On appelle de ce nom, dans l’Église, les enfants qu’Hérode fit mourir à Bethléem et dans sa banlieue, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, voulant envelopper dans ce massacre le nouveau roi des Juifs, dont il avait appris la naissance par les mages venus d’Orient. On peut voir les articles d’Hérode le grand et des Mages.
Hérode, cachant son mauvais dessein, avait dit aux mages de chercher avec soin le nouveau roi, et, quand ils l’auraient trouvé, de lui en venir rendre compte. Mais les mages, avertis en songe par un ange, se retirèrent secrètement de la Judée, et s’en retournèrent par un autre chemin dans leur pays (Matthieu 2.16-17). Hérode, voyant qu’il avait été trompé par les mages, envoya à Bethléem (An du monde 4001, Ap. Jésus-Christ 1, Avant l’ère vulgaire 3) et dans toute sa banlieue, et y fit tuer tous les enfants depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps que les mages lui avaient dit que l’étoile leur était apparue pour la première fois. Les Grecs, dans leur Ménologe, et les Éthiopiens dans leur Liturgie, portent que le nombre des enfants massacrés à Bethléem et aux environs fut de quatorze mille ; ce qui n’est nullement croyable. Mais le culte des Innocents est certainement très-ancien dans l’Église qui les a toujours regardés comme les fleurs des martyrs. On montre de leurs reliques en plusieurs endroits l’Église latine célèbre leur fête le 28 de décembre, et les Grecs le 29.
Il est assez surprenant que Josèphe l’historien n’ait rien dit de ce massacre. Cela fait juger que le nombre des enfants mis à mort ne fut pas si grand que le veulent les Grecs, les Éthiopiens et les Moscovites. On prétend que c’est à cette occasion qu’Auguste dit qu’il valait mieux être le pourceau que le fils d’Hérode. Auguste ayant appris, dit Macrobe, qu’Hérode, roi des Juifs, avait fait mourir son propre fils parmi les enfants qu’il avait fait tuer dans la Syrie, dit qu’il valait mieux être le porc que le fils de ce prince. Il y a assez d’apparence que l’empereur apprit en même temps la mort des innocents et celle d’Antipater, qu’Hérode, son père, fit mourir cinq jours avant sa mort, et qu’à cette occasion il dit ce que Macrobe raconte. Entre la mort des Innocents, et celle d’Antipater, il n’y a pas plus de six semaines. Nous avons parlé de la fuite de Jésus-Christ en Égypte dans la vie de notre Sauveur, et dans l’article Fuite en Égypte.
Quant à ce que dit saint Matthieu, qu’au temps du massacre des Innocents on vit l’accomplissement de cette prophétie de Jérémie (Jérémie 32.13), nous croyons que le premier sens de la prophétie regarde le transport des dix tribus en captivité, et que saint Matthieu l’a accommodée à la circonstance dont il s’agit ici. Voyez Rama.