Fils d’Antipater et de Cypros, eut pour frères Phasael, Joseph et Phéroras, et, pour sœur Salomé.
Il épousa plusieurs femmes (d) :
1° Doris, dont il eut Antipater ;
2° Mariamne, fille d’Alexandre, fils d’Aristobule, de la race des Asmonéens, dont il eut Alexandre, Aristobule, Hérode, Salaimpso et Cypros ;
3° Mariamne, fille au grand prêtre Simon, dont il eut Hérode, mari d’Hérodiade ;
4° Malthacé, dont il eut Archélaüs, Philippe et Olympias ;
5° Cléopâtre, dont il eut Hérode Antipas et Philippe ;
6° Pallas, dont il eut Phasael ;
7° Phoedra dont il eut Roxane ;
8° Elpis, dont il eut Salomé, qui épousa un des fils de Phéroras. Il eut encore deux autres femmes dont les noms ne nous sont point connus, et qui ne font rien à l’histoire de l’Écriture, qui est notre principal objet dans cet ouvrage.
Hérode naquit l’an du monde 3932, avant Jésus-Christ 68, avant l’ère vulgaire 72. Son père Antipater était, selon quelques-uns, Iduméen de nation ; selon d’autres, il était Juif d’origine, ayant tiré sa naissance des Juifs qui étaient revenus de Babylone ; enfin, d’autres soutiennent qu’Antipater était païen et gardien d’un temple d’Apollon à Ascalon, et qu’ayant été pris captif par des coureurs iduméens, il fut mené en Idumée et nourri suivant les mœurs des Juifs, car depuis Jean Hircan les Iduméens observaient les lois de Moïse.
Le père Hardouin, jésuite, a formé sur la maison d’Hérode un système tout nouveau. Il croit que ce prince était Athénien, parce qu’il est appelé dans quelques médailles le bienfaiteur d’Athènes, et qu’il y avait effectivement dans cette ville un Hérode du temps de César. Hérode était platonicien, et introduisit dans la Judée la secte de Platon qu’il favorisait. Les Hérodiens, qui formaient une secte chez les Juifs du temps d’Hérode, étaient ces platoniciens juifs, et les Saducéens étant les mêmes que les Hérodiens, puisque l’Évangile nomme les uns au lieu des autres, et les confond ensemble, on en conclut que les Saducéens avaient les mêmes sentiments que Platon sur la nature des esprits et des anges. Il soutient qu’Hérode n’eut aucune part au bâtiment du temple, et qu’on ne lui a attribué ce grand ouvrage que pour avoir occasion de lui donner le surnom de Grand. Il veut faire passer pour supposée toute l’histoire de Josèphe l’historien ; il soutient qu’Hérode n’eut que la Samarie et la Judée en partage ; que la Galilée et la Trachonite ne furent jamais sous sa juridiction. Et pourquoi ? Parce qu’il ne bâtit de forteresses que dans los deux premières provinces. S’il avait eu la Galilée et la Trachonite, on n’aurait pas manqué d’exiger de lui qu’il y bâtît des villes et des forteresses, comme des gages de sa fidélité. Zénodore posséda ces deux dernières provinces avec l’Iturée, jusqu’au règne de Philippe et d’Hérode II qui héritèrent de ces gouvernements de Zénodore, on ne sait par quelle voie. Voilà une partie du système du P. Hardouin sur la généalogie et le règne d’Hérode…
Nicolas de Damas, pour faire sa cour à Hérode à qui il avait de grandes obligations, le faisait descendre des premiers d’entre les Juifs qui revinrent en Judée après la captivité de Babylone. Josèphe, qui en devait être mieux instruit, étant Juif et ayant vécu presque du temps de ce prince et sous les rois ses fils et ses petits-fils, accuse en cela cet historien d’infidélité. Pourquoi ne s’en rapporter pas à lui, et à quoi bon former des systèmes en l’air sur la supposition prétendue d’un ouvrage très-ancien certainement, et dans lequel jusqu’ici personne n’avait rien trouvé de défectueux ?
Hérode ne put jamais gagner le cœur ni l’affection des Juifs par tout ce qu’il fit en leur faveur : ni le bâtiment du temple qu’il fit à très-grands frais, ni les dépenses infinies qu’il fit pour nourrir le peuple dans le temps d’une extrême famine, ne purent surmonter l’antipathie qu’ils avaient contre lui. Elle était fondée sur trois raisons : 1° Sur ce qu’il n’était pas Juif, mais étranger et Iduméen d’origine ; 2° sur sa cruauté, dont il avait donné des marques en une infinité de rencontres ; 3° sur le peu de zèle qu’il témoignait pour l’observance de la loi de Moïse, et sur les fréquentes contraventions qu’il faisait à cette loi dans des choses publiques et de la dernière conséquence : par exemple, il fit bâtir à Jérusalem un théâtre et un amphithéâtre, et y fit célébrer des jeux en l’honneur d’Auguste. Il mit autour de ce théâtre des trophées en l’honneur du même prince et de ses victoires. Il voulut faire placer un aigle d’or sur une des portes du temple ; il fit bâtir un temple à Auguste et à d’autres divinités, et affecta toujours de favoriser les païens et les étrangers, sans se mettre en peine de la religion des Juifs qu’il professait au dehors ; mais il s’excusait sur la nécessité du temps et sur l’obéissance qu’il devait aux homains.
