Dieu prononça dès le commencement sa malédiction contre le serpent (Genèse 3.14-17) qui séduisit Ève, et contre la terre qui ne devait plus produire que des ronces et des chardons ; il prononça aussi sa malédiction contre Caïn, qui avait trempé ses mains dans le sang de son frère Abel (Genèse 4.11). Le Seigneur promet de bénir ceux qui béniront Abraham et de maudire ceux qui le maudiront (Genèse 12.3). Ces malédictions de Dieu ne sont pas de simples imprécations, des désirs stériles et impuissants ; elles portent leurs effets et sont suivies de tous les malheurs que Dieu a prononcés. Balaam, étant appe : é pour maudire Israël, répondit (Nombres 23.8) : Comment maudirai-je celui que le Seigneur n’a point maudit ? Mes malédictions, non plus que mes bénédictions, ne serviront de rien, si Dieu ne m’inspire les unes et les autres, et s’il n’en est le premier auteur.
L’apôtre saint Jude racontant le combat que l’archange saint Michel eut contre le démon, au sujet du corps de Moïse, remarque que cet archange n’osa le maudire, ni faire d’imprécations contre lui ; mais il se contenta de lui dire : Que le Seigneur te commande. Il en conclut qu’il n’est pas permis aux fidèles de proférer ni blasphème, ni imprécation, ni malédiction contre personne. Toutefois nous trouvons que quelquefois les saints ont maudit certaines personnes : par exemple, Noé maudit, Chanaan, son petit-fils (Genèse 9.25) ; Jacob maudit la fureur de ses deux fils, Lévi et Siméon (Genèse 49.7), qui tuèrent les Sichémites et saccagèrent la ville de Sichem. Moïse ordonne au peuple d’Israël de prononcer des malédictions contre les violateurs de la loi (Deutéronome 27) ; Josué maudit celui qui rebâtira Jéricho (Josué 6.26), et l’histoire nous apprend que ces imprécations n’ont pas été sans effet, non plus que celles que le Sauveur prononça contre le figuier stérile, qui sécha le même jour ; ni celles que l’on écrivait contre la femme soupçonnée d’adultère (Marc 11.21) : si elle était coupable, on en voyait bientôt des marques par les maux dont elle était accablée.
Mais ces malédictions sont ou ordonnées de Dieu même, ou prononcées par des hommes remplis de son Esprit, ou ce sont de simples prédictions de ce qui doit arriver, énoncées en termes d’imprécations. Elles ne sont ni des effets de l’emportement, ni de la vengeance, ni de l’impatience ; elles ne sont donc pas du nombre de celles que Dieu condamne dans sa loi et dans ses Écritures. Par exemple, il défend, sous peine de la vie, de maudire son père ou sa mère (Exode 21.17), de maudire le prince de son peuple (Exode 22.28), de maudire un sourd (Lévitique 19.14), soit qu’on l’entende d’un homme réellement sourd ou d’un absent, et qui ne peut entendre ce qu’on dit contre lui : le blasphème ou la malédiction contre Dieu est puni du dernier supplice (Lévitique 24.10-11). Dans l’Évangile (Matthieu 5.11), Jésus-Christ prononce bienheureux ceux de ses disciples qui sont injustement chargés de malédictions ; il leur ordonne de bénir ceux qui les maudissent (Luc 6.28 Romains 12.14), de leur rendre bénédiction pour malédiction ; et c’est en effet ce que saint Paul (1 Corinthiens 4.12 1 Timothée 4.10) pratiquait envers ses ennemis comme il le dit lui même.
Les Hébreux enseignent que Barac maudit et excommunia un nommé Méroz qui, deineurant au voisinage du torrent Cison, ne vint point au secours des Israélites, dans le combat qu’ils livrèrent à Jabin. Barac l’excommunia donc, au son de quatre cents trompettes, selon cette parole du livre des Juges (Juges 5.23) : Maudissez la terre de Méroz, dit l’ange du Seigneur, maudissez ceux qui l’habitent, parce qu’ils ne sont pas venus au secours du Seigneur. Cet ange du Seigneur est, disent-ils, Barac lui-même ; d’autres croient que c’est l’archange saint Michel, général de l’armée du Seigneur, qui maudit Méroz, l’ange du pays des chananéens. Voyez Excommunication, Anathème.