Ce nom peut dériver
1° De l’hébreu caba, j’éteins ; comme qui dirait, qui extermine, qui fait périr les ennemis du Seigneur.
2° D’autres le dérivent de l’hébreu macah-bi, la plaie est en moi, Dieu m’a frappé et humilié. Voyez (Isaïe 53.3-4), où le Messie est nommé homme de plaies (hébreu Isch macoboth) et frappé du Seigneur (muscah Elohim). Voyez aussi (1 Chroniques 12.13), Machbanai, qui est un nom propre.
3° On peut dériver Maehabœus ou, selon la prononciation hébraïque, Maccabaiahu, de Maccha baïdh, qui frappe au nom du Seigneur.
4° D’autres le dérivent de l’hébreu mechubbeh ou muchabeh, caché. Les Machabées se cachèrent d’abord dans les cavernes pour y fuir la persécution ; mais ensuite ils en sortirent et tinrent tête à leurs persécuteurs. Ils se firent honneur d’un nom que d’abord on leur avait donné par mépris.
5° On peut aussi le prendre comme un dérivé de nakab, percer ; mackkebah se prend pour un marteau et pour une caverne.
6° Ou, en le dérivant d’akab, qui signifie supplanter, makitabei pourra signifier ceux qui supplantent.
7° Enfin l’opinion la plus commune est qu’ils firent mettre sur leurs drapeaux ou sur leurs boucliers, ces quatre lettres hébraïques, Mem, Coph, Beth, Jod, qui commencent ces mots : Mi camoca, be-lohim, Jéhovah : Qui est semblable à vous entre les dieux, Seigneur ? Ce qui est tiré de l’Exode (Exode 12.11). C’est ainsi que les Romains mettaient sur leurs enseignes S. P. Q. R. pour marquer, Senatus populusque romanos.
L’étymologie qui dérive ce nom de ces quatre lettres hébraïques, M.C.B.J. peintes sur les étendards ou sur les boucliers des Juifs du temps des Machabées, est certainement la plus probable. On sait que les Hébreux ont coutume de composer ainsi certains mots artificiels, en joignant ensemble les premières lettres du nom : par exemple, au lieu de dire Rabbi Levi Ben Gerson, ils disent Ralbag et l’écrivent de cette sorte RLBG. De même, au lieu de dire Rabbi Moses Ben Maimoni, ils prononcent Rambam et écrivent RMBM. Rien n’est plus commun parmi eux que cet usage, et il serait impossible, sans avoir la clef de ces abréviations, d’entendre les livres des rabbins. C’est pour faciliter cette étude que Buxtorf a composé un livre exprès sur ce sujet, sous ce titre : De abbreviaturis hebraicis.
Ce qui pourrait faire douter que le nom de Machabée vient de là, c’est qu’il paraît que Judas Machabée portait déjà ce nom avant le commencement de la guerre ; car au commencement du premier livre des Machabées (1 Machabées 2.4), en parlant Matathias et de ses cinq fils, l’Écriture donne à chacun des cinq les surnoms qu’ils portaient alors : Habébat filios quinque : Joannem qui cognominabatur Gaddis, et Simeonem qui cognominabatur Thasi, et Judam qui vocabatur Machaboeus, etc.
La tradition des Orientaux, rapportée par Abulfarage, est que la mère des sept frères qui souffrirent le martyre sous Antiochus Épiphane, se nommait Aschmunah ou Schamunah, nom emprunté de l’hébreu khasmanim ou kaschmonim, lequel, signifiant des grands ou des princes, a été donné aux Machabées, princes de leur nation, d’où les grecs et les latins ont formé celui d’Asmonéens.
Quoi qu’il en soit de l’étymologie de ce nom, on le donna à Judas, fils de Mathathias, et il passa à ses frères Simon, Jonathas et, en général, à tous ceux qui, sous la persécution d’Antiochus Épiphane, signalèrent leur zèle et leur constance pour défendre la liberté de leur patrie et la religion de leurs pères. Ainsi on appelle Machabées les sept frères qui souffrirent la mort avec leur Mère, pour la défense de leur loi ; et on donne le nom de Livres des Machabées, à ceux qui renferment l’histoire de ces temps-là. On le donne même au livre qui contient le récit de la persécution de Ptolémée Philopator contre les Juifs d’Égypte, suscitée assez longtemps avant la persécution d’Antiochus Épiphane, roi de Syrie.
