Cet auteur était Égyptien et prêtre d’Héliopolis en Égypte. Comme son histoire est souvent citée par Josèphe, il est important de le faire connaître ici. Il avait écrit en grec l’histoire des différentes dynasties, depuis le commencement de la monarchie égyptienne jusqu’au temps de Nectanètie, dernier roi que l’Égypte ait eu de race égyptienne, et jusqu’au temps que Darius Ochus entra dans ce pays et s’en rendit maître, quinze ans avant l’expédition d’Alexandre le Grand contre les Perses. Manéthon se qualifie secrétaire ou écrivain des temples de l’Égypte ; il vivait du temps de Ptolémée Philadelphe, auquel il dédie son ouvrage. Ainsi il s’en faut bien qu’il n’ait été auteur contemporain des choses qu’il écrit. Il admet trente dynasties de cent treize générations qui ont régné en Égypte depuis le commencement de la domination égyptienne jusqu’à Nectanèbe. Il met dans cette succession de rois des dieux, des demi-dieux et des hommes, et leur assigne à chacun un certain nombre d’années, dont le résultat ou le total excède de beaucoup les années qui nous sont connues par les livres des Hébreux.
C’est à Syncelle que nous avons l’obligation de l’abrégé de cet ancien historien qu’il nous a conservé. Son histoire était partagée en cinq parties : la première contenait l’histoire des dieux ; la seconde, celle des demi-dieux, rois d’Égypte ; et la troisième, celle des rois de ce pays. On ne trouve dans l’abrégé qui nous en reste que les noms des princes et les années de leurs règnes ; encore ne faut-il pas les compter de suite, parce que ce sont des princes de différentes contrées d’Égypte, qui ont régné quelquefois ensemble en différentes provinces du pays. Josèphe, dans son premier livre contre Appion, rapporte de grands extraits de cet auteur, dans lesquels il distingue ce que Manéthon a tiré des anciens monuments des temples de l’Égypte, de ce qu’il dit de lui-même ou de ce qu’il emprunte des bruits fabuleux des Égyptiens. Il a trouvé dans les monuments sacrés du pays que les Hébreux étaient entrés dans l’Égypte avec une grande armée, et avaient subjugué ce royaume ; qu’ensuite, en ayant été chassés, ils s’étaient emparés de la Judée et y avaient bâti Jérusalem et le temple. Cela est vrai jusque-là. Mais ce qu’il ajoute, que, sous le règne d’un prétendu roi, nominé Aménophis, ils étaient sortis de l’Égypte avec une multitude de lépreux et d’autres malades, joignant à ce récit plusieurs contes fabuleux, tout cela ne mérite aucune créance, comme n’étant fondé que sur des bruits vagues et populaires.