Grand sacrificateur, de la race d’Ithamar, mourut l’an du monde 2888, avant Jésus-Christ 1112, avant l’ère vulgaire 1116, après avoir été juge d'Israël pendant quarante ans (1 Samuel 4.18), depuis l’an du monde 2848 jusqu’en 2888. Il succéda à Abdon, et eut pour successeur Samuel dans le gouvernement du peuple ; mais, dans la grande sacrificature, il eut pour successeur Achitob, son troisième fils. Pendant qu’Héli jugeait le peuple, et qu’il le gouvernait dans ce qui regardait le civil et le sacré ; Samson faisait l’office de libérateur et de défenseur d'Israël contre ses ennemis, surtout contre les Philistins.
On ignore de quelle manière Héli arriva à la souveraine sacrificature, et comment cette dignité passa de la famille d’Éléazar dans celle d’Ithamar, d’où était Héli. Il y en a qui croient que le souverain sacerdoce fut déféré à Héli, à cause de la négligence, ou du bas âge, ou du peu d’aptitude de ceux de la famille d’Éléazar. D’autres veulent qu’on le lui ait déféré, en considération de sa charge de juge d’Israël. Ce qui est certain, c’est que cela ne s’était pas fait sans une déclaration expresse de la volonté de Dieu ; car voici comment lui parla un homme de Dieu, qui lui fut envoyé pour lui faire des reproches de la mauvaise conduite de ses enfants (1 Samuel 2.27-28) : J’ai choisi la maison d’Aaron votre père, pour monter à mon autel, et pour exercer mon sacerdoce ; pourquoi donc avez-vous foulé aux pieds mes victimes, et pourquoi avez-vous plus honoré vos enfants que moi ? C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur : J’avais déclaré que votre maison et la maison de votre père serviraient pour jamais devant ma face ; mais maintenant je suis bien éloigné de cette pensée, dit le Seigneur ; car je glorifierai celui qui m’aura rendu gloire, et ceux qui me méprisent tomberont dans le mépris. Le prophète ajouta que les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, mourraient en un seul jour ; que Dieu ferait passer le sacerdoce dans une autre famille, et que celle d’Héli tomberait dans le mépris et dans l’indigence.
Ces prédictions furent vérifiées lorsque, sous le règne de Salomon, l’exercice de la grande sacrificature fut ôté à Abiathar (1 Rois 2.26) de la famille d’Héli, et réservé au seul Sadoc, qui était de la race d’Éléazar. Le grand défaut d’Héli était sa nonchalance et son indulgence pour ses enfants. Il n’ignorait pas les désordres qu’ils commettaient dans le tabernacle, et le scandale qu’ils causaient au peuple par leur mauvaise conduite (1 Samuel 2.12-13,22,23). Mais au lieu de les punir, et de les éloigner du sacré ministère, il se contenta de leur dire : Pourquoi faites-vous toutes ces choses que t’apprends, et dont parle tout le peuple ? Ne faites plus cela, nies enfants ; il est bien fâcheux que l’on publie de vous que vous portez le peuple du Seigneur à violer ses commandements. Si un homme pèche contre un homme, on peut lui rendre Dieu favorable. Mais si un homme pèche contre le Seigneur, qui priera pour lui ? Mais ses enfants n’écoutèrent pas la voix de leur père ; et lorsque le prophète dont nous avons parlé lui annonça les maux dont sa maison était menacée, nous ne voyons pas que cela ait allumé son zèle, ni redoublé sa juste sévérité envers ses enfants.
Dieu lui fit encore parler par Samuel (2 Samuel 3.1-3), qui n’était alors qu’un enfant, et il lui dit : Je vais faire dans Israël une chose que nul ne pourra entendre, sans que les oreilles lui en retentissent. En ce jour-là j’accomplirai tout ce que j’ai résolu contre Héli et contre sa maison ; je commencerai, et j’achèverai. J’exercerai mes jugements contre sa maison, et son iniquité ne sera jamais expiée, ni par des victimes, ni par des présents. Héli, ayant appris ces choses de la bouche de Samuel, ne répondit autre chose, sinon : Il est le Seigneur, qu’il fasse ce qui est agréable à ses yeux. Dieu différa sa vengeance encore vingt-sept ans, et ce ne fut qu’en 2888, avant Jésus-Christ 1112, avant l’ère vulgaire 1116, que les fils d’Héli, Ophni et Phinées, furent mis à mort par l’épée des Philistins, que l’arche du Seigneur fut prise, et qu’Héli lui-même, ayant appris ces tristes nouvelles, tomba de sa chaise à la renverse, et se rompit le cou (1 Samuel 4.1-18). [Voyez Calendrier des Juifs, à la tête du premier volume, au 10 du mois de jiar]. Il eut pour successeur, selon Josèphe, et selon la plus commune opinion, Achitob, son troisième fils ; selon d’autres, ce fut Ahia qui lui succéda. Il est certain qu’Ahia était grand prêtre au commencement du règne de Saül (1 Samuel 14.18). Plusieurs anciens ont voulu mettre Samuel au rang des grands prêtres des Juifs, mais il est certain qu’il n’était pas de la race des prêtres, mais seulement de celle des lévites.
Nommé dans saint Luc (Luc 3.23) comme le dernier des aïeux de notre Sauveur Jésus-Christ selon la chair, est apparemment le même que saint Joachim, père de la sainte Vierge, et connu dans plusieurs monuments très-anciens et très-respectés chez les Orientaux.
Heliacim, Helcias, Joachim sont à-peu-près le même nom, et nous avons vu ci-devant le même grand prêtre nommé Helcias, Joachim et Eliacim.