Machabée se dit principalement de Judas Machabée ; et quand ce nom se trouve seul, il désigne toujours ce général. Nous avons donné sa vie sous l’article de Judas Machabée. [Voyez Matathias et Madin]. Voyez la liste des princes Machabées ou Asmonéens, sous l’article Rois des Juifs.
Les sept frères Machabées sont ceux qui souffrirent le martyre à Antioche, en présence du roi Antiochus Épiphane, l’an du monde 3837, avec leur mère et le vieillard Eléazar. L’histoire du martyre des sept frères est racontée en abrégé dans le chapitre 7 du second livre des Machabées ; et plus au long dans le livre intitulé : De l’Empire de la raison : et celle du martyre d’Eléazar se trouve dans le chapitre 6 verset 18 et suivants du même second livre des Machabées. Nous avons donné son histoire sous le titre Éléazar. Quant aux sept frères, ils furent arrêtés avec leur mère, et présentés à Antiochus Épiphane, qui n’oublia rien pour les portee à obéir à ses ordres, et à manger de la viande de porc, qui était comme le signal de désertion de la loi judaïque.
L’ancienne traduction latine du livre De l’Empire de la raison, dont nous parlerons ci-après sous le nom de quatrième des Machabées, donne aux sept frères les noms de 1 Machabée ; 2 Aber ; 3 Machiri ; 4 Judas ; 5 Achus ; 6 Areth ;7 Jacob. On leur donne encore d’autres noms dans d’anciens manuscrits : mais le texte grec original du deuxième et du quatrième des Machabées n’en dit rien. Josèphe et quelques autres croient que ce fut à Jérusalem qu’ils souffrirent : mais il y a beaucoup plus d’apparence que ce fut à Antioche, où l’on montrait leurs tombeaux du temps de saint Jérôme, et où il y avait une Église dédiée sous leur nom, du temps de saint Augustin.
Le premier des sept frères ayant déclaré au roi qu’il aimait mieux mourir, que de violer les lois de Dieu, fut saisi par les bourreaux ; on lui coupa la langue (2 Machabées 7.2-7) et les extrémités des pieds et des mains ; on lui arracha la peau de la tête, et on le jeta, comme il respirait encore, dans une poêle brûlante, qui chauffait sur un grand feu.
C’est ce que dit le second livre des Machabées. Mais l’auteur du quatrième des Machabées, ou De l’Empire de la raison, porte que les iiourreaux lui ayant arraché ses habits, lui lièrent les mains derrière le dos, et le déchirèrent à coups de fouets, sans qu’il témoignât la moindre douleur. Puis ils le jetèrent sur la roue, où, ayant les membres tout froissés, il parla à Antiochus, lui reprocha sa barbarie, et insulta à l’inutilité de ses efforts. Alors les bourreaux élevant la roue sur laquelle il était étendu, et allumant du feu par-dessous, le consumèrent ainsi par un supplice nouveau. Il mourut, exhortant ses frères à la constance.
Le second (2 Machabées 7.8-9) souffrit les mêmes supplices que le premier, et avec le même courage, selon l’auteur du second livre des Machabées. Mais le livre De l’Empire de la raison dit qu’on lui mit dans les mains des gantelets de fer, armés de pointes très-aiguës, et qu’on l’attacha au chevalet. Puis, voyant qu’on ne pouvait l’ébranler, on lui arracha la peau de la tête avec des ongles de fer, et on le fit mourir dans ces tourments.
Le troisième eut les mains et la langue coupées, et mourut, comme ses deux frères, avec une constance héroïque. Le quatrième livre des Machabées ajoute qu’il fut appliqué à la torture, qu’on lui débotta les pieds et les mains : qu’ensuite on lui brisa les doigts, les bras et les jambes, et qu’enfin on lui arracha la peau et les extrémités des doigts, et qu’ayant été mis sur la roue, il y expira.
Le quatrième fut tourmenté de même que le précédent. On lui coupa la langue, et il expira dans les tourments.
