Ce terme ne se trouve pas dans le texte de l’Écriture ; mais Josèphe l’emploie en plus d’un endroit, pour marquer le chef des Juifs d’Alexandrie. Philon appelle ce magistrat Génarque, et Josèphe en quelques endroits, Ethnarque. Ces deux derniers termes signifient chef d’une nation. Mais on dispute sur la signification d’Alabarque. Il y en a qui croient que ce nom fut donné par raillerie au premier magistrat ou au chef des Juifs d’Alexandrie, par les Gentils de la même ville, qui haïssaient et méprisaient les Juifs. D’autres dérivent Alabarches d’Alaba, qui signifie de l’encre àécrire ; en sorte qu’Alabarches signifierait proprement le chef de l’écriture, des péages, des impôts que l’on tirait sur les animaux qui sortaient du pays.
Fullérus le dérive de l’hébreu ou du syriaque halap et arcin, comme qui dirait l’intendant, ou le délégué du souverain : car dans les lieux où les Juifs étaient en grand nombre, ils avaient sur eux un chef de leur nation, ou un autre, auquel ils s’adressaient particulièrement dans leurs affaires, sans aucune dépendance du président ou du gouverneur envoyé du souverain, pour gouverner les autres sujets. Mais cette dernière étymologie ne me contente pas plus que les autres que l’on a rapportées.
Il est certain que la dignité d’Alabarque était commune dans l’Égypte, comme on le voit par Juvénal ; et que les empereurs Valens, Gratien et Théodose, parlent de la douane ou des impôts nommés Alabarchia dans l’Égypte. Il y a apparence qu’originairement le nom d’Alabarque signifiait celui qui avait la douane du sel, et qu’ensuite on le donna par une espèce de mépris, au chef ou au gouverneur des Juifs d’Alexandrie. Alexandre, frère de Philon, fut Alabarque des Juifs de cette ville. En ce sens l’étymologie d’Alabarque viendra du Grec d’als, alos ; le sel, et archôn, le chef.