Nue, ou Nuée. Lorsque les Israélites sortirent de l’Égypte Dieu leur donna une colonne de nuée pour les conduire dans leurs marches (Exode 13.21-22). Elle les accompagna depuis leur départ de Socoth, selon saint Jérôme dans son Épître à Fabiole, ou depuis Ramessé, selon d’autres, ou seulement depuis Ethan, jusqu’à la mort d’Aaron, selon la plupart des commentateurs. Cette colonne était d’ordinaire à la tête de l’armée d’Israël. Mais quand ils furent arrivés sur la mer Rouge, vis-à-vis de Phihahiroth, et que l’armée des Égyptiens eut paru devant eux, la cotonne de nuée, qui était à la tête du camp d’Israël, vint se placer entre le camp des Israélites et celui des Égyptiens (Exode 14.19-20), en sorte que les Égyptiens ne purent approcher des Israélites de toute la nuit.
Mais le matin vers le point du jour, voyant que la nuée s’avançait vers la mer, et suivait les Israélites qui avaient passé dans son lit desséché pendant la nuit, les Égyptiens les voulurent poursuivre ; et ils furent tous enveloppés sous les eaux de la mer Rouge, qui se renversèrent sur eux. Cette nuée continua toujours depuis à suivre les Israélites dans le désert. Elle était claire et lumineuse pendant la nuit, pour les éclairer dans les ténèbres ; et pendant le jour, elle était sombre et épaisse, pour les garantir des chaleurs excessives de ces déserts d’Arabie, où ils voyageaient. Il parait que l’ange du Seigneur gouvernait les mouvements de cette nuée, puisqu’il est dit (Exode 14.19), que l’ange du Seigneur qui était au-devant du camp d’Israël vint se placer derrière eux, et que la colonne de nuée qui était à la tête du camp alla se mettre à la queue de l’armée. Où l’on voit que l’ange et la nuée font le même mouvement.
La même nuée, par ses mouvements, donnait aussi aux Israélites le signal pour camper ou pour décamper (Nombres 9.15-17 ; 10.34-35 Exode 40.34-35) ; en sorte que le peuple demeurait où elle demeurait, aussi longtemps qu’elle ne se levait point ; et dès qu’elle se levait, le peuple décampait, et la suivait jusqu’à ce qu’elle s’arrêtât. On lui donne le nom de colonne, à cause de sa forme, qui était haute et élevée comme une pile et un amas de brouillards. Il y a des interprètes qui veulent qu’il y ait eu deux nuées : l’une, pour éclairer ; et l’autre, pour couvrir et pour ombrager le camp d’Israël. Saint Paul (1 Corinthiens 10.1-2) dit que la colonne de nuée était la figure du baptême. En effet, elle éclairait les Israélites pendant la nuit, ainsi que le baptême nous éclaire, et nous rend enfants de lumière. Elle les protégeait, et était un gage continuel de la protection et de la puissance de Dieu, de même que le baptême nous procure l’un et l’autre de ces avantages. On peut voir les commentateurs sur l’Exode (Exode 23.21-22 ; 14.19-20), et la dissertation de Christian.
Lorsque le Seigneur apparut à Sinaï, ce fut au milieu de la nuée (Exode 19.9 ; 34.4) ; et après que Moïse eut dressé et consacré le tabernacle, la nuée remplit son parvis, en sorte que ni Moïse ni les prêtres n’y pouvaient entrer (Exode 6.32-33). La même chose arriva à la dédicace du temple de Jérusalem (1 Chroniques 5.13). Lorsque la nuée paraissait sur la tente, devant laquelle se faisaient les assemblées du peuple dans le désert, on jugeait que le Seigneur était présent (Exode 16.10 ; 33.9 ; Nombres 11.25). Le mouvement de la nuée qui résidait sur cette tente était le symbole de la présence du Seigneur. L’ange descendait dans la nuée, et parlait de là à Moïse, sans être vu du reste du peuple. Voyez (Exode 16.10 ; Nombres 11.25 ; 12.5). Il est ordinaire dans l’Écriture, lorsqu’on parle des apparitions de Dieu, de le représenter toujours environné de nuages qui lui servent comme de char, et qui voilent sa majesté redoutable (Job 22.14 ; Psaumes 103, 3 ; Isaïe 9.1 ; 17.5 ; 24.30 Psaumes 17.12-13 ; 96.2).
Nuée
Se met quelquefois pour le brouillard du matin (Osée 6.4 ; 13.3). Et Isaïe (Isaïe 18.7) : Quasi nubes roris. L’Écriture nous représente les nues comme des réservoirs d’eau ou de pluies qui se répandent sur la terre au commandement de Dieu (Job 26.8) : Dieu lie les eaux dans les nues, comme dans une outre. Il les envoie ensuite sur la terre, comme par le tuyau d’un arrosoir (2 Rois 23.12). Job, parlant de la matière du chaos qui couvrait toute la terre au commencement du monde (Job 38.9), dit que Dieu avait enveloppé la mer ou les eaux comme d’une nuée, et qu’il l’avait couverte de ténèbres comme un enfant au maillot est enveloppé de ses langes. L’auteur de l’Ecclésiastique emploie la même expression (Ecclésiaste 24.6). Isaïe (Isaïe 45.8) prie le Seigneur de hâter la venue du Juste, et d’ordonner aux nuées de le pleuvoir sur la terre : Et nubes pluant Justum. Quand les auteurs sacrés nous parlent de la venue du Fils de Dieu à son second avénement (Matthieu 24.30 Luc 21.17 Apocalypse 14-16), ils nous le décrivent descendant sur les nues et environné de toute sa majesté.