Roi d’Asor (Josué 11.1-3) dans la partie septentrionale de la terre de Chanaan. [Voyez Ason]. Ce prince, étonné des conquêtes de Josué, qui avait déjà soumis toute la partie méridionale du pays de Chanaan, envoya vers les autres rois, dans la partie septentrionale, le long du Jourdain et de la Méditerranée, et dans les montagnes qui sont au nord du pays de Chanaan, pour les engager dans une ligue offensive et défensive, en leur faisant comprendre qu’ils avaient tout à craindre et que les Israélites seraient bientôt maîtres de tout leur pays, s’ils se laissaient attaquer l’un après l’autre. Mais cela ne servit qu’à hâter leur perte et à rendre la victoire de Josué plus complète, puisqu’il gagna en un jour et par une seule bataille plus de terrain et de villes qu’il n’en eût pu seulement parcourir en plusieurs jours. Jabin se ligua donc avec les rois de Madon, de Jobab, de Séméron, d’Acsaph et plusieurs autres peuples chananéens, pour opprimer les Israélites qui étaient sous la conduite de Josué, avant qu’ils se fussent établis dans le pays. Tous ces rois et ces troupes ligués s’assemblèrent vers les eaux de Mérom pour combattre contre Israël. Alors le Seigneur dit à Josué : Ne craignez point, car demain, à cette même heure, le vous les livrerai tous ; vous couperez le jarret à leurs chevaux et réduirez en cendres leurs chariots. Josué marcha contre eux et les attaqua à l’improviste aux eaux de Mérom ; il les battit et les poursuivit jusqu’à la grande ville de Sidon, jusqu’aux eaux de Maséréphoth et jusqu’à la campagne de Maspha. Il coupa les jarrets à leurs chevaux et fit mettre le feu à leurs chariots. Puis, retournant sur ses pas, il revint à Asor, la prit et en tua le roi. Voilà quelle fut la fin de Jabin. Il fut tué vers l’an du monde 2555.
Observations sur la défaite du roi d’Asor et autres rois ligués contre les Israélites (Folard, Josué 11)
Il est surprenant que l’auteur sacré ait si fort négligé de rapporter les circonstances d’une bataille si mémorable, puisque Josèphe avance que l’armée des rois ligués contre Israël était de trois cent mille hommes de pied, de dix mille cavaliers et de vingt mille chariots de guerre : il fallait qu’elle fut du moins aussi nombreuse, puisque l’Écriture (Josué 11.4) la compare au sable de la mer.
Josué sans doute fut effrayé quand il apprit que Jabin et tous les autres rois s’étaient ligués contre lui et avaient assemblé une armée si formidable, pour lui résister plus facilement et pour opprimer les Hébreux par le plus grand nombre ; mais Dieu le rassura en lui disant (Josué 11.6) : Ne les craignez point, car demain à cette même heure, je vous les livrerai tous pour dire taillés en pièces en présence d’Israël. Cela n’empêcha pas que Josué, qui était un général habile et éclairé, ne mit en pratique tout ce que la ruse et l’artifice purent lui inspirer pour réussir dans son entreprise. Rien ne prouve davantage l’intelligence et la capacité d’un général que les ruses dont il se sert, quand il ne peut employer la force ouverte, pour vaincre son ennemi ; la surprise est le moyen le plus sûr et le plus honorable, et ces sortes de stratagèmes sont très-fréquents dans l’histoire.
Josué pense donc à surprendre ses ennemis, qui, par la trop grande opinion de leurs forces, se tiennent moins sur leurs gardes. Rien n’est plus ordinaire que la négligence et le peu de prévoyance d’un général qui se voit à la tête d’une armée infiniment supérieure à celle de son ennemi ; il ne peut imaginer qu’on ait seulement la pensée de l’oser attaquer ; ses soldats, de même, dorment sur cette confiance et en sont plus négligents : c’est ce qui donne occasion à ces entreprises extraordinaires et presque toujours heureuses du faible contre le fort. Remarquez ceci : les petites armées, bien conduites et bien commandées, ont été de tout temps en possession de battre les plus grandes, et il y a plus d’exemples dans l’histoire de la défaite de celles-ci que du désavantage des autres, qui ont eu l’audace de les prévenir et de les surprendre par une marche forcée et finement dérobée : car tout le succès des surprises en dépend absolument.