Hérode n’eut jamais beaucoup de religion. Il fit toujours paraître que son ambition et sa grandeur étaient la seule divinité à qui il rendait ses hommages. S’il fit quelque chose pour la gloire de Dieu, il fit toujours assez voir qu’il travaillait plutôt pour sa propre réputation que pour procurer l’honneur du Seigneur. Mais, après tout, il était Juif et voulait passer pour tel.
Hérode n’avait que vingt-cinq ans lorsque Antipater, son père, lui donna le gouvernement de la Galilée, sous l’agrément d’Hircan. Il s’y conduisit avec tant de sagesse et de valeur, qu’il rendit la paix à cette province, troublée par plusieurs voleurs qui la désolaient. Il prit entre autres un nommé Ézéchias, chef des brigands ; ce qui lui attira l’estime et l’amitié de Sextus César, gouverneur de Syrie. Mais les principaux des Juifs, jaloux de l’autorité que prenait Antipater, et du pouvoir qu’il donnait à ses fils, en vinrent porter leurs plaintes à Hircan, qui cita Hérode pour venir rendre compte de sa conduite à Jérusalem. Hérode y vint, mais armé et accompagné de bonnes troupes. Sa contenance effraya les juges. Il n’y eut que Saméas qui eut la hardiesse de parler et de faire tomber la faute de ce qu’on reprenait dans Hérode, sur les juges mêmes et sur Hircan, qui lui avaient laissé prendre une trop grande autorité. Mais Hircan, voyant que les juges étaient plus disposés à le condamner qu’à l’absoudre, différa le jugement au lendemain, et fit dire à Hérode de se retirer pendant la nuit.
Il se retira à Damas auprès de Sextus César, qui lui confia le gouvernement de la Célé-Syrie. Alors, voulant se venger de l’insulte qu’on lui avait faite en le citant à Jérusalem, il marcha contre cette ville avec une armée ; mais Antipater, son père, et Phasael, son frère, l’empêchèrent de rien entreprendre et lui persuadèrent de s’en retourner. Après la mort de Jules César, Hérode fut établi gouverneur de toute la Célé-Syrie par Cassius et par Marcus. Ils lui donnèrent des troupes, et lui promirent même le royaume de Judée lorsque la guerre entre Marc Antoine et le jeune César serait finie. Vers le même temps, Antipater, père d’Hérode, fut empoisonné à Jérusalem Par un nommé Malichus ; mais Hérode en tira une vengeance éclatante, en faisant égorger Malichus lorsqu’il venait à Tyr.
Marc Antoine étant venu en Syrie, et étant à Daphné près d’Antioche, cent des principaux des Juifs vinrent vers lui pour accuser Hérode et son frère Phasael. Hircan, qui avait promis sa petite-fille Mariamne à Hérode, s’y trouva. Marc Antoine, ayant ouï ce qu’on avançait contre Hérode, demanda à Hircan qui étaient plus propres à gouverner l’État, d’Hérode et de Phasael, ou de leurs accusateurs. Hircan répondit que c’étaient les deux frères. Alors Marc Antoine les établit tétrarques, et leur confia le gouvernement de toute la Judée. Il leur en fit expédier des lettres, et fit mettre quinze des plus mutins de leurs ennemis en prison, résolu de leur faire perdre la vie, si Hérode n’eût intercédé pour eux.
Antigone, fils d’Aristobule, ayant entrepris de dépouiller Hircan, prince et grand prêtre des Juifs, engagea par de grandes promesses les Parthes à marcher contre Jérusalem. Phasael défendait les murs de la ville, et Hérode le palais. Pacorus, fils du roi des Parthes, ayant persuadé à Hircan et à Phasael d’aller trouver le satrape Barzaphernes, qui était en Galilée, pour convenir de quelque accommodement, il les y accompagna lui-même. Mais bientôt Hircan et Phasael s’aperçurent qu’ils étaient trahis. Dès qu’ils furent arrivés à Ecdippe, ville maritime de Phénicie, ils furent arrêtés par les Parthes, et mis dans les liens. Hérode, ayant été informé de ce qui s’était passé, sortit de Jérusalem avec sa mère Cypros, sa sœur Salomé, Mariamne, sa fiancée, et Alexandra, mère de Mariamne. Il mit toutes ces personnes dans le château de Massada, et prit le chemin de Pétra, espérant trouver du secours dans Mal-chus, roi des Arabes. Mais avant qu’il fût arrivé à Pétra, Malchus lui envoya dire de se retirer, parce qu’il craignait d’offenser les Parthes, s’il le recevait.
