ossifraga, sorte d’aigle dont la chair est défendue dans le Lévitique (Lévitique 11.7), sous le nom de griffon. L’ossifrague, ou orfraie est ainsi nommée, à cause qu’elle casse les os, et qu’elle se repaît de leur moelle. On dit qu’elle déterre les corps des cimetières pour manger ce qu’elle trouve dans leurs os ; c’est ce qui lui a fait donner, par les Latins, le nom d’avis bustuaria, et par les Perses, celui d’ustukhan khour, le mangeur d’os : On l’appelle, en français orfraie.
Les Arabes et les Perses l’appellent aussi humai, et disent qu’il est le plus excellent des oiseaux, parce qu’il ne fait mal à aucun autre animal, mais se nourrit simplement des os qu’il trouve.
Aristote dit que l’ossifrague est le plus grand des aigles, à la réserve de ceux d’Allemagne. Son pennage est cendré, tirant sur le blanc. Pline dit qu’elle est sortie de l’aigle de mer, qui conçoit et retient de tous les oiseaux de proie. Elle nourrit non seulement ses petits, mais aussi ceux qu’un autre aigle a rejetés ; elle a la vue faible, contre le naturel des autres aigles.
Voici la description qu’Aldrovand fait de l’orfraie Elle a le bec extrêmement courbé ; et, à l’endroit par où il est crochu, il est large de deux doigts, et long en tout d’une paume. Sa couleur est de corne brune, tirant sur le bleu obscur. L’ouverture du bec est de la largeur d’une paume et un doigt ; la langue est semblable à celle de l’homme, et est large par le bout et par les deux côtés ; elle a deux crochets faits comme des hameçons. Sa tête et son cou sont couverts de plumes longues et étroites, et de son menton pendent des poils menus, à la manière d’une barbe. Le champ de son pennage est diversifié en trois couleurs, savoir : de blanchâtre, d’obscur et de rouillé ; les grandes plumes sont de couleur brune, tirant un peu sur le châtain. Les douze plumes de sa queue sont un peu rousses et tachetées de blanc et de noir. Ses jambes sont couvertes de plumes obscures, un peu fauves, de façon qu’il ne reste qu’environ deux doigts de découvert aux jambes. Or cette partie qui est découverte est d’un fort beau jaune. Ses ongles sont noirs et luisants. Aldrovand dit que cet oiseau ne se repatt que de poisson ; ainsi elle est fort différente de l’ossifrague, dont on a parlé plus haut ; mais aussi tout co qu’on dit de l’orfraie, mangeur d’os, parait bien fabuleux.
L’orfraie, appelée strix en latin, est de la grosseur du moyen duc. Sa tête est grosse et ronde, et est revêtue par devant de petites plumes menues et déliées et mises en rond. Elle a les yeux grands, la prunelle noire et grande, l’iris d’un jaune lavé et pâle, contre l’ordinaire des autres, qui l’ont plus couvert et plus ardent ; son bec est courbé et de couleur de corne brune. Tout le champ de son pennage est de couleur de rouille diversifiée de taches brunes ; ses jambes sont velues jusqu’aux ongles de ses serres, ainsi que les pattes d’un lièvre. Ses ongles sont très-noirs et peu courbés, et les serres de ses pattes séparées comme ceux de la chevrette.