Saint Paul, écrivant aux Colossiens (Colossiens 4.13), rend témoignage à Epaphras, et dit qu’il est plein de zèle et d’affection pour ceux de Laodicée et d’Hiéraple, aussi bien que pour ceux de Colosses. Hiéraple était [sur le bord du Lycus], dans la Phrygie, et au voisinage de Colosses et de Laodicée [au nord de cette dernière].
« Hiérapolis ou Ville Sainte, avait été ainsi appelée à cause de son temple de Cybèle qui jouissait d’une grande célébrité. Elle était également renommée par le nombre extraordinaire de ses sources chaudes. Il y avait dans cette ville quelques chrétiens, comme l’annonce l’Épître de saint Paul aux habitants de Colosses, ville voisine l’apôtre Philippe y fut enterré en l’an 84 de Jésus-Christ. Hiérapolis était la patrie du philosophe Epictète. Aujourd’hui on la nomme D’ambuk-Kalassi ou Château de Coton, parce que les rochers qui l’avoisinent sont d’une blancheur éblouissante et présentent l’aspect de cette substance. » Barbié du Bocage.
Ville de Syrie, où Astarté avait un temple magnifique. « La statue de Rhéa, c’est-à -dire de kirylitta, cette déesse-nature, était adorée aussi en Syrie, dans le célèbre sanctuaire d’Hiérapolis, » dit M. Raoul-Rochette (Voyez Astarté) Lucien, dans son Traité de la Déesse de Syrie, s’exprime en ces termes sur ce monument :
De tous les temples de la Syrie, le plus célèbre et le plus auguste est celui d’Hiérapolis ; car, outre les ouvrages de grand prix, et les offrandes qui y sont en très-grand nombre, il y a des marques d’une divinité qui y préside ; on y voit les statues suer, se mouvoir, y rendre des oracles ; on y entend souvent du bruit, les portes étant fermées ; aussi est-il le plus riche de tous ceux qui sont venus à ma connaissance… » Lucien rapporte les différentes opinions sur celui qui fit construire ce temple, dont il fait ensuite la description.
L’abbé Banier, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, cite cette description, et y joint deux réflexions ; les voici :
La première, que le temple dont Lucien parle n’était pas l’ancien, que le temps avait ruiné, ainsi qu’il le dit lui-même, mais celui qui avait été bâti par Stratonice, celle-là même qu’Antiochus céda à son fils, qui en était amoureux : aussi portait-il toutes les marques d’un temple construit par les Grecs, puisqu’on y voyait les statues de Jupiter, de Junon, et des autres dieux de la Grèce.
La seconde, qu’il est évident que, soit pour la construction de ce temple, soit pour le service de la déesse qui y était honorée, on avait emprunté beaucoup de choses de celui de Salomon.
Car, 1° celui de Syrie était divisé eu deux parties, dont l’une était le temple proprement dit, l’autre le sanctuaire où il n’était permis qu’aux principaux prêtres d’entrer ; et on sait que le seul souverain pontife avait la permission d’entrer une fois l’an dans ce qu’on appelait le Sancta Sanctorum.
2° L’un et l’autre de ces deux temples étaient environnés de deux parvis.
3° Il y avait à la porte de l’un et de l’autre un autel d’airain.
4° Les sacrificateurs de la déesse de Syrie étaient divisés en deux ordres, savoir, le pontife et les prêtres ; il en était de même à Jérusalem. Les prêtres d’Hiérapolis étaient vêtus de blanc, et le pontife, de pourpre, avec une tiare d’or ; tel était l’habit des sacrificateurs des Juifs.
5° Lucien ajoute qu’outre les prêtres, il y avait dans le temple de la déesse de Syrie une multitude d’autres ministres qui servaient dans les cérémonies, et un grand nombre d’autres qui jouaient de la flûte et de plusieurs autres instruments ; c’étaient les fonctions des lévites, qui servaient les sacrificateurs, chantaient et sonnaient de la trompette pendant les sacrifices.
6° On sacrifiait deux fois le jour à Hiérapolis, le soir et le matin ; il en était de même à Jérusalem.
7° Si, dans la cérémonie d’une des fêtes d’Hiérapolis, on allait puiser de l’eau dans la mer pour la répandre dans le temple en l’honneur de la déesse, c’était une imitation de cette effusion d’eau qui se faisait à Jérusalem à la fête des Tabernacles.
8° Selon Lucien, les animaux qu’on immolait dans le temple d’Hiérapolis étaient le bœuf, la brebis et la chèvre, et on n’y offrait point de pourceaux ; il est clair que cet usage était pris des Juifs, qui, des animaux à quatre pieds, ne sacrifiaient que ceux que je viens de nommer.
9° La plus grande fête d’Hiérapolis, suivant le même auteur, arrivait au printemps, et ceux qui y assistaient sacrifiaient une brebis, l’apprêtaient et la mangeaient. On ne l’immolait pas dans le temple, mais après l’avoir présenté à l’autel et fait les libations, on la rapportait chez soi, où, après quelques prières, on l’offrait en sacrifice. Rien certainement ne ressemble plus à la fête de Pâques, qui se célébrait aussi au printemps.
10° Il y avait à Hiérapolis, dit le même auteur, une autre sorte de sacrifice, où on couronnait la victime, puis on la lâchait, et elle se précipitait du haut du rocher où était bâti le temple. C’est là , sans doute, une imitation de la fête des Propitiations, au jour de laquelle on amenait le bouc Azazel dans le désert, couronné d’une bande d’écarlate, et on le précipitait du haut d’un rocher.
On pourrait pousser plus loin ce parallèle, mais en voilà assez pour juger que les Syriens, du moins pour le temps dont parle Lucien, car il ne dit rien de l’ancien temple de leur déesse, avaient emprunté des Juifs plusieurs des cérémonies qui se pratiquaient à Jérusalem.
Suivant Lucien, cité par le baron de Sainte-Croix, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, a un usage commémoratif du déluge se pratiquait tous les ans dans le temple d’Hiérapolis : à un certain jour de l’année, chacun allait puiser de l’eau dans un vase à la mer, et apportait ce vase bouché avec de la cire et cacheté : le vase étant présenté à un galle qui habitait au bord d’un lac sacré, peu éloigné du temple, le sceau était vérifié par lui et levé. Ensuite tous les vases étaient vidés dans une ouverture pratiquée sous le temple, et par laquelle, disait-on, s’étaient écoulées les eaux du déluge.