Les machines de guerre propres à assièger des villes sont d’une invention assez récente, comparées à la plus haute antiquité. Il n’en est fait aucune mention dans Homère, et Diodore de Sicile remarque que Sardanapale, roi d’Assyrie, soutint dans Ninive un siège de sept ans, parce qu’alors les machines propres à battre et à prendre les villes n’étaient pas encore inventées. Mais vers le même temps nous lisons qu’Osias, roi de Juda (2 Chroniques 26.14), avait amassé dans ses arsenaux des boucliers, des lances, des casques, des cuirasses, des arcs et des frondes pour jeter des pierres.
Il fit de plus dans Jérusalem des machines d’une invention particulière, pour étre placées sur les tours et sur les angles des murs, pour lancer des dards et de grosses pierres : et son nom devint célèbre dans les pays éloignés, parce qu’il se rendit admirable par cette manière de se fortifier. Voilà peut-être le premier exemple de machines de guerre.
Quelques soixante et dix ans après, Nabuchodonosor, dans les sièges qu’il fit de la ville de Tyr et de celle de Jérusalem, employa les béliers et les balistes. Le mot liéIreu car, que l’Écriture emploie pour désigner cette machine de guerre, signifie un vrai bélier (Ézéchiel 4.1-2,21,22), et, par métaphore, une machine avec laquelle on enfonçait les portes et on renversait les murailles des villes. Le prophète Ézéchiel, parlant du siège de Tyr par Nabuchodonosor, marque la manière ancienne dont on assiégait les places (Ézéchiel 26.29) : Le roi de Babylone élèvera contre vous des tours ; il formera des terrasses autour de vous ; il lèvera le bouclier contre vous ; il placera ses machines de cordes, il les placera contre vos murs, et il détruira vos tours par ses armées.
Les anciens, lorsqu’ils assiégaient une place, l’enfermaient d’ordinaire de terrasses, de tours et de fossés, afin que les assiégés ne pussent ni faire de sorties, ni tirer du secours de dehors. Lever le bouclier, peut marquer ce que les Romains appelaient faire la tortue, lorsqu’on faisait approcher les soldats, couverts de leurs boucliers serrés les uns contre les autres, comme l’écaille d’une tortue, pour faire la sape des murailles, ou pour briser les portes ou y mettre le feu. Les machines de cordes sont les balistes ou les catapultes, dont on se servait pour lancer des pierres ou des dards ; ou bien on peut entendre sous ce nom des corbeaux ou crochets attachés à des cordes, que l’on jetait au haut des murs, et parle moyen desquels on les arrachait et on les démolissait. On peut entendre de ces mains ou de ces crochets de fer ce passage du second livre de Samuel (2 Samuel 9.4 ;17.27) : Alors tout Israël amassera des cordes contre cette ville, et ils en arracheront jusqu’à la dernière pierre dans le torrent.