Hérodote dit que les Phéniciens habitèrent d’abord sur la mer Rouge, et que de là ils vinrent s’établir sur la Méditerranée, entre la Syrie et l’Égypte. Cela peut aisément se concilier avec Moïse, qui les fait venir de Cham, qui peupla l’Égypte et les pays voisins. Le nom de Phénicie ne se trouve point dans l’Écriture dans les livres écrits en hébreu, mais seulement dans ceux dont l’original est le grec, comme les Machabées et les livres du Nouveau Testament. L’Hébreu lit toujours Chanaan. On peut voir ce que nous avons dit sur l’article Chanaan. Toutefois saint Matthieu (Matthieu 15.22), qui écrivait en hébreu ou en syriaque, appelle Chananéenne une femme que saint Marc (Marc 7.26), qui écrivait en grec, a appelée Syrophénicienne, ou Phénicienne de Syrie, parce que la Phénicie faisait alors partie de la Syrie, et pour la distinguer des Phéniciens d’Afrique, ou des Carthaginois. On dérive le nom de Phénicien, ou des palmiers appelés en grec phoinix, qui sont communs dans la Phénicie ; ou d’un Tyrien, nommé Phoenix, dont parle la Fable ; ou de la mer Rouge, des bords de laquelle on prétend qu’ils étaient venus. Phenix signifie quelquefois rouge, d’où vient Puniceus et Phœniceus color. D’autres le font venir de l’hébreu Pinchas, ou Phinées ; d’autres, de Bené-anak, fils d’Anak, ou descendus des Enacim. On sait que les géants, fils d’Enak, étaient très-fameux dans la Palestine.
On attribue aux Phéniciens plusieurs belles inventions, par exemple, l’art d’écrire.
On dit de plus qu’ils ont les premiers inventé la navigation, la marchandise, l’astronomie, les voyages de long cours. Bochart a montré, par un travail incroyable, qu’ils avaient envoyé des colonies, et qu’ils avaient laissédes vestiges de leurlanguedans presque toutes les îles et toutes les côtes de la Méditerranée. Mais la plus fameuse de leurs colonies est celle de Carthage. On croit qu’à la venue de Josué plusieurs se retirèrent en Afri que et en d’autres lieux. Procope dit que l’on trouva à Tingis en Afrique deux colonnes de marbre blanc, dressées près de la grande fontaine, où on lisait en caractères phéniciens : Nous sommes des peuples qui avons pris la fuite devant le voleur Jésus, