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Jericho
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Bost

Jéricho (1)

Ville de la tribu de Benjamin (Josué 18.21), environ à sept lieues de Jérusalem et à deux lieues du Jourdain. Moïse l’appelle la ville des Palmiers (Deutéronome 34.3), à cause qu’il y avait grand nombre de ces arbres dans la plaine de Jéricho. Josèphe dit qu’il y avait dans le territoire de cette ville non-seulement beaucoup de palmiers, mais aussi l’arbre du baume, qui produisait cette liqueur si précieuse et si estimée des anciens. La vallée de Jéricho était arrosée par un ruisseau qui était autrefois salé et amer (2 Rois 2.19, mais qui dans la suite fut adouci par le prophète Élisée, en sorte que ses eaux rendirent la plaine de Jéricho non-seulement une des plus agréables, mais même une des plus fertiles du pays. Jéricho fut la première ville du pays de Chanaan, que Josué prit (Josué 2). Il y envoya d’abord des espions, qui furent reçus par une femme nommée Rahab, qui les logea chez elle, et les sauva de la main du roi de la ville, qui avait envoyé pour les faire arrêter. Elle leur fit promettre qu’ils la conserveraient, elle et toute sa famille, lorsqu’ils auraient pris la ville. Voyez l’article de Rahab.

Josué reçut ordre du Seigneur d’assièger Jéricho, peu de jours après le passage du Jourdain (Josué 6.1-3), et peut-être la veille ou le jour de la première Pâque que les Hébreux célébrèrent dans la terre de Chanaan (An du monde 2553, Avant. Jésus-Christ 1447, Avant l’ère vulgaire 1451). La manière dont se devait faire le siège est tout extraordinaire. Dieu leur ordonna de faire pendant sept jours, et chaque jour une fois, le tour de la ville. Les gens de guerre marchaient à la tête, apparemment hors de la portée des traits des ennemis. Après eux, suivaient les prêtres qui sonnaient de la trompette ; puis ceux qui portaient le coffre sacré, qui renfermait les tables de la loi, et enfin tout le peuple, disposés dans le même ordre qu’ils gardaient dans leurs marches du désert. On observa cette cérémonie jusqu’au septième jour. Ce jour-là, on tourna sept fois autour de la ville ; et à la septième, au bruit des trompettes et des cris de tout le peuple, les murs tombèrent d’eux-mêmes. Le premier jour était un dimanche, disent les rabbins, et le septième, un jour de sabbat. Tout le peuple demeura dans un profond silence, pendant les six premiers jours ; mais le septième jour, Josué leur ayant dit de crier, ils élevèrent leurs voix de toute part ; et les murs étant renversés, ils entrèrent tous dans la ville, chacun par l’endroit qui était vis-à-vis de lui. Voyez ci-après, l’article Marche.

Or le Seigneur avait ordonné que la ville fût dévouée à l’anathème, et que nul ne touchât à quoi que ce fût de ce qu’on y trouverait ; qu’on n’y épargnât ni homme ni bête ; qu’on mit tout à mort, sans distinction ni d’âge ni de condition ; que la seule Rahab et sa famille seraient exceptées de cette loi générale. Tout cela fut exécuté. On mit le feu à la ville, et on consacra au Seigneur tout l’or, l’argent et le cuivre qui s’y trouvèrent. Alors Josué fit cette imprécation, et il dit : Maudit soit devant le Seigneur l’homme qui relèvera et rebâtira Jéricho ; que son premier-né meure, lorsqu’il en jettera les fondements, et qu’il perde le dernier de ses enfants, lorsqu’il en mettra les portes. Cette imprécation de Josué ne fut pas vaine (1 Rois 16.34). Hiel de Béthel, environ cinq cent trente-sept ans après ceci (Vers l’An du monde 3090, Avant. Jésus-Christ 910, Avant l’ère vulgaire 914), entreprit de rebâtir Jéricho. Il perdit Abiram, son fils aîné, lorsqu’il en jeta les fondements, et Ségub, le dernier de ses fils, lorsqu’il en posa les portes. [Voyez Josué, l’article et l’addition, §§ 22 et 23].