Le cinquième souffrit les mêmes supplices que les précédents. Le second des Machabées ne remarque aucune circonstance de son martyre : mais le quatrième livre de même nom dit qu’il se présenta de lui-même au tyran, lui reprocha sa cruauté et son injustice ; et que les bourreaux l’ayant saisi, le lièrent, l’attachèrent au chevalet, lui mirent les pieds dans des entraves de fer, lui lièrent les reins autour de la roue, lui déchirèrent les membres avec les pointes dont la roue était armée. Il mourut au milieu de ces tourments, avec une tranquillité qui étonna ses ennemis.
Le sixième souffrit les mêmes supplices que les autres, et témoigna la même constance. Leur mère les exhortait tous les uns après les autres à souffrir courageusement la mort, plutôt que d’abandonner la loi de leurs pères. Le quatrième livre des Machabées dit que le sixième des sept frères était fort jeune, et que le roi Antiochus l’exhorta à avoir pitié de lui-même, et à manger des viandes qu’on lui présentait ; mais que ce jeune homme lui répondit qu’il ne cédait à ses frères ni en courage, ni dans le respect qu’il avait pour l’es lois de ses pères. Aussitôt on le prit, on le traina sur la roue et, après l’y avoir étendu et lui avoir démis tous les os, on lui enfonça dans le dos, dans les côtés et dans les entrailles, des broches de fer rougies au feu. Après cela, il s’adressa au tyran et lui parla avec une vigueur qui étonna les assistants. Enfin on le jeta dans une chaudière brûlante, où il expira.
Le septième frère, qui était le plus jeune de tous, fut présenté le dernier. Le roi l’exhorta à abandonner les lois de ses pères, lui promettant avec serment qu’il le coniblerait de richesses, et qu’il le mettrait au rang de ses favoris. Et, comme le roi vit que ses promesses ne l’ébranlaient point, il dit à la mère de cet enfant de lui inspirer des sentiments plus salutaires. La mère le promit ; et s’approchant de son fils, elle lui dit en hébreu de demeurer ferme, sans se mettre en peine des tourments qu’on lui préparait, et sans se laisser éblouir par les belles promesses qu’on lui faisait. Lorsqu’elle parlait encore, ce jeune homme se mit à crier : Qu’attendez-vous de moi ? Je n’obéis point au commandement du roi, mais aux préceptes de la loi qui nous a été donnée par Moïse. Il continua à parler au roi, et à le menacer des jugements de Dieu. Alors Antiochus, ne pouvant souffrir qu’on se moquât ainsi de lui, le fit tourmenter comme les autres ; et ce généreux athlète mourut dans les tourments, sans s’être souillé par des viandes défendues.
Le quatrième livre des Machabées dit que le roi ayant fait ses efforts pour porter ce septième frère à lui obéir, et ayant même fait approcher la mère de cet enfant, afin qu’elle lui parlât et que sa présence le touchât de compassion, la mère, au contraire, l’anima à souffrir courageusement toutes choses, à l’imitation de ses frères. Alors l’enfant s’écria : Déliez-moi ; car j’ai quelque chose à dire au roi en présence de ses courtisans. On le délia aussitôt, croyant qu’il se rendait aux exhortations du roi : niais, s’élançant du côté de la chaudière qu’on lui préparait, il s’adressa à Antiochus, lui reprocha sa cruauté, le menaça des jugements de Dieu ; et sautant dans la chaudière, il finit ainsi sa vie.
La mère de ces saints martyrs souffrit aussi la mort. Le second livre des Machabées ne dit rien de particulier du genre de supplice qu’on lui fit souffrir (2 Machabées 7.41) : mais le livre De l’Empire de la raison dit que quelques-uns des gardes d’Antiochus ayant suggéré à ce prince qu’il fallait aussi la faire mourir et la traiter comme ses enfants ; à peine eut-elle ouï ces paroles, qu’elle se jeta elle-même dans le feu, pour éviter qu’aucun de ces infâmes ministres ne mit la main sur elle. Quelques anciens manuscrits donnent à cette sainte femme le nom de Salomé ou de Salomonis : la tradition des Orientaux, rapportée par Abulfarage, est que cette sainte femme se nommait Aschmuna, ou Schamunah… mais son nom ne se trouve dans aucun monument certain et authentique. L’Église célèbre la fête des sept frères Machabées et de leur mère, le premier d’août. Ils sont les premiers, et ont été longtemps les seuls saints de l’Ancien Testament, en l’honneur de qui on ait dressé des autels et des temples à Dieu ; et encore aujourd’hui ils sont les seuls pour la fêle desquels il soit resté un office ou commémoration dans le Bréviaire.