Hérode prit donc le chemin de Rhinocorure, et il y apprit que Phasael, son frère, s’était donné la mort, pour prévenir la mauvaise volonté des Parthes. De Rhinocorure il alla à Damiette, où, après quelques contradictions, il s’embarqua, la saison étant déjà bien avancée. Étant en mer, il fut battu d’une violente tempête, qui l’obligea de jeter dans l’eau une partie de ses effets ; et il eut bien de la peine d’arriver à Rhodes. Il y fut secouru par deux de ses amis, qu’il y trouva ; et la nécessité où il était ne put l’empêcher de faire du bien à cette ville, qui avait été fort maltraitée dans la guerre de Cassius. De Rhodes il se rendit à. Rome, où il fit récit à Marc Antoine de l’état où étaient ses affaires. Antoine avait de l’inclination pour lui, et se souvenait du plaisir que lui avait fait autrefois en Syrie Antipater, père d’Hérode ; il était d’ailleurs aigri contre Antigone, qu’il regardait comme un turbulent et un ennemi du peuple romain ; et était touché des promesses qu’Hérode lui faisait de lui donner une grosse somme, s’il le faisait déclarer roi. Octavius César, qui fut depuis nommé Auguste, n’avait pas moins d’envie d’obliger Hérode. Ainsi Antoine et César s’employèrent si efficacement pour lui, que le sénat lui donna le royaume de Judée, et déclara Antigone ennemi de la république.
Sept jours après, il partit de Rome, et arrivant à Ptolémaïde, il commença à y ramasser quelques troupes, pour marcher contre Antigone, qui tenait assiégé le château de Massada. Il dégagea heureusement ses gens, qui étaient enfermés dans cette forteresse, et de là il marcha contre Jérusalem, accompagné de Silo, capitaine de quelques troupes romaines ; mais Antigone lui ferma les portes ; et l’hiver étant survenu. Hérode et Silo mirent leurs troupes en quartier. Il ne demeura pas toutefois en repos ; mais il se saisit de divers postes, et prit plusieurs villes sur Antigone, tant dans la Judée que dans la Galilée. Il y eut l’année suivante quelques combats et quelques rencontres entre les gens du parti d’Antigone et ceux d’Hérode, où celui-cl eut ordinairement l’avantage.
Enfin, au commencement de la troisième année du règne d’Hérode, il vint tout de bon faire le siège de Jérusalem, et il l’attaqua du même côté que Pompée l’avait attaquée plusieurs années auparavant. Pendant que ses gens étaient occupés aux ouvrages du siège, il alla à Samarie, où it épousa Mariamne, fille d’Alexandre.
Après ce mariage, il revint au siège, ac compagne de nouveaux renforts ; et peu après, arriva aussi Sosius, chef des troupes romaines, qui lui amenait un grand secours de Syrie ; de sorte que cinq mois après le commencement du siège, la première enceinte de la ville fut prise d’assaut. Quelque temps après, la seconde enceinte fut aussi forcée. Antigone et les siens se retirèrent dans le temple, mais ils ne résistèrent pas longtemps. La ville et le temple furent pris, et Antigone, qui s’était sauvé dans une tour, en descendit et vint se jeter aux pieds de Sosius, qui lui insulta, en l’appelant Antigona, au lieu d’Antigonus. Ainsi Hérode se vit paisible possesseur du royaume de Judée.
Jusqu’alors le pontificat avait été possédé par les rois de la race des Asmonéens. Hérode, qui n’était pas de la famille des prêtres, ne pouvant exercer ce ministère, et Hircan étant alors en captivité chez les Parthes, le roi fit venir de Babylone un nommé Ananel, pour faire les fonctions de grand sacrificateur. Ananel était de la famille d’Aaron, mais Il n’avait pour tout mérite que celui d’être connu d’Hérode, qui le considérait depuis longtemps. Mariamne, épouse d’Hérode, avait un frère nommé Aristobule, à qui le pontificat devait appartenir par le droit de sa naissance. La reine ne cessa de solliciter Hérode jusqu’à ce qu’il lui eût rendu cette dignité (k), et qu’il en eût dépouillé Ananel. Aristobule n’avait alors que dix-sept ans, et il ne jouit de la souveraine sacrificature qu’un an, ayant été noyé par l’ordre d’Hérode, ainsi qu’on l’a raconté dans l’article d’Aristobule.
Alexandra, mère de ce jeune prince, fit de grande plaintes de sa mort auprès de Cléopâtre, qui anima vivement Antoine contre Hérode. Antoine manda Hérode, et l’obligea de venir se justifier. Il y vint, mais il sut si bien gagner Antoine par ses présents et par ses discours, qu’il le mit entièrement dans son parti.
La guerre s’étant allumée entre Auguste et Marc Antoine, Hérode prit le parti d’Antoine, son bienfaiteur. Mais Antoine ayant été vaincu, Hérode se vit contraint de recourir à la clémence d’Auguste. Il l’alla trouver à Rhodes, et parut devant lui avec tous les ornements royaux, à l’exception du diadème. Il parla a Auguste avec une constance et une grandeur d’âme admirables. Il avoua qu’il avait favorisé le parti d’Antoine, et qu’il aurait fait pour lui encore davantage, s’il n’en avait été empêché par la guerre d’Arabie ; qu’il était disposé à en faire autant pour lui, et à le servir avec la même fidélité qu’il avait fait Antoine, s’il voulait lui rendre le royaume et lui accorder ses bonnes grâces. Auguste, charmé de ses manières, lui accorda ce qu’il voulut ; et Hérode fit de grands présents à ce prince et à ses amis. Et lorsque Auguste passa par la Palestine, pour aller en Égypte, Hérode l’accompagna partout et fit fournir à son armée abondamment tout ce dont elle put avoir besoin dans sa marche.
Hérode semblait être alors au comble de ses souhaits. Mais la paix de sa maison fut bientôt troublée par des divisions domestiques et par diverses disgrâces, qui le rendirent, même au milieu de la plus brillante fortune, un des plus malheureux princes de son siècle. Il avait pour la princesse Mariamne sa femme une si grande passion, qu’il ne pouvait la modérer ; et Mariamne, au contraire n’avait pour lui que de l’éloignement et du mépris. La jalousie et la mésintelligence s’étant mises entre la mère et la sœur d’Hérode et Mariamne, sa femme, les premières n’oublièrent rien pour irriter Hérode contre son épouse ; et après divers petits démêlés, les choses en vinrent à un tel point d’animosité, que ce prince, transporté de fureur, fit mourir Mariamne. Mais quand le premier transport de sa colère fut passé, il en conçut une si grande douleur, qu’il en tomba malade, et faillit mourir. Peu de temps après, il fit aussi mourir Alexandra, mère de Mariamne, qui avait cru trop légèrement la nouvelle qui s’était répandue de la mort d’Hérode.
Il employa les années suivantes à faire divers édifices tant publics que particuliers, dans la province et ailleurs, et à faire représenter des jeux, et à bâtir des temples en l’honneur d’Auguste. Il envoya à Rome les deux fils qu’il avait eus de Mariamne, pour les faire élever d’une manière conforme à leur naissance. Mais le plus important ouvrage qu’il entreprit alors, fut celui de rebâtir tout à neuf le temple de Jérusalem. Le peuple, surpris de la proposition qu’il en tif, eut d’abord peine à y consentir, craignant qu’après avoir démoli l’ancien temple, il ne laissât le nouveau imparfait. Mais Hérode les rassura, en disant qu’il ne toucherait pas à l’ancien, qu’il n’eût préparé tout ce qui était nécessaire pour la construction du nouveau. Il l’acheva en neuf ans, et en fit la dédicace l’an du monde 3996, avant Jésus-Christ 4, avant l’ère vulgaire 8.
Quelque temps après qu’il eut commencé cet ouvrage, il fit un voyage à Rome, pour faire sa cour à Auguste, et pour voir ses deux fils, qu’il y faisait élever. Auguste le reçut très-bien ; et Hérode donna partout, tant dans son voyage que dans la ville de Rome, de grandes marques de sa libéralité. Il ramena en Judée ses deux fils, et les maria : l’un, savoir Aristobule, à Bérénice, fille de Salomé ; et l’autre, savoir Alexandre, à Glapbyra, fille d’Archelaüs, roi de Cappadoce. Vers le même temps, Agrippa étant venu en Asie, Hérode l’invita de venir dans son royaume. Il y vint, et Hérode lui fit voir les villes de Samarie, autrement Sébaste, et de Césarée, qu’il avait bâties en l’honneur d’Auguste, et il le reçut à Jérusalem avec tant de magnificence, qu’Agrippa ne pouvait assez en témoigner son contentement.
La division s’étant de nouveau mise dans la famille d’Hérode, on lui rendit suspects ses deux fils, les princes Aristobule et Alexandre. Hérode, pour réprimer leurs saillies et leur hauteur, commença à faire venir à la cour Doris et son fils Antipater, et à leur témoigner plus d’estime et de considération. Cette préférence aigrit étrangement les deux princes, dont la naissance était beaucoup plus illustre que celle d’Antipater. Ils témoignèrent leur mécontentement d’une manière trop marquée. Hérode les mena à Rome, pour les accuser devant Auguste ; mais Auguste les réconcilia à leur père ; et Hérode, étant de retour à Jérusalem, déclara devant une grande assemblée du peuple, que son intention était que ses trois fils régnassent après lui ; premièrement Antipater, et ensuite Alexandre et Aristobule.
La paix de la maison d’Hérode fut de nouveau troublée par la malice d’Antipater, et par les artifices de Phéroras et de Salomé, frère et sœur d’Hérode. Archélaüs, roi de Cappadoce, étant venu en, Judée, l’an du monde 3996, avant Jésus-Christ 4, avant l’ère vulgaire 8, réconcilia de nouveau les deux frères à Hérode. Mais enfin les calomnies d’Antipater et de Salomé ayant prévalu, Hérode, croyant qu’ils avaient attenté à sa vie, les fit étrangler, l’an du monde 3999, un an avant la naissance du Sauveur, ainsi que l’on le peut voir dans l’article d’Alexandre, fils d’Hérode, où nous avons rapporté leur histoire plus au long.
Antipater, s’étant ainsi défait de ses deux frères, qui lui faisaient le plus d’ombrage, songea aux moyens de se délivrer d’Hérode même, dont il craignait toujours l’inconstance et le ressentiment. Pour mieux cacher ses pratiques, il fit consentir le roi, son père, à l’envoyer à Rome. Mais pendant son absence, Hérode découvrit son complot, et plusieurs mois se passèrent à approfondir les dénonciations que l’on avait faites contre Antipater.
Pendant ce temps, le Sauveur du monde étant né à Bethléem, des mages vinrent de l’Orient, pour lui rendre leurs hommages. Ils suivirent un phénomène lumineux, qui les conduisit dans la Judée. Étant arrivés à Jérusalem, ils demandèrent où était le nouveau roi des Juifs. À leur arrivée, toute la ville de Jérusalem fut troublée ; et Hérode, qui était alors à Jéricho, où il se faisait traiter d’une maladie de langueur, dont il mourut quelques temps après, en fut aussi tout troublé ; en sorte qu’il fit assembler tous les prêtres et les docteurs de la loi, pour savoir d’eux où le Christ devait naître. Ils lui dirent que c’était dans Bethléem de la tribu de Juda, suivant l’oracle du prophète Michée (Michée 5.2).
Alors Hérode, ayant fait venir les mages en particulier, s’enquit d’eux avec grand soin du temps auquel l’étoile leur était apparue. Il les envoya à Bethléem, et leur dit de revenir, lorsqu’ils auraient trouvé l’enfant qu’ils cherchaient. Mais l’ange du Seigneur leur ayant apparu en songe, et leur ayant découvert les mauvais desseins d’Hérode, ils s’en retournèrent dans leur pays par un autre chemin. Vers le même temps, l’ange dit à Joseph de prendre l’enfant et sa mère, et de se retirer en Égypte. Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages, entra dans une grande colère ; et envoyant à Bethléem et dans tout le pays d’alentour, y lit tuer tous les enfants mâles âgés de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis exactement des mages.
Antipater revint de Rome au commencement de cette année, qui est la première de Jésus-Christ, ne sachant rien de tout ce qui s’était passé contre lui. Seulement, arrivant à Césarée, il ne trouva personne qui s’empressait à le recevoir et à lui faire honneur. Il ne vit son père que pour entendre de sa bouche les reproches qu’il méritait. Il fut aussitôt chargé de chaînes, et mis en prison ; et Hérode écrivit à Auguste, pour l’informer de ce qu’il avait découvert. Il fit ensuite un nouveau testament, par lequel il déclarait son héritier Hérode Antipas, le plus jeune de ses fils.
Le bruit s’étant un jour répandu qu’Hérode était mort, quelques jeunes gens abattirent en plein midi un grand aigle d’or qu’il avait fait mettre sur le grand portail du temple, contre les usages et la loi des Juifs. Hérode fit arrêter les auteurs de cet attentat, avec quarante de leurs disciples, et les fit brûler tout vifs. Cependant la maladie d’Hérode s’augmentait tous les jours. La fièvre n’était pas violente ; c’était une chaleur lente et interne, qui le consumait au dedans. Il avait une faim si furieuse, que rien n’était capable de la rassasier. Ses intestins étaient pleins d’ulcères. Il souffrait de continuelles douleurs dans le ventre. Ses pieds étaient enflés comme ceux des hydropiques. Les parties que l’on cache avec plus de soin étaient si corrompues, qu’on en voyait sortir les vers. Il était travaillé par tout le corps d’une gratelle et d’une démangeaison insupportables.
Peu de temps avant sa mort, il fit venir à Jéricho tout ce qu’il y avait de personnes un peu considérables dans la Judée, les monaçant de mort, s’ils manquaient d’y venir. Lorsqu’ils y furent arrivés, il les fit tous enfermer dans le cirque, et contraignit en pleurant, Salomé, sa sœur, et Alexas, son beau-frère de lui promettre que dès qu’il serait mort ils feraient massacrer toutes ces personnes ; afin que les Juifs de tous les cantons du pays donnassent au moins à l’extérieur des larmes à sa mort. Mais cet ordre ne fut point exécuté.
