et féconde. Ces deux montagnes sont si près l’une de l’autre, qu’il n’y a entre deux qu’une vallée d’environ deux cents pas de largeur. Dans cette vallée est la ville de Sichem. Les deux montagnes sont d’une longueur, d’une hauteur et d’une forme semblables. Leur figure est en demi-cercle. Elles sont si escarpées du côté de Sichem, qu’elles n’ont aucun talus. Leur longueur au plus est de demi-lieue. Il y a entre les Juifs et les Samaritains de grandes disputes sur le sujet de ces deux montagnes. Voyez ci-devant Garizim.
Moïse avait ordonné aux Israélites (Deutéronome 11.29 ; Deutéronome 27 ; Deutéronome 28), qu’aussitôt après le passage du Jourdain, ils allassent à Sichem, et qu’ils partageassent toute leur multitude en deux corps, composés chacun de six tribus, dont les unes seraient placées sur Hébal, et les autres sur Garizim. Les six tribus, qui étaient sur Garizim devaient prononcer des bénédictions pour ceux qui seraient fidèles à observer la Loi du Seigneur, et les six autres qui étaient sur Hébal devaient prononcer des malédictions contre ceux qui la violeraient. Josué, étant entré dans la terre promise, exécuta fidèlement ce que Moïse avait commandé (Josué 8.30-31), et conduisit toutes les tribus sur Hébal et sur Garizim, l’an du monde 2553, avant Jésus-Christ 1447, avant l’ère vulgaire 1451. Moïse avait ordonné en particulier (Deutéronome 27.4-5) que l’on érigeât sur le mont Hébal un autel de pierres brutes, enduites de chaux, afin qu’on écrivit les paroles de la loi de Dieu ; mais les Samaritains, au lieu d’Hébal, lisent Garizim, dans leur Pentateuque, parce que c’est sur le Garizim qu’est encore aujourd’hui leur autel et le lieu où ils font leurs exercices publics de religion.
Quant à la cérémonie de la consécration de la république des Hébreux, on croit qu’elle se passa de cette sorte : Les chefs des six premières tribus montèrent sur le sommet du mont Garizim, et les chefs des six autres tribus sur le haut du mont Hébal. Les prêtres, avec l’arche d’Alliance, et Josué à la tête des anciens d’Israël, se placèrent au milieu de la vallée qui est entre ces deux montagnes ; les lévites se rangèrent en rond autour de l’arche et des anciens, et le peuple se plaça au pied des deux montagnes, six tribus de chaque côté. Étant ainsi rangés, les prêtres se tournèrent du côté du mont Garizim, sur le sommet duquel étaient les six chefs, dont les six tribus étaient au pied de la même montagne, et prononcèrent, par exemple, ces paroles : Béni soit celui qui ne (era point d’idoles en sculpture. Les six chefs qui étaient sur la montagne, et les six tribus qui étaient au pied, répondirent : Amen. Ensuite les prêtres, se tournant vers la montagne d’Hébal, sur laquelle étaient les chefs des six autres tribus, crièrent à haute et intelligible voix : Maudit soit celui qui fera des idoles en sculpture. À quoi les six chefs qui étaient sur la même montagne, et les six tribus qui étaient au bas, répondirent : Amen.
L’Écriture semble d’abord nous faire entendre qu’il y avait six tribus entières sur une montagne, et six sur l’autre ; mais, outre qu’il n’y a pas d’apparence que les tribus, qui étaient presque innombrables, eussent pu tenir sur le haut des deux montagnes, c’est qu’elles n’eussent pu ni voir la cérémonie, ni entendre les bénédictions et malédictions pour y répondre. De plus, la particule hébraïque qui est dans l’original signifie aussi bien, auprès, tout contre, que dessus (Josué 8.33). Sui vaut cela, on peut dire que ni Josué, ni les prêtres, ni les tribus ne montèrent pas sur le sommet des montagnes, comme notre version l’insinue, mais seulement les chefs, qui pouvaient représenter en leurs personnes toutes les tribus.
À l’égard des grandes pierres qui furent dressées et enduites de chaux pour y écrire les paroles de la loi, les interprètes ne sont pas d’accord si ces pierres ou ce monument sont les mêmes que l’autel sur lequel on immola des victimes pacifiques pour eu faire un festin à tout le peuple. Cependant, en comparant les versets 2 et 3 avec le 5 du chapitre 27 du Deutéronome, l’autel est très-bien distingué des pierres en question, pour ne pas s’y tromper (Deutéronome 27.2-3,5).