Les livres des Machabées. Nous avons quatre livres des Machabées, dont les deux premiers sont canoniques, et les deux autres apocryphes. Ceux même qui sont reconnus pour canoniques dans l’Église catholique, sont contestés par ceux qui ne reçoivent pas les décrets du concile de Trente, et qui n’admettent dans le canon de l’Ancien Testament, que les livres qui sont reconnus pour canoniques parmi les Hébreux. Si l’on suivait l’ordre des temps, il faudrait placer le troisième livre des Machabées en la place du premier, et le premier en la place du troisième.
Le premier livre des Machabées a été écrit originairement en hébreu, ou en syriaque. Le style et le tour de la phrase en sont une preuve, aussi bien que le titre qui est rapporté par Origène en ces termes : Sarbet Sar-bané et, le sceptre du prince des enfants de Dieu, ou, le sceptre des rebelles du Seigneur : comme si l’on voulait marquer que les Machabées ont soutenu le sceptre et la domination du Seigneur dans Israël, contre ceux qui voulaient l’attaquer. Saint Jérôme dit aussi qu’il a trouvé en hébreu le premier livre des Machabées. Mais il y a longtemps qu’on ne l’a plus en cette langue, et le grec passe aujourd’hui pour l’original. La version latine qui a été faite sur le grec dès le commencement de l’Église, et dont nous nous servons aujourd’hui, a été déclarée authentique par le concile de Trente.
Il est tout à fait croyable que ce livre fut composé sur les mémoires publics de ce qui se passait de plus mémorable parmi les Juifs. Judas Machabée eut soin d’en faire un recueil exact (2 Machabées 2.14), et l’auteur de ce premier livre renvoie à la fin de son livre, aux mémoires de Jean Hircan ; ce qui a fait çroire à quelques-uns que Jean Hircan en pourrait bien être l’auteur. Ce livre contient l’histoire de quarante ans, depuis le règne d’Antiochus Épiphane, jusqu’à la mort du grand prêtre Simon ; depuis l’an du monde 3829 jusqu’en 3869, avant Jésus-Christ 131, avant l’ère vulgaire 135. L’auteur n’est pas connu, et il faut qu’il ait vécu après le pontificat de Jean Hircan, puisqu’il cite les mémoires de son gouvernement. Il s’accommode dans ses supputations chronologiques, à la manière de compter des Hébreux, en les commençant au mois de Nisan, qui est le premier de l’année sainte, au lieu que les Syriens ou les Grecs qui régnaient en Syrie, la commençaient six mois plus tard et vers le commencement d’octobre.
Le second livre des Machabées est l’abrégé d’uns grand ouvrage qui, avait été composé par un nommé Jason et qui comprenait l’histoire des persécutions d’Épiphane et d’Eupetor contre les Juifs. L’euteur de l’abregé est inconnu, et l’ouvrage entier de Jason ne se trouve plus. L’un et l’autre étaient Grecs et suivaient la manière de compter des Séleucides, suivant l’usage des Syriens qui commençaient leur année vers le mois d’octobre. Les deux derniers chapitres contiennent des choses arrivées sous le règne de Démétrius Soter, successeur d’Antiochus Eupator ; et on y remarque des variétés dans le style qui font douter qu’ils soient du même auteur que le reste de l’ouvrage. Ce second livre contient l’histoire d’environ quinze ans, depuis l’entreprise d’Héliodore, envoyé par Séleucus pour enlever les trésors du terople, jusqu’à la victoire de Judas Machabée contre Nicanor ; c’est-à-dire, depuis l’an du monde 3828 jusqu’en 3813 avant Jésus-Christ 157, avant l’ère vulgaire 161.