Quelque temps après, il reçut des lettres de Rome, par lesquelles il apprit qu’Auguste lui laissait la liberté de bannir Antipater, ou de lui ôter même la vie. Ces nouvelles le remirent un peu. Mais ses douleurs l’ayant repris avec grande violence, il voulut s’en délivrer par la mort. Il demanda un couteau, pour peler une pomme, ainsi qu’il avait accoutumé de faire, et voulut s’enfoncer le couteau dans le corps ; mais Achiab, son cousin, lui retira la main, et jeta en même temps un grand cri ; ce qui mit tout le palais en trouble, comme si le roi eût été mort. Ce cri pénétra jusqu’à Antipater. Il crut qu’Hérode était expiré, et lâcha de persuader à ses gardes de le mettre hors de prison l’officier qui en était chargé, au lieu de l’écouter, alla en avertir Hérode, qui commanda sur-le-champ qu’on l’allât tuer. Il ne survécut à son fils que de cinq jours, durant lesquels il changea son testament, et donna le royaume à Archélaüs ; la Gaulanite, la Trachonite, la Batanée, à Philippe, frère germain d’Archélaüs ; et la Galilée et la Pérée à Hérode Antipas. Ainsi mourut Hérode, âgé de près de soixante et dix ans, après avoir régné trente-six ou trente-sept ans depuis qu’il eut été déclaré roi par le sénat, et trente-quatre ans depuis qu’il fut demeuré maltre de la Judée par la mort d’Antigone [Voyez le Calendrier des Juifs, au 7 de Casleu].
Il épousa
1° Doris, mère d’Antipater, qui fut mis à mort par Hérode, peu de jours avant qu’il mourût lui-même. Antipater avait épousé en premières noces la fille d’Antigone II roi des Juifs il épousa ensuite Mariamne, fille d’Aristobule.
2° Mariamne, fille d’Alexandre [Jannée], dont il eut trois fils et deux filles.
3° Pallas, mère d’un fils nommé Phasael.
4° Phedre, mère de Roxane, qui épousa un fils de Phéroras.
5° Mariamne, fille du grand prêtre Simon ; fut mère d’Hérode [d’Hérode Philippe, premier], époux d’Hérodiade [sa nièce], dont il eut Salomé la Danseuse, laquelle épousa 1° Philippe, et ensuite Aristobule, fils d’Hérode, roi de Chalcide.
6° Malthacé, mère d’Archélaiis, le tétrarque de Judée, et d’Antipas [d’Hérode-Antipas], le tétrarque de Galilée, et d’une fille nommée Olympias, laquelle épousa Joseph, neveu du grand Hérode. Antipas épousa, 1° la fille d’Arétas, roi d’Arabie, et ensuite Hérodiade, épouse de son frère, encore vivant.
7° Cléopatre, mère d’Hérode et de Philippe, tétrarque de la Batanée et de la Thraconile. Celui-ci épousa Salomé la Danseuse, fille d’Hérode [d’Hérode-Philippe, son frère], le tétrarque, et d’Hérodiade.
8° Elpide, qui fut mère de Salomé. qui épousa un fils de Phéroras.
9° Sa nièce, dont il n’eut point d’enfants.
10° Sa cousine germaine, dont il n’eut point d’enfants.
De Mariamne, fille d’Alexandre Jannée, sa seconde femme, Hérode le Grand eut :
1° Alexandre, qui épousa Glaphyre, fille du roi de Cappadoce, dont il eut Tigrane, roi d’Arménie, et Alexandre,.qui épousa la fille d’Antiochus, roi de Comagène. Glaphyre, veuve d’Alexandre, épousa en secondes noces Archélaüs, fils d’Hérode et de Malthacé, Samaritaine.
2° Aristobule, qui épousa Bérénice, fille de Salomé, dont il eut trois fils et deux filles.
3° Hérode, mort jeune étant à Rome, aux études.
4° Salampso, qui épousa Phasael, après avoir été promise à Phéroras.
5° Cypros, qui épousa Antipater, fils de Costobare et de Salomé, sœur du grand Hérode.
D’Aristobule, second fils d’Hérode le Grand et de Mariamne, naquirent :
1° Hérode, roi de Chalcide, qui épousa d’abord Mariamne, fille d’Olympiade, et ensuite Bérénice, de laquelle il eut Aristobule, Bérénicius et Hircan. Aristobule épousa Salomé la Danseuse, veuve de Philippe, dont il eut trois fils : Agrippa, Hérode et Aristobule.
2° Agrippa 1°, roi des Juifs, qui épousa Cypros, fille de Salampso, dont il eut deux fils et trois filles.
3° Aristobule, qui épousa Jotapé, fille du roi d’Emèse.
4° Hérodiade, qui épousa d’abord Hérode, autrement dit Philippe, le tétrarque de la Batanée, dont elle eut Salomé la Danseuse ; et ensuite elle épousa Hérode-Antipas, tétrarque de Galilée. Mariamne, qui épousa Antipater, son oncle.
Enfin, d’Agrippa Ier, second fils d’Aristobule, second fils d’Hérode le Grand, naquirent :
1° Drusius.
2° Agrippa 2 qui fut d’abord roi de Chalcide, et ensuite tétrarque de la Trachonite.
3° Bérénice, qui épousa d’abord Marc, puis Hérode, roi de Chalcide, et enfin Polémon, roi de Cilicie.
4° Mariamne, qui épousa d’abord Archélaüs, fils de Chelcias, et ensuite Démétrius, alabarque des Juifs d’Alexandrie, dont elle eut Bérénice et Agrippin.
