Fils de Jérula [lisez Jemla], de la tribu d’Éphraïm, et prophète du Seigneur. Un jour Michée dit de la part du Seigneur à un de ses confrères (1 Samuel 20.35), du moins on croit communément que ce fut Michée, quoique l’Écriture ne le nomme pas ; il dit à un de ses confrères de le frapper et de le blesser. L’autre prophète s’en défendit ; et Michée lui dit : Aussitôt que vous m’aurez quitté, un lion vous tuera. La chose arriva comme il l’avait prédite. Michée ayant rencontré un autre homme, il lui ordonna de le frapper. Cet homme le frappa et le blessa ; et le prophète s’étant rendu méconnaissable, en se mettant de la poussière sur le visage, alla au devant du roi Achab.
Lorsque le roi passait, Michée lui cria : Seigneur, votre serviteur étant dans le combat, quelqu’un lui a mis en main un prisonnier de guerre, et lui a dit : Gardez-moi bien cet homme-là ; et s’il s’échappe, votre vie répondra de la sienne, ou vous me paierez un talent d’argent. Et comme j’étais dans le trouble, regardant çà et là, cet homme est disparu tout d’un coup. Achab lui répondit : Vous avez vous-même prononcé votre arrêt. Alors le prophète ayant essuyé la poussière qui était sur son visage, il dit au roi : Voici ce que dit le Seigneur : Parce que vous avez laissé échapper de vos mains un homme digne de mort, votre vie répondra pour la sienne, et votre peuple pour son peuple. Il voulait parler de Benadad, roi de Syrie, qu’Achab avait laissé échapper. Mais le roi d’Israël méprisa ce que Michée lui avait dit, et retourna plein de colère à Samarie.
Environ trois ans après, Achab, ayant résolu de faire la guerre à Benadad, roi de Syrie, le même, qu’il avait renvoyé trois ans auparavant, invita Josaphat, roi de Juda, à venir avec lui à celle expédition. Josaphat, qui se trouvait alors à Samarie, y consentit (1 Rois 22.3-5) mais il souhaita que l’on fît venir quelque prophète du Seigneur, afin qu’il pût le consulter sur le succès de cette guerre : car il ne faisait aucun fonds sur tous les discours des prophètes de Baal, qui promettaient à Achab une victoire assurée. On fit donc venir Michée, fils de Jérula, et ou lui dit en chemin : Ayez soin que vos paroles soient conformes à celles des autres prophètes, qui promettent au roi un heureux succès. Michée répondit : Vive le Seigneur ; je ne dirai que ce que le Seigneur me mettra dans la bouche. Il se présenta donc devant les deux rois, et le roi Achab lui ayant demandé : Devons-nous marcher contre Ramoth de Galaad ? Michée répondit : Marchez, allez heureusement ; le Seigneur la livrera entre vos mains. Le roi ajouta : Je vous conjure au nom du Seigneur de ne me parler que selon la vérité. Alors Michée lui dit d’un ton plus sérieux : J’ai vu tout Israël dispersé dans les montagnes, comme des brebis qui n’ont point de pasteur ; et le Seigneur a dit : Ils n’ont point de chef ; que chacun s’en retourne en paix dans sa maison.
Alors Achab dit au roi Josaphat : Ne vous avais-je pas bien dit que cet homme ne me prophétise jamais rien de bon, mais qu’il me prédit toujours du mal ? Et Michée ajouta : Écoutez la parole du Seigneur : J’ai vu le Seigneur sur son trône, et toute l’année du ciel autour de lui à droite et à gauche ; et le Seigneur a dit : Qui séduira Achab, roi d’Israël, afin qu’il marche contre Ramoth de Galaad, et qu’il y périsse ? Et l’un dit une chose, et l’autre une autre. Alors l’Esprit malin s’avança, et dit au Seigneur : C’est moi qui séduirai Achab, en mettant le mensonge dans la bouche de tous as prophètes. Le Seigneur lui dit : Va, tu y réussiras : fais comme lu l’as dit. Michée ajouta : Maintenant donc le Seigneur a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous vos prophètes, et il a prononcé voire arrêt. En même temps Sédécias, fils de Chanana, s’avança près de Michée, et lui donna un soufflet, en disant : L’Esprit du Seigneur m’a-t-il donc quitté, et n’a-t-il parlé qu’à toi ? Michée lui dit : Tu le verras, lorsque lu passeras de chambre en chambre pour le cacher. Alors Achab, roi d’Israël, dit à ses gens : Prenez Michée, et qu’on le mène chez Amon, gouverneur de Samarie, et qu’on le nourrisse de pain de douleur et d’eau d’affliction (1 Rois 22.27), jusqu’à ce que je revienne en paix. Michée lui dit : Si vous revenez en paix, le Seigneur n’a point parlé par moi. Peuples, tous tant que vous êtes, soyez-en témoins. L’événement vérifia la prédiction de Michée. Achab fut percé, dans le combat, par un coup de flèche qu’un soldat syrien lui tira au hasard. Depuis ce temps on ignore ce qui arriva à Michée, fils de Jérula. (Jemla).
Michée, de Morasthi, ou de Maresa, bourgade près de la ville d’Eleuthéropolis, dans la partie méridionale de Juda, est le septième dans l’ordre des douze petits prophètes. Il prophétisa sous les rois de Juda, Joathan, Achaz et Ézéchias, pendant environ cinquante ans. Quelques-uns l’ont confondu mal à propos avec Michée, fils de Jérula (lisez Jemla), dont nous venons de parler, et qui vivait dans le royaume des dix tribus, sous le règne d’Achab. Le faux Dorothée dit que Michée fut enterré dans le cimetière des Enakim, dont la demeure avait été à Hébron et aux environs. Ce prophète parut presque en même temps qu’Isaïe, et il a même emprunté quelques traits du prophète Isaïe. Comparez Isaïe 2.2, et Michée, 4, et Isaïe 41, 45, avec Michée 4.13.
La prophétie de Michée ne contient que sept chapitres. Il prédit d’abord les malheurs de Samarie, qui fut prise par Salmanazar, et réduite en un monceau de pierres (Michée 1.6-7). Il parle ensuite contre Juda, et annonce les maux, que Sennachérib fit dans ce pays-là sous le roi Ézéchias (Michée 1.9-15). Il invective ensuite contre les désordres de Samarie ; il prédit la captivité des dix tribus, et leur retour dans leur pays (Michée 2.1). Le chapitre 3 contient une forte invective contre les princes de la maison de Jacob et les juges de la maison d’Israël, qui marquent en cet endroit, à mon avis, les principaux du royaume de Juda, les juges, les magistrats, les prêtres, les faux prophètes. Il leur reproche leur avarice, leur injustice et leurs faussetés, et dit qu’ils seront cause que Jérusalem sera réduite en un monceau de pierres, et la montagne du temple comme une forêt. Nous apprenons de Jérémie (Jérémie 26.18-19) que cette prophétie fut prononcée du temps d’Ézéchias, et qu’elle servit du temps de Joachim à garantir Jérémie de la mort qu’on voulait lui faire souffrir, pour avoir prophétisé à-peu-près la même chose que Michée contre Jérusalem.
Après ces tristes prédictions, Michée parle du règne du Messie et de l’établissement de l’Église chrétienne (Michée 4.1-11). Et comme les temps heureux qui suivirent le retour de la captivité de Babylone, et qui étaient la figure du règne du Messie, furent troublés par une tempête de peu de durée, Michée la prédit d’une manière qui a beaucoup de rapport à ce qu’Ézéchiel dit de la guerre de Gog contre les saints (Ézéchiel 38 ; Ézéchiel 39), et que nous croyons regarder le règne de Cambyse, ou la guerre d’Holopherne. Michée parle en particulier de la naissance du Messie, qui doit naître à Bethléem (Michée 5.2-3), et dont la domination doit s’étendre jusqu’aux extrémités du monde. Il dit que Dieu suscitera sept pasteurs, qui domineront avec l’épée dans le pays d’Assur et dans la terre de Nemrod : ce que nous expliquons de Darius, fils d’Hystaspe, et des sept conjurés qui tuèrent les Mages et qui possédèrent l’empire des Perses, après l’extinction de la famille de Cyrus. Le chapitre 5 depuis le v. 7 jusqu’à la fin, décrit l’état naissant des Juifs dans leur pays, depuis le règne de Darius, et après les Machabées ; mais de telle sorte qu’il y mêle toujours divers traits qui ne conviennent qu’à l’Église de Jésus-Christ.
Les deux derniers chapitres de Michée contiennent d’abord une longue invective contre les désordres de Samarie. Ensuite il prédit la chute de Babylone, le rétablissement des villes d’Israël, la grandeur du pays possédé par les Israélites, leur bonheur, les grâces dont Dieu les favorisera ; tout cela en des termes si élevés, qu’ils conviennent principalement à l’état de l’Église chrétienne. Saint Jérôme dit que Michée fut enterré à Morasthi ; et Sozomènes dit que son tombeau fut révélé à Zébenne, évêque d’Eleuthéropolis, sous l’empire du grand Théodose. Il nomme le lieu de sa sépulture Bérelsate, qui est apparemment la même que Morasthi, à dix stades d’Eleuthéropolis. L’auteur de la vie et de la mort des prophètes, imprimé sous le nom de saint Épiphane, porte que Michée fut précipité et mis à mort par Joram, fils d’Achab, qui ne pouvait souffrir la liberté avec laquelle il lui reprochait ses désordres. Mais nous avons déjà remarqué que cet auteur, comme plusieurs autres, confondait Michée de Morasthi avec Michée, fils de Jérula [Jemla].
Fils de Gamarias, avertit les princes de Juda que Baruc avait lu dans le temple, en présence de tout le peuple, les prophéties du prophète Jérémie, qui était alors en prison (Jérémie 36.11-13). Ce qui fut cause que l’on fit venir Baruc devant le roi Joakim, lequel coupa avec un canif le livre de Jérémie et le jeta au feu.
Voyez Ben-Haïl