On trouve à la tête de ce livre deux lettres l’une des Juifs de Jérusalem à ceux d’Alexandrie, pour les avertir de célébrer la fête de la Purification et de la Dédicace du temple de Jérusalem par Judas Machabée ; l’autre du sénat de Jérusalem et de Judas Aristobule, précepteur du roi Ptolémée, sur le même sujet. Comme cette dernière lettre n’a été écrite qu’en l’an du monde 3880, il y a lieu de croire que le livre dont nous parlons n’a été composé que vers le même temps, sous le pontificat et le gouvernement de Jean Hircan. La beauté du style de cet écrit l’a fait attribuer par quelques-uns à Joséphe ou à Philon. Serrerius a cru qu’il était l’ouvrage de Judas l’Essénien, connu dans Josèphe. Léon Allatius a conjecturé que Simon Machabée, frère de Judas Machabée en pouvait être auteur. Mais dans tout cela rien d’assuré. Nous avons déjà parlé de la canonicité de ce second livre, aussi bien que de celle du premier : l’un et l’autre ont reconnus et cités comme canoniques par la plupart des anciens, quoiqu’il y en ait eu quelques autres qui ne les ont pas rangés parmi les livres sacrés de l’Ancien Testament, parce qu’ils s’étaient bornés à n’y mettre que les seuls livres compris dans le canon des Hébreux.
Troisième livre des Machabées. Ce livre contient l’histoire de la persécution que Ptolémée Philopator, roi d’Égypte, fit aux Juifs de son royaume. [Voyez Lagides]. Ce prince après sa victoire coutre Antiochus le Grand alla à Jérusalem et y fit offrir des sacrifices d’actions de grâces dans le temple du Seigneur. Mais ensuite ayant voulu entrer dans le sanctuaire, il eu fut empêché per les prêtres et par le peuple. Et comme il s’opimiâtrait à vouloir pénétrer dans ce saint lieu, il fut abattu par terre par une vertu divine ; en sorte que ne pouvant se remuer, il fallut l’emporter du temple. Étant de retour en Égypte, il fit éclater son ressentiment contre tous les Juifs de ses états, qui étaient eu très-grand nombre. Il entreprit de leur faire nuitter leur religion ; et, n’ayant pu en venir à bout, il les fit venir à Alexandrie, les enferma dans l’hippodrome, pour les faire écraser sous les pieds des éléphants. Mais Dieu les garantit de ce danger, en permettant que le roi oubliât d’abord les ordres qu’il avait donnés. Ensuite Dieu envoya deux anges à leur secours, qui causèrent tant de frayeur au roi, qu’il les renvoya comblés d’honneur. Tout qu’il arriva l’an du monde 3787, avant Jésus-Christ 213, avant l’ère vulgaire 217.
C’est assez mal à propos que l’on donne à ce livre le nom de troisième des Machabées, puisqu’il n’a aucun rapport à Judas Machabée, ni à ses frères, ni aux persécutions d’Antiochus Épiphane roi de Syrie, l’histoire qui y est racontée étant arrivée en Égypte cinquante ans avant la persécution d’Épiphane contre les Juifs de Judée. C’est apparemment la conformité de la matière et le zèle que les Juifs d’Égypte témoignèrent pour leur loi et pour la religion de leurs pères qui ont fait donner à cet ouvrage le nom de livre des Machabées. Josèphe dans le corps de son histoire ne parle point de la persécution dont nous parlons ; mais il en dit un mot dans son premier livre contre Appion, et ce qu’il en dit est assez différent de ce qu’on en lit dans le troisième des Machabées.
Les Grecs et les Latins rejettent aujourd’hui cet écrit comme un ouvrage apocryphe. Les anciens Latins ne le citent pas, que je sache ; il ne paraît pas qu’ils l’aient connu. Mais les Grecs l’ont connu et Vont quelquefois cité comme Écriture divine, le mettant au même rang que les deux autres livres des Machabées. Le vingt-quatrième des canons des apôtres le reconnaît comme livre saint : Théodoret le cite comme Écriture divine. Saint Athanase dans sa Synopse, et Nicéphore à la fin de sa Chronologie, le mettent, de même que les deux premiers des Machabées, au nombre des livres de l’Écriture, auxquels on contredit ; c’est-à-dire, qui ne sont pas reçus d’un consentement unanime des Églises. On le voit aussi dans quelques catalogues des livres saints, sous la même catégorie que les autres livres des Machabées. Grotius croit qu’il ne fut composé qu’après les deux premiers des Machabées et peu de temps après le livre de
; et que c’est ce qui lui a fait donner le nom de troisième livre des Machatlées. Voyez l’article de Ptolémée Eupator, où vous trouverez l’histoire contenue dans le troisième des Machabées.