5° Drusille, qui épousa d’abord Aziz, roi d’Emèse, et ensuite Félix, gouverneur de Judée. Elle en eut un fils nommé Agrippa, qui mourut avec sa femme dans l’incendie du mont Vésuve.
Nommé Philippe dans l’Évangile, fils du grand Hérode, et de Mariamne, fille du grand prêtre Simon, avait d’abord été mis sur le testament d’Hérode, comme héritier du royaume, après la mort d’Alexandre et d’Aristobule, et après la découverte de la conjuration d’Antipater ; mais Hérode, ayant découvert que Mariamne, mère d’Hérode, avait trempé dans cette conspiration, il raya Hérode de son testament, et lui substitua Archélaüs. Hérode Philippe avait épousé Hérodiade, nièce du grand Hérode, dont il eut Salomé, cette danseuse de l’Évangile. Hérode-Antipas le tétrarque, son frère, étant un jour passé chez lui allant à Rome, conçut pour Hérodiade une passion criminelle, et lui parla de l’épouser. Hérodiade y consentit, à condition qu’Antipas répudierait la fille du roi Arétas, qu’il avait épousée longtemps auparavant. Antipas, au retour de Rome, exécuta sa promesse, et prit Hérodiade, femme de son frère Philippe, ou Hérode-Philippe. C’est contre ce mariage incestueux que saint Jean-Baptiste s’éleva avec tant de force (Matthieu 14 : Marc 6.17) ; et c’est cette Hérodiade qui fit couper la tête à ce grand homme.
ou Antipas-Hérode, fils du grand Hérode et de Malhacé. Son père l’avait déclaré son successeur au royaume dans son premier testament ; mais ensuite il changea, et nomma Archélaüs, roi de Judée, et ne donna à Antipas que le titre de tétrarque de la Galilée et de la Pérée. Archélaüs, fils d’Hérode, étant allé à Rome pour y faire confirmer par Auguste le testament de son père, Antipas y alla aussi, et l’empereur donna à Archélaos la moitié de ce qui lui était assigné par le testament d’Hérode, avec la qualité d’ethnarque, fui promettant qu’il lui accorderait le titre de roi, dès qu’il s’en serait montré digne par sa vertu. Ses revenus étaient de six cents talents. Quant à Antipas, Auguste lui donna la Galilée et la Pérée, qui lui rapportaient deux cents talents ; enfin il donna à Philippe, autre fils d’Hérode, la Batanée, la Trachonite et l’Auranite, et quelques autres places du revenu de cent talents.
Antipas, étant de retour en Judée, s’appliqua à orner et à fortifier les principales places de ses États. Il donna à Beihzaide le nom de Juliade, en l’honneur de Julie, femme d’Auguste ; et à Cinnéreth celui de Tibériade, en l’honneur de Tibère. Il avait épousé la fille d’Arétas, roi d’Arabie, qu’il répudia vers l’an de Jésus-Christ 33, pour épouser Hérodiade, sa belle-sœur, femme de son frère Philippe, qui était encore vivant (b). Saint Jean-Baptiste ne cessant de crier contre ce rapt et cet inceste, Antipas le fit arrêter et mettre en prison dans le château de Maqueronte. Josèphe dit qu’Hérode Antipas avait l’ait arrêter saint Jean, parce qu’il attirait trop de monde auprès de lui, et qu’il craignait qu’il ne se servît de l’autorité qu’il avait acquise sur l’esprit du peuple, pour le porter à la révolte. Mais Josèphe a pris le prétexte pour la vraie cause. Les évangélistes, mieux informés que lui, puisqu’ils étaient témoins de ce qui se passait, et qu’ils connaissaient saint Jean et ses disciples d’une façon très-particulière, nous assurent que la véritable raison de la détention de saint Jean fut la haine que lui portaient Hérode et Hérodiade, à cause de la liberté avec laquelle il reprenait leur mariage scandaleux.
La sainteté et la vertu de saint Jean étaient telles, qu’Hérode même le craignait, le respectait et faisait beaucoup de choses en sa considération. Mais sa passion pour Hérodiade l’aurait porté à le faire mourir, s’il n’en eût été retenu par la crainte du peuple, qui regardait Jean-Baptiste comme un prophète. Un jour que le roi célébrait la fête de sa naissance avec les principaux de sa cour, la tille d’Hérodiade dansa devant lui, et lui plut de telle sorte qu’il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait. Elle alla aussitôt demander à sa mère ce qu’elle devait demander au roi ; et Hérodiade lui dit de ne demander autre chose que la tête de Jean-Baptiste. Elle revint donc dans la salle, et dit à Hérode : Donnez-moi présentement dans ce bassin la tète de Jean-Baptiste. Le roi fut affligé de cette demande. Mais à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât ; et il envoya en même temps couper la tête de Jeun dans la prison, et elle fut apportée dans un bassin, et donnée à cette fille, qui la porta à sa mère.
