(On donne aujourd’hui le nom de jaspe à une substance opaque, résultant du mélange de la matière quartzeuse avec différentes matières colorantes, ayant une cassure terne et compacte, et des couleurs plus ou moins vives).
En latin et en grec jaspis, en hébreu jaspé, se prend ordinairement dans l’Écriture pour une pierre précieuse, quoique dans l’usage de notre langue le jaspe soit plutôt mis au nombre des marbres. Il y a plusieurs espèces de jaspe. Les plus beaux sont verts, et les plus estimés sont chargés de petites taches rouges sur le vert. On estime aussi ceux qui tirent sur la couleur de laque ou de pourpre ; on en voit d’incarnats, de rouges, de couleur de rose, de rayés, de blancs et de plusieurs couleurs ; dans certains, la nature a représenté des arbres, des fleurs, des paysages, comme s’ils y avaient été peints. Le jaspe n’est point transparent, et approche assez de la nature de l’agathe. On trouve du jaspe dans la Perse, dans les Indes, dans la Syrie, la Cappadoce, et dans plusieurs autres endroits de l’Orient. On en trouve aussi dans l’Amérique, et même dans les Pyrénées et dans la Bohême. On lui attribue diverses propriétés, comme d’arrêter le sang, d’aider les femmes qui sont en travail d’enfants, de servir de préservatifs et de contre-charmes. Dans l’Exode (Exode 28.18), où nous lisons jaspis dans la Vulgate, l’Hébreu porte saphir. Et au verset 20 (Exode 28.20), où nous lisons berillus dans la Vulgate, l’hébreu porte jaspé, qui est rendu dans les Septante onyx, dans Josèphe béryl, dans Jonathan panthère, à cause de la variété des couleurs du jaspe. Mais l’hébreu jaspé signifie certainement le jaspe. Les Septante ne sont pas uniformes dans la manière dont ils traduisent les noms hébreux des pierres précieuses qui sont dans l’hébreu ; et nous avons déjà averti que les Hébreux eux-mêmes ne savent pas la vraie signification de la plupart des noms de ces pierres. Ils les traduisent au hasard. On peut consulter Louis de Dieu sur le chapitre 28 de l’Exode, où il a fort bien examiné cette matière.