Le quatrième livre des Machabées est si peu connu parmi les Latins, que l’on ne sait pas même distinctement qui il est. On ne le trouve dans aucune de nos Bibles latines. Il est vrai que dans les anciens manuscrits grecs de la Bible et dans quelques éditions grecques, on trouve le livre De l’Empire de la raison, attribué à Josèphe, après les trois premiers livres des Machabées. Mais les savants ont douté que ce fût celui que les anciens ont connu sous le nom de quatrième des Machabées.Toutefois, quand on examine de près ce qu’ils en ont dit et qu’on le confronte avec ce livre De l’Empire de la raison, on se persuade aisément qu’ils n’en ont point connu d’autres que celui-là. Car premièrement plusieurs manuscrits et quelques Bibles grecques imprimées lui donnent le nom de quatrième des Machabées. Philostorge, Eusèbe, et saint Jérôme ont connu ce livre De l’Empire de la raison, et l’ont attribué à Josèphe, sous le nom de livre des Machabées. Saint Grégaire de Nazianze, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome, dans les éloges qu’ils ont faits des sept frères Machabées et du vieillard Eléazar, ont visiblement suivi ce qui est raconté dans cet ouvrage. Marius Victorinus l’Africain, qui enseignait la rhétorique à Rome sous l’empereur Constance, dans son poëme des Machabées, paraît aussi avoir eu devant les yeux les livres dont nous parlons.
L’auteur du quatrième des Machabées n’a fait qu’amplifier et embellir l’histoire du saint vieillard Eléazar et des sept frères Machabées qui souffrirent le martyre à Antioche avec leur mère, et qui est rapportée plus en abrégé dans le second livre des Machabées, chapitre 6 et 7. On pourrait soupçonner que cette pièce est un morceau de l’ouvrage de Jason, tel qu’il était avant qu’on l’eût abrégé, si l’auteur du quatrième des Machabées n’y avait mis une longue préface qui fait voir que c’est un ouvrage séparé et qui n’a nul raport à aucun autre ; et s’il ne s’éloignait quelquefois très-considérablement du texte qui est comme l’original sur lequel il travaille. Il suppose partout que la scène du martyre des sept frères se passa à Jérusalem. Il dit que Apollonius gouverneur de Syrie et de Phénicie, fut député à Jérusalem par le roi Séleucus Nicator, pour enlever les trésors du temple ; ce qui est contraire à la véritable histoire, qui nous apprend que ce fut Héliodore qui fut envoyé pour cet effet par Séleucus Philopator. Il y a encore quelques autres fautes contre la vérité et l’exactitude de l’histoire, que nous avons relevées dans notre préface sur ce quatrième livre des Machabées. On trouve cet ouvrage dans le recueil des œuvres de Josèphe l’historien, et il porte son nom dans les imprimés et dans plusieurs manuscrits ; mais j’ai peine à l’en croire auteur, premièrement à cause de la différence du style et ensuite parce qu’il est différent du récit de Josèphe dans plus d’une circonstance de l’histoire.
Sixte de Sienne, ayant trouvé un manuscrit grec qui contenait l’histoire du pontificat de Jean Hircan, dans la bibliothèque des dominicains de Lyon, ne douta pas ce ne fût le quatrième livre des Machabées ; il l’avança et le persuada à plusieurs. Quelque temps après, cette bibliothèque ayant été brûlée, le manuscrit y fut consumé dans les flammes ; en sorte qu’on n’espérait presque plus de le recouvrer. Mais M. Le Jal ayant fait imprimer dans sa Polyglotte une histoire arabe des Machabées, depuis le roi Séleucus, fils du grand Antiochus, jusqu’au temps de Jésus-Christ, on a reconnu dans cette histoire arabe tous les caractères que Sixte de Sienne avait remarqués dans le grec qu’il avait eu en main. C’est ce qui a déterminé le père La Haye, dans sa très-grande Bibliothèque, de le faire imprimer en latin, sous le nom de quatrième des Machabées. Mais, comme cette histoire n’a jamais été connue des anciens sous le nom de quatrième des Machabées, et qu’il fait partie d’un grand ouvrage qui n’a jamais été cité sous ce nom, il vaut mieux dire que Sixte de Sienne s’était trompé en le prenant pour le quatrième des Machabées, ce qu’il n’avait fait que sur une simple conjecture et sans aucune preuve tirée ni de l’inscription de l’ouvrage, ni du témoignage des anciens. On peut voir sur cette matière nos préfaces sur les livres des Machabées, et en particulier celle sur le quatrième de ces livres.