Arétas, roi d’Arabie, pour se venger de l’outrage qu’Hérode avait fait à sa fille, en la répudiant, lui déclara la guerre, et le vainquit dans un grand combat. Josèphe assure que les Juifs attribuèrent la défaite de l’armée d’Antipas à la mort qu’il avait fait souffrir à Jean-Baptiste.
Plaçons ici une observation de M. Drach.
Admirons, dit-il, comme la Synagogue donne la main à la vérité évangélique. Les Juifs de cette époque-là regardaient Jean-Baptiste comme un saint. C’était un homme pieux, dit Josèphe, qui exhortait les Juifs à embrasser la vertu, à exercer la justice et à recevoir le baptême après s’être rendus agréables à Dieu. Car ce baptême, disait-il plairait à Dieu, en le prenant, non pour l’expiation des péchés, puisqu’on avait déjà purifié l’esprit par la » justice, mais pour la pureté du corps.
Les Juifs étaient persuadés que la défaite de l’armée (l’Antipas, dans la bataille rangée qu’elle livra aux forces du roi Arétas, fut la vengeance que Dieu voulut tirer de la mort de Jean, surnommé le Baptiste.
Or, la connexion entre ces deux événements résulte de l’accord de la Synagogue avec l’Église. Celle-ci nous présente la page de l’Évangile où il est dit que le glorieux martyre du saint précurseur fut une suite de la coupable union d’Hérodiade avec son beau-frère, et la première nous apprenti que cette bataille eut également pour cause la même union ; car Antipas, pour attirer Hérodiade chez lui, lui avait accordé le renvoi de sa femme, qui était fille d’Arétas, roi de Pétra, en Arabie. Brach, Du divorce dans la Synagogue, note V pages 225-237].
Quelques années après, Hérodiade, jalouse de la prospérité de son frère Agrippa, qui, simple particulier, était devenu roi de udée, persuada à Hérode-Antipas, son mari, d’aller à Rome, pour demander la même dignité à l’empereur Caïus. Elle voulut l’accompagner dans ce voyage, espérant que sa présence contribuerait à attirer sur son mari les faveurs de Caïus. Mais Agrippa, par une autre espèce de jalousie, écrivit à l’empereur, pour accuser Antipas, son beau-frère l’envoyé d’Agrippa arriva à Baies, où était l’empereur, en même temps qu’Hérode recevait sa première audience. Caïus, ayant reçu les lettres d’Agrippa, les lut avec avidité. Agrippa y accusait Hérode-Antipas d’avoir été de la conspiration de Séjan contre Tibère, et d’être encore d’intelligence avec Artabane, roi des Parthes, contre les Romains. Pour preuve de cette accusation, il disait qu’Antipas avait dans ses arsenaux des armes pour armer soixante et dix mille hommes. Caïus, en colère, demanda brusquement à Antipas s’il était vrai qu’il eût une si grande quantité d’armes ; et le roi ne l’ayant osé nier, Caïus sur-le-champ le priva de sa tétrarchie, et l’envoya en exil à Lyon, dans les Gaules. Pour Hérodiade, il lui fit rendre l’argent qui était à elle, et lui promit de lui pardonner, en considération de son frère Agrippa. Mais elle aima mieux suivre son mari, partager avec lui sa mauvaise fortune.
C’est ce même Hérode-Antipas qui, au temps de la passion de notre Sauveur, s’étant trouvé à Jérusalem, se railla de Jésus-Christ, que Pilate lui avait renvoyé (Luc 23.11), le fit revêtir d’une robe blanche, et le fit reconduire à Pilate, comme un roi ridicule, et dont l’ambition ne lui donnait nul ombrage. On ne sait pas l’année de la mort d’Antipas ; mais il est certain qu’il mourut en exil, aussi bien qu’Hérodiade. Josèphe dans un autre endroit, dit qu’Antipas fut relégué en Espagne, et qu’il y mourut. Peut-être que Caïus, qui vint dans les Gaules l’année même qu’Antipas y avait été relégué, le relégua alors de Lyon en Espagne.
Fils d’Aristobule, frère.d’Hérodias, et petit-fils du grand Hérode. Voyez Agrippa.
Roi de Chalcide, frère d’Agrippa et d’Hérodiade, fils d’Aristobule et petit-fils du grand Hérode. Il épousa en première noces Mariamne, fille d’Olympiade, et ensuite Bérénice, sa nièce, fille du grand Agrippa l’empereur Claude lui donna le royaume de Chalcide l’an 41 de Jésus-Christ. Il obtint du même empereur, vers l’an 43, l’autorité et l’inspection sur le temple et sur l’argent consacré à Dieu avec le pouvoir de mettre et de déposer les souverains pontifes. Il usa de ce pouvoir, en déposant Simon Canthère, et en mettant en sa place Joseph, fils de Cani. Hérode mourut l’an 48 de Jésus-Christ. Il n’est point parlé de ce prince dans les livres sacrés. Il avait eu de sa première femme un fils nommé Aristobule, et de sa seconde, deux fils, Bérénicien et Hircan.