Au reste, on ne doit point s’imaginer que, jusqu’au temps de Hiel de Béthel, il n’y ait point eu de ville de Jéricho dans ce canton-là. Nous y voyons une ville des Palmiers, apparemment la même que Jéricho, du temps des Juges, sous Eglon, roi des Moabites (Juges 3.13). Les ambassadeurs de David, qui avaient été outragés par les Ammonites, demeurèrent à Jéricho (2 Samuel 10.5), jusqu’à ce que leur barbe fût revenue. Il y avait donc dès lors une ville de Jéricho, mais elle n’était pas sur les fondements de l’ancienne ; elle était au voisinage de cette première Jéricho. Josèphe distingue assez ces deux lieux, lorsqu’il dit qu’encore de son temps on voyait près de l’ancienne Jéricho, détruite autrefois par Josué, la source d’une fontaine très-abondante, qui suffisait pour arroser toute la plaine ; mais depuis que Hiel de Béthel eut réparé l’ancienne Jéricho, nul ne se fit scrupule d’y aller demeurer. Nous avons vu, dans l’article d’Élisée, de quelle manière ce prophète adoucit les eaux de cette fontaine [Jéricho était fortifiée ; la citadelle, au temps des Machabées, fut réparée (1 Machabées 9.50)]. Hérode avait fait bâtir à Jéricho un fort beau palais ; c’est là où il fit noyer le grand prêtre Aristobule, son beau-frère, et où il mourut lui-même. Notre Sauveur a fait quelques miracles à Jéricho ; et c’est là où il s’invita à demeurer chez Zachée, dont la foi est si fort louée dans l’Évangile [M. Poujoulat écrivait, au mois de mars 1831, à M. Michaud les lignes suivantes « Vous savez mieux que personne ce qu’était Jéricho, au temps des croisades : la cité chrétienne avait un évêché dépendant de Jérusalem, trois monastères, dont l’un était dédié à saint Basile, l’autre à saint Benoît, et le troisième occupé par des carmes. J’ai eu occasion de vous dire que Jéricho et ses dépendances avaient été données au monastère latin de Béthanie. Jéricho, séparée de la métropole par un affreux désert, était exposée plus qu’aucune autre ville aux attaques des ennemis de la croix ; aussi fut-elle une des premières places que perdirent les rois de Jérusalem. Il ne faut point s’attendre à trouver une nouvelle ville de Jéricho. Dans les régions musulmanes ce qui est détruit est détruit : un misérable village, appelé Rihha (odeur), formé de cabanes et de huttes de boue, remplace la cité de Josué et de Vespasien. Rahhab, dans la langue des Hébreux, a la même signification que Rihha dans la langue arabe ; vous savez que Rahhab est le nom de cette fameuse courtisane de Jéricho qui donna asile aux espions de Josué. Ainsi la tradition musulmane conserve les souvenirs de l’histoire sacrée d’Israël.

La petite Jéricho arabe est entourée de sycomores, de plantes de baumes, de nopals, qui servent comme de clôture aux champs et aux jardins ; quelques espaces de terre sont semés d’orge et de blé : Je n’ai pas vu un seul palmier dans les lieux où s’élevait la cité qu’on appelait cité des Palmes ; en quel temps et par suite de quels événements ces arbres ont-ils disparu ? J’eusse bien voulu découvrir aussi de ces roses qui ont donné lieu à tant de merveilleux récits ; mais Jéricho a perdu ses roses comme elle a perdu ses palmiers, et tout cela ne se retrouve plus que dans les livres saints et dans les vieilles relations. Le territoire de Jéricho ou de Rihha offre trois espèces d’arbres qui ne se rencontrent point ailleurs. L’un, assez semblable à notre prunier, s’appelle zaccoum : on tire du fruit de cet arbre une huile vulnéraire très-estimée dans la contrée ; la plupart des rosaires qu’on vend à Jérusalem sont faits avec les noyaux de ce fruit. Les rameaux du zaccoum sont épineux. Une tradition chrétienne veut que ce soit le feuillage du zaccoum qui ait été tressé en couronne sur la tête de l’Homme-Dieu. La seconde espèce d’arbre particulière à Jéricho, se nomme dom : le dom porte un petit fruit rouge, qu’on mange dans le pays ; les femmes de Jérusalem, surtout celles qui sont en état de grossesse, recherchent beaucoup ce fruit. Mon jeune interprète arabe en a rempli les larges poches de sa robe orientale : les branches du dom sont épineuses comme celles du zaccoum. La troisième espèce d’arbre, appelée hadag, présente de très-petites feuilles et un branchage hérissé de pointes aiguës ; son fruit, un peu moins gros qu’une noix, est de forme ronde et de couleur jaune. J’en ai cueilli quelques-uns : l’intérieur est sans noyaux et plein de chair mêlée de graines. Au temps de sa maturité, le fruit du hadag garde son éclat, et tout ce qu’il renferme se change en poussière noire. Ne serait-ce pas là cette pomme de Sodome, dont on a tant parlé ? Je crois que le hadag est ce même arbre qu’a décrit M. de Châteaubriand, sans le désigner sous son nom arabe, et qu’il suppose être l’arbre de Sodome].

Jéricho (la rose de) (2)

Elle est louée dans l’Écriture (Ecclésiaste 24.18) et dans les voyageurs, quoiqu’il y ait lieu de douter que ce que l’Écriture appelle rose de Jéricho soit la même chose que ce que les modernes entendent sous ce nom. Quoi qu’il en soit, voici ce qui est connu sous le nom de rose de Jéricho : c’est une plante qui a la forme du sureau ; sa fleur vient en bouquet, composé de plusieurs petites fleurs assez semblables à celles du sureau d’abord elle est rouge, et devient ensuite blanchâtre. La campagne de Jéricho est toute couverte de cette espèce d’arbuste. Il en vient aussi dans quelques endroits de l’Arabie. La fleur est incorruptible ; elle se sèche et se referme à-peu-près comme la fleur de sureau, avant qu’elle s’ouvre et s’épanouisse. On lui attribue plusieurs vertus, sans aucun fondement. Quand on la laisse quelque temps dans l’eau, elle s’ouvre et s’épanouit ; dès qu’on la laisse quelque temps hors de l’eau, elle se resserre, et cela en toutes les saisons de l’année.

À l’égard du baume de Jéricho, on peut voir l’article Baume.