Lutte de Jacob avec l’ange qui lui apparut à Phanuel (Genèse 32.24). Il est dit l’ange la Genèse que Jacob ayant fait passer à ses gens le torrent de Jacob, il demeura seul, et voilà un homme qui luttait avec lui jusqu’au matin. Cet homme voyant qu’il ne pouvait surmonter Jacob, lui toucha le nerf de la cuisse, qui se sécha aussitôt et il lui dit : Laissez-moi aller, car l’aurore commence à se lever. Jacob lui répondit : Je ne vous laisserai point aller, que vous ne m’ayez donné votre bénédiction. L’ange le bénit au même lieu, et lui changea son nom, en l’appelant Israël, et Jacob donna à ce lieu le nom de Phanuel, comme qui dirait l’apparition de Dieu. Moïse donne à celui qui luttait avec Jacob, le nom d’homme, mais on ne doute point que ce ne fût un ange ; et le prophète Osée (Osée 12.3) le marque expressément : In forlitudine sua directus est cum angelo, et invaluit ad angelum. Plusieurs anciens Pères ont cru que c’était le Fils de Dieu, seconde personne de la sainte Trinité, qui avait apparu en cet endroit. Origène cite d’un ouvrage apocryphe que l’ange Israël le premier des anges, étant venu dans le corps de Jacob, Uriel, le huitième des anges, voulant se faire passer pour Jacob, fut combattu par Israël. Quelques anciens, au rapport de Procope, ont cru que cet homme était le démon, sous la figure d’Ésaü, qui combattait contre Jacob. Quelques rabbins ont avancé que c’était l’ange d’Ésaü, ou plutôt l’ange du pays d’Ésaü, qui luttait contre Jacob, pour l’obliger à se déporter du droit d’aînesse, qu’il avait obtenu contre Ésaü. On peut voir sur cela les commentateurs. [Voyez Ange, tome 1 col. 409, ma note]
Quant au nerf de la cuisse de Jacob qui fut touché par l’ange, on croit que l’ange lui toucha la cuisse en l’endroit où le grand os s’emboîte dans l’acetabulum de l’os sacrum ; il le toucha dans l’endroit le plus épais et le plus charnu de la cuisse, et lui en foula les nerfs, ce qui fut cause que Jacob en demeura boiteux. Les uns disent qu’il ne boita que quelques moments, d’autres qu’il boita jusqu’à son arrivée à Sichem, et d’autres enfin qu’il fut boiteux jusqu’à sa mort.
Pour ce qui est de l’abstinence du nerf de la cuisse : Quam ob causam non comedunt nervum filii Israël, qui emarcuit in femore Jacob, usque in proesentem diem ; Voyez l’article Nerf.
On demande si cette lutte de Jacob était un événement réel, ou une simple vision. Théodoret et le rabbin Maimonides ont cru que tout ceci s’était passé en esprit, et n’avait de réalité que dans l’imagination de Jacob. Ce patriarche, fortement occupé du danger qu’il était sur le point de courir par la rencontre de son frère Ésaü, eut cette vision pour le rassurer. Dieu lui fit voir en songe un homme qui luttait contre lui, et qui n’ayant pu remporter sur lui aucun avantage, lui dit : Vous ne vous appellerez plus désormais Jacob, mais Israël, c’est-à-dire, celui qui est maître de Dieu ; car, ajoute-t-il, si vous avez été le maître en luttant contre un Dieu, contre un ange, à plus forte raison le serez-vous contre un homme, contre Ésaü votre frère, et pour preuve que cette vision n’était pas de ces songes vains et ordinaires, il lui sembla que l’ange lui touchait la cuisse, et en effet à son réveil, il se trouva boiteux, apparemment par la force de son imagination.
C’est ce qu’on peut dire pour appuyer le sentiment qui croit que tout cela se passa en vision. Mais le sentiment le plus commun et le mieux fondé, est que la chose se passa en réalité. Le récit de Moïse semble ne pouvoir s’entendre autrement, et l’incommodité de Jacob, qui en fut une suite, prouve qu’il y eut ici plus qu’un songe.