Montagne fameuse qui sépare la Syrie de la Palestine. Elle forme dans sa longueur comme un fer de cheval, commençant a trois ou quatre lieues de la mer Méditerranée, au-dessus de Symire, et s’avançant du nord au midi vers Sidon, de là se recourbant du couchant à l’orient, de Sidon vers Damas ; et enfin retournant du midi au septentrion, depuis l’endroit de Damas jusque vers Laodicée Scabieuse. La partie occidentale de cette chaîne de montagnes est proprement ce que l’on appelle le Liban. Les Grecs ont nommé Anliliban l’autre partie qui lui est opposée vers l’orient, et qui s’étend du midi au nord. Entre ces deux montagnes est une Iongue vallée, nommée Célé-Syrie eu Syrie-Creuse ; dans Josué, plaine du Liban (Josué 11.17), aujourd’hui Betkha, de l’hébreu belcah, qui signifie une plaine. Nous avons parlé des cèdres du Liban sous l’article des Chines. Le nom de Liban vient de l’hébreu leban ou laban, qui signifie blanc. On lui a donné ce nom apparemment à cause des neiges dont il est toujours couvert en plusieurs endroits. Jérémie (Jérémie 18.14) parle des neiges du Liban.
Le Liban a environ cent lieues de circuit. Il a la Mésopotamie à l’orient, la Syrie au septentrion, la terre sainte au midi, et la Méditerranée au couchant. Il sort du Liban quatre rivières, le Jourdain, Rocham, Nahar-Rossien, et Nahar-Cadicha. Il est composé de quatre ceintures de montagnes qui s’élèvent les unes sur les autres. La première est très-fertile en grains et en fruits ; la seconde est fort stérile, n’étant remplie que d’épines, de rochers et de cailloux. La troisième, quoique plus haute que celle-là, jouit d’un printemps continuel, les arbres y étant toujours verts, les jardins et les vergers remplis de fruits ; en un mot, elle est si agréable et si fertile, que quelques-uns l’ont nommée le paradis terrestre. La quatrième est si haute, qu’elle est presque toujours couverte de neiges ; aussi est-elle inhabitable à cause de son grand froid [Ce que dit dom Calmet sur les monts Liban est fort incomplet. Voici l’article de Barbié du Bocage tout entier, quoiqu’il y ait quelques lignes que nous aurions pu omettre pour éviter les répétitions ; mais dom Calmet se répète bien lui-même. « Le Liban, dit Barbié du Bocage, est la chaîne de montagnes la plus considérable et la plus célèbre dont il soit fait mention dans l’Écriture ; elle formait la limite de la terre promise au N. Cependant elle donne naissance à plusieurs rameaux, qui, sous des noms différents, se projettent dans l’intérieur des terres. Les Hébreux la nomment Lebanon, ce qui signifierait montagne de neige, dénomination justifiée par les paroles du prophète Jérémie : La neige du Liban peut-elle jamais cesser de couvrir la pointe de ses rochers ? Peut-on faire tarir une source dont les eaux vives et fraiches coulent sur la terre ? » Les Grecs ont adopté ce nom, et de leur bouche il est passé dans celle des Romains. La chaîne de montagnes qu’il sert à désigner s’étend depuis les environs de Sidon à l’O., jusqu’au voisinage de Damas à l’E. Elle consiste en deux branches principales, distinguées chez les écrivains grecs sous deux noms différents ; l’une à l’occident est le Liban, et l’autre à l’orient est l’Anti Liban, c’est-à-dire la branche opposée à celle qui est proprement appelée le Liban. Ces deux parties de la chaîne sont non-seulement opposées l’une à l’autre, mais elles sont aussi parallèles et, d’après Maundrell (Journ from. Aleppo, etc., page 118), elles se ressemblent parfaitement. Entre elles est située la Célé-Syrie, ou Syrie creuse. Sa plus grande hauteur est estimée être d’environ 3,000 yards (environ 2743 mètres). La neige y séjourne une grande partie de l’année ; cependant cette chaîne est en général bien cultivée et bien peuplée. Les cèdres, tant vantés dans les monuments bibliques, croissent dans les parties les plus élevées de la montagne, et sont remarquables autant par leur antiquité que par leur grosseur. Maundrell en mesura un des plus grands, et lui trouva 12 yards 6 pouces (environ 11 mètres de tour) ; son couvert occupait un espace de 37 yards (33 mètres) par le développement de ses branches. Le Bruyn dit aussi qu’il eut la curiosité de mesurer la grosseur de deux des cèdres les plus forts qu’il y ait rencontrés ; il les trouva l’un de 57 palmes environ, et l’autre de 47. Quoique couverts de neige, ces arbres restent toujours verts. Outre les magnifiques cèdres dont le bois fut employé autrefois à la construction du premier et du second temple de Jérusalem, et à celle du palais de Salomon, qui en avait reçu le nom de maison de bois du Liban, ces montagnes renfermaient de vastes forêts de pins et de sapins ; dans les parties basses on trouvait aussi le palmier, l’aloès, des plantes aromatiques et médicinales, et d’autres encore pleines de force et de vigueur. Ces dernières parties de la montagne contenaient aussi des pâturages où paissaient de jeunes taureaux ; mais un des objets les plus estimés, celui dont le prophète Osée fait mention, c’est la vigne du Liban, remarquable surtout, à ce qu’il paraît, par l’excellent bouquet du vin qu’elle fournit. On recueille ce vin particulièrement encore aux alentours de l’antique couvent de Canobin. Ce couvent, occupé par les Maronites, est généralement fréquenté par les voyageurs ; c’est là que réside le patriarche de cette secte religieuse [Voyez Maronites). La situation du couvent dans la vallée de Canobin, longue de plus de 7 lieues, semble délicieusement choisie pour servir de retraite ; aussi ne faut-il point s’étonner du nombre d’ermitages, de cellules, de monastères qui ont peuplé cette vallée. Des deux côtés, elle est-escarpée et arrosée par des sources nombreuses qui y forment d’agréables cascades. Il semble que l’on se trouve à cette fontaine des jardins et à ce puits des eaux vivantes dont le Cantique des Cantiques parle avec tant de complaisance. Le Liban est encore aujourd’hui, comme autrefois, rempli de cavernes ; mais ces cavernes ne servent plus de retraite ni aux léopards ni aux lions, qui ne vivent plus même dans ces contrées, et où on ne rencontre pas davantage la licorne. Les peuples qui habitent au pied du Liban, vers le S., paraissent avoir été, pour la plupart, d’origine chananéenne.
