Malichus, ou Malchus, Juif d’une naissance illustre, et d’un pouvoir considérable dans sa nation. Il se joignit aux Romains contre Alexandre, fils d’Aristobule, qui faisait la guerre à Hircan. Il partageait avec Antipater, père du grand Hérode, presque toute l’autorité dans la Judée sous le faible gouvernement d’Hircan, prince et grand prêtre des Juifs ; il avait été pendant longtemps un des plus fermes appuis de ce prince contre les entreprises d’Aristobule. C’était un homme rusé et intrigant, qui, non content d’être le second favori, voulait être le premier. Comme Antipater était le seul qui lui fit ombrage, il résolut de se défaire de lui. Antipater s’en aperçut, et résolut de l’éviter. Mais Malichus, se voyant découvert, vint trouver Antipater, et à force de serments, de protestations et d’adresse, il sut lui persuader et à ses fils qu’il était innocent. Ils se réconcilièrent ; Antipater même le fit de si bonne foi qu’il lui sauva la vie auprès de Murcus ; qui, sur les avis qu’il reçut qu’il tramait quelque chose, voulait le faire mourir.
Malgré cette nouvelle obligation, Malichus ne laissa pas d’exécuter son mauvais dessein. Il gagna l’échanson d’Hircan, et un jour qu’Antipater mangeait chez ce prince, il l’y fit empoisonner ; aussitôt après il s’empara à main armée du gouvernement de Jérusalem. Cependant il n’oublia rien pour persuader à Hérode et à Phasael, fils d’Antipater, qu’il n’avait nulle part à cet attentat. Hérode n’en crut rien. Il était même résolu d’en venir à la force ouverte pour venger la mort de son père ; mais Phasael, pour éviter une guerre civile, modéra sa vivacité. Ils résolurent toutefois de concert de venger la mort de leur père ; mais de le faire sans trop grand éclat. Hérode donna avis secrètement à Cassius du crime de Malichus, et obtint de lui la permission de le venger. Cassius donna ordre au gouverneur de Tyr de le soutenir et de l’aider dans cette entreprise.
Quelque temps après, Cassius s’étant rendu maître de Laodicée, tous les princes et les grands seigneurs de Syrie et de Palestine se rendirent dans cette ville pour faire leur compliment et offrir leurs présents à Cassius. Hircan, Malichus et Hérode se mirent en chemin pour y venir avec les autres ; et comme ils s’approchaient de Tyr où ils devaient coucher, Hérode invita toute la compagnie à souper et ayant fait partir ses gens devant pour préparer à manger, il fit connaître aux officiers de la garnison romaine les ordres qu’il avait de Cassius pour eux au sujet de Malichus. Aussitôt on détacha un parti qui sortit de la ville, et se jeta sur Malichus et le mit à mort. Son dessein, s’il avait pu entrer dans la ville sans accident, était de faire évader un fils qu’il y avait en étage, de retourner en Judée, de faire soulever le pays contre les Romains ; et pendant la confusion où les jetteraient les guerres civiles, de se faire reconnaître roi de Judée.