Je ne vois ni prodige ni miracle extraordinaire dans cette fameuse défaite du roi d’Asor et de ses alliés. Le texte sacré le démontre assez (Josué 11.7-8) : Josué marcha en diligence contre eux avec toute l’armée jusqu’aux eaux de Merom, et les ayant chargés à l’improviste, le Seigneur les livra entre les mains des enfants d’Israël, qui les défirent et les poursuivirent de tous côtés…, en sorte qu’il ne s’en échappa pas un seul. Suivant le récit de l’auteur sacré, dom Calmet dit fort à propos « qu’il faut » que Josué ait partagé son armée en plusieurs corps afin de poursuivre les fuyards, et qu’il en ait envoyé une partie au delà du Jourdain, et une partie vers Sidon et vers Maséréphoth : la situation des lieux faisant juger qu’il les poursuivit plusieurs jours, en quelque endroit que se soit donné le combat. »
La seule circonstance que l’on trouve dans l’Écriture de la marche de l’armée d’Israël embarrasse fort les commentateurs. Josèphe dit que Josué se trouva en présence de l’ennemi après cinq jours de marche. De Galgal, d’où Josué était parti, à Mérom, selon la position d’Eusèbe, dit dom Calmet, il y a environ vingt lieues. Il se peut fort bien faire que les Israélites aient été cinq jours à faire vingt lieues ; la nature du pays rend les marches plus ou moins accélérées, et c’est tout ce qu’une grande armée, dans un pays de défilés et de montagnes, peut faire que deux ou trois lieues en un jour ; et que l’ennemi, mal servi en espions, n’ait pas été averti de sa marche, ce ne serait pas un miracle, cela ne s’est vu que trop souvent de nos jours, pour ne pas croire ce qui s’est passé dans les siècles les plus reculés. Il se peut aussi que Josué se fût emparé de tous les passages, afin que l’ennemi n’eût aucun avis de sa marche, qui ne pouvait être que lente par les défilés et les montagnes qu’il avait à passer pour aller à lui. Supposez encore que Josué ait dirigé sa marche du côté du lac de Séméchon, où il y avait plus de quarante lieues à faire, je n’y trouverais pas à redire ; car, lorsqu’il s’agit de surprendre une armée, le chemin le moins difficile, quoique le plus long, est le meilleur ; c’est celui dont l’ennemi se méfie le moins, et par lequel on vient souvent tomber sur les flancs ou sur les derrières d’une armée lorsqu’elle s’y attend le moins. Quoi qu’il en soit, Josué surprit le roi d’Asor et ses alliés, et tailla leur armée en pièces.
On trouve dans l’Écriture une infinité d’exemples de ces sortes de surprises de camps et d’armées, surtout sous les Machabées, où nous en voyons d’une conduite admirable et qui ne le cèdent en rien aux plus mémorables de l’antiquité.
À l’égard de l’ordre de bataille des deux armées, comme l’auteur sacré ne nous donne aucun détail des circonstances de cette action, je ne puis fournir là -dessus que des conjectures et des probabilités : il y a toute apparence que cela se passa dans une plaine ; que Josué, selon la méthode des Asiatiques, qui était aussi celle des Juifs, rangea toute son infanterie sur une même ligne en phalange distinguée par grands corps, avec de fort petits intervalles entre eux. Il n’est point fait mention de cavalerie, aussi je n’en suppose point dans l’armée des Israélites. Asor en avait un grand nombre ; je la suppose sur les ailes, et son infanterie au centre : c’était la méthode des peuples de l’Asie et de toutes les nations d’Occident, de placer la cavalerie sur les ailes, pour être plus facilement détachée contre les fuyards après la victoire.
Roi d’Asor (Juges 4.1-3), il opprima les enfants d’Israël pendant vingt ans (Depuis 2699 jusqu’en 2719). Il avait neuf cents chariots armés de faux, et Sisara, général de ses troupes, commandait une puissante armée. Dieu, touché des pleurs de son peuple, suscita la prophétesse Débora, femme de Lapidoth, et Barach, fils d’Abinoëm, qui délivrèrent les Israélites de cette oppression. Sisara fut défait par Barach, au pied du mont Thabor, et les Israélites, prenant le dessus, se fortifièrent contre Jabin, et l’accablèrent enfin entièrement. Voyez [Sisara].