Le Liban ne devait pas être épargné dans les menaces des prophètes.« Il fut prédit que ses branches tomberaient, que ses cèdres seraient dévorés, et que (quoiqu’il fût encore couvert d’arbres, huit cents ans après cette prophétie) les arbres de cette forêt seraient réduits à un petit nombre, et qu’un enfant pourrait les écrire. Or, on peut dire que cette prophétie est à cette heure littéralement accomplie, comme toutes les autres. » Keith, Accomplissement littéral des prophéties, chapitre 5.
Au milieu des guerres continuelles qu’a supportées la Syrie, depuis les premières invasions des Arabes jusqu’aux dernières campagnes du pacha d’Égypte, les hautes et riches vallées du Liban et de l’Anti-Liban ont presque toujours offert à diverses populations un asile paisible. Le christianisme, malgré les schismes et les hérésies, s’est conservé dans ce pays, qui fut son berceau. » E. Bora, Mémoire à l’Académie des Inscrip et Belles-Lettres, 26 oct. 1837.
Au commencement du 13e siècle, il eut en Palestine un violent tremblement de terre. « Les hauteurs du Liban, dit Michaud (Histoire des Croisades, tome 3 pages 255) s’entrouvrirent et s’abaissèrent en plusieurs endroits. »
Voyez ce qu’ont écrit sur le Liban MM. Poujoulat, Correspond d’Orient, lettr. CLX 19 et suit., tome 7 pages 215 et suivants, et Lamartine, Voyage en Orient, tome 1 pages 170-172, 176-178, 181, 235 et suivants ; tome 2 pages 130 et suivants, 24.4 et suivi.
Liban, ou temple de Jérusalem. On donne aussi au temple de Jérusalem le nom de Liban. Liban, ouvre tes portes, et que le feu dévore tes cèdres (Zacharie 11.1), dit Zacharie, en parlant de la future désolation du temple par les Romains. Et Ézéchiel (Ézéchiel 17.3) : Un grand aigle avec de grandes ailes est venu sur le Liban, et a emporté la moelle du cèdre. Il parle de Nabuchodonosor, qui prit le temple, le brûla et enleva tous ses trésors.
Maison ou Palais de bois du Liban.
Enfin on a donné au palais que Salomon bâtit dans Jérusalem, le nom de maison du Liban ; apparemment à cause de son élévation, ou de la blancheur de ses murs, ou plutôt à cause de la quantité de bois de cèdre, et de colonnes qui y étaient.
Ce palais était superbe et magnifique, il consistait en un grand corps de logis de cent soixante et dix pieds dix pouces de long, de quatre-vingt-cinq pieds et cinq pouces de large, de cinquante et un pieds trois pouces de haut, dont le milieu était soutenu de quatre rangs de colonnes, ou plutôt de trois rangs de colonnes, et d’un rang de pilastres, qui formaient trois galeries couvertes devant les appartements ; chaque rang était de quinze colonnes, les trois rangs faisaient quarante-cinq colonnes.
Au-devant de ce palais, et attenant au portique et aux colonnes qui le soutenaient, Salomon fit faire une cour de cinquante coudées de long, et de trente de large, laquelle était aussi environnée de galeries, dont les plafonds étaient soutenus d’un grand nombre de colonnes ; et par-devant cette première cour, ou ce premier parvis, il en fit un autre plus grand et plus large, avec les mêmes ornements et le même ordre de colonnes, qui fut appelé le parvis du trône, parce que Salomon y plaça le trône où il s’asseyait pour rendre la justice aux peuples.
Tour du Liban.
Salomon dans le Cantique des Cantiques (Can 7.4), compare le nez de son épouse à la tour du Liban, qui regarde Damas. Les voyageurs parlent d’une tour que l’on voit sur le Liban, du côté de Damas, et qui paraît avoir été fort haute. Benjamin de Tudèle assure que les pierres de cette tour, dont il avait vu les restes, avaient vingt paimes de long, et douze de large. Gabriel Sionite dit que ce château avait cent coudées de long, sur cinquante de large. Maundrel parle aussi de cette tour, mais il ne la vit que de loin.