Moïse dit que les femmes dévotes qui veillaient à la porte du tabernacle dans le désert, offrirent d’un grand cœur leurs miroirs pour être employés à faire un bassin d’airain, qui devait servir aux purifications des prêtres (Exode 38.8). Ces miroirs étaient d’airain sans doute, puisqu’on en fit ce bassin avec sa base. Cependant quelques interprètes croient qu’ils étaient de verre, ayant seulement la bordure d’airain ; d’autres veulent qu’on les ait placés autour du vase d’airain, afin que les prêtres pussent s’y regarder au miroir ; mais il est inutile de recourir à ces explications, puisque l’on sait que l’on faisait autrefois des miroirs de cuivre, d’étain, d’argent et d’un mélange de cuivre et d’argent ; ces derniers étaient les plus estimés. On en voit encore aujourd’hui de métal qui sont estimés. Saint Cyrille d’Alexandrie dit que lorsque les femmes égyptiennes vont au temple en habit de lin, elles portent un miroir à la main gauche et un sistre à la main droite.
Les magiciens se sont quelquefois servis de miroirs dans leurs opérations superstitieuses et diaboliques ; et il y en a qui veulent que Salomon même et Alexandre le Grand aient eu de ces miroirs, par le moyen desquels ils connaissaient toutes les choses naturelles, et quelquefois même les surnaturelles. La manière de deviner, par le moyen d’un miroir est connue chez les anciens. On disait qu’en bandant les yeux à un enfant il ne laissait pas de voir dans le miroir ce que l’on désirait connaître. Les sorciers de Thessalie, qui se vantaient de faire descendre la lune, écrivaient sur un miroir les choses sur lesquelles on les consultait, et celui qui les consultait lisait la réponse, non sur le miroir, mais dans la lune, qu’ils faisaient, disait-on, descendre du ciel : Lunain deducere.
Les miroirs des anciens étaient ronds pour l’ordinaire. Sénèque invective contre le luxe des femmes de son temps, qui était venu à un tel point, qu’un miroir était aussi grand que le corps humain, et coûtait davantage qu’il ne fallait autrefois pour la dot de la fille d’un général de l’armée romaine. Croyez-vous, ajoute-t-il, que les filles de Scipion eussent des miroirs enchâssés dans l’or, elles à qui le sénat donna une dot médiocre, qui ne suffirait pas aujourd’hui à acheter un miroir à la fille d’un affranchi ?
Sophocle, cité dans Athénée, représente Vénus se considérant au miroir, après s’être parfumée tout le corps. Cela montre l’antiquité des miroirs chez les Grecs. Pausanias parle d’un autre miroir dont on se servait pour savoir si les malades guériraient ou non. On attachait le miroir à une ficelle, on le descendait doucement jusque sur la superficie de l’eau, en sorte que son rond ou extrémité, sa bordure touchait à l’eau ; alors on faisait sa prière à la déesse en lui brûlant de l’encens, et on considérait dans le miroir la personne malade, dans l’état où elle devait être après sa maladie, morte ou en santé.