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Mamzer
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Ce terme est hébreu, et il signifie un bâtard. Dieu défend d’admettre les mamzers ou bâtards dans l’assemblée de son peuple, jusqu’à la dixième génération (Deutéronome 23.2).

Les rabbins distinguent trois sortes de mamzers ;

1° Ceux qui sont nés d’un mariage, contracté entre parents, dans les cas défendus par la loi ;

2° Ceux qui viennent d’une conjonction criminelle et punissable, par les juges, du dernier supplice, comme sont les enfants adultérins ; 3° ceux qui naissent d’un commerce incestueux, et condamné dans la loi sous peine de retranchement.

Ils distinguent encore entre les mamzers certains et les mamzers incertains. Les premiers sont ceux dont la naissance est notoirement corrompue, et ils sont exclus sans difficulté de l’assemblée du Seigneur. Les mamzers douteux sont ceux dont la naissance est incertaine. On ne pouvait pas en rigueur les exclure de l’assemblée, toutefois les scribes les en éloignaient, de, peur qu’il ne se glissât parmi eux quelques mamzers certains.

Mais la Vulgate, les Septante et les auteurs du Droit Canon prennent mamzer pour le fils d’une femme prostituée. Voici trois vers qui marquent la distinction des différentes sortes de bâtards reconnus dans le Droit :

Mamzeribus scortum, sed moecha nothis dedit ortum,

Ut seges a spica, sic spurius est ab amica,

Dant naturales, quae nobis sunt speciales.

Quelques interprètes prennent mamzer, pour un terme générique, qui signifie toute sorte d’enfants illégitimes et dont la naissance est souillée, de quelque manière que ce soit. D’autres croient que l’hébreu mamzer marque plutôt un étranger qu’un bâtard. Jephté, qui était fils d’une femme publique (Luc 16.9), fut chef et juge d’Israel. Pharez et Zaram, fils de Thamar, conçus d’une espèce d’inceste, sont comptés parmi les aïeux de David. Chez les Hébreux, le fils suivait la qualité de la mère. Comment donc un fils bâtard, né d’une mère israélite, aurait-il été exclu de l’assemblée d’Israël, jusqu’à la dixième génération, pendant que les Égyptiens et les Iduméens y étaient admis après la troisième génération ? Il y a donc assez d’apparence que mamzer dit quelque chose de plus qu’un simple bâtard, et qu’il marque un bâtard né d’une femme étrangère et idolâtre. Les Septante rendent le terme mamzer dans Zacharie (Zacharie 9.6), par un étranger ; et (Deutéronome 23.2), par le fils d’une femme débauchée. Le terme hébreu ne se rencontre qu’en ces deux endroits, et sa signification n’est nullement assurée. L’auteur des Traditions sur les livres des Rois et des Paralipomènes croit que Salomon était du nombre des mamzers, et que quand Bethsabée dit à David (1 Rois 1.21) : Erimus ego et filius meus Salomon peccatores, elle veut dire : Mon fils sera traité comme un mamzer, et moi comme une débauchée ; mais que David, voulant les mettre à couvert de cela, déclara son fils Salomon son successeur au royaume.

Quant à ces mots : Il n’entrera point dans l’assemblée du Seigneur jusqu’à la dixième génération, ils ne veulent pas dire que ces sortes d’enfants ne pourront pas se convertir, et entrer dans le judaïsme qu’après la dixième génération ; mais qu’ils n’auront pas part aux emplois, aux dignités, aux privilèges des vrais Hébreux, qu’après un long temps, et lorsque la tache de leur naissance sera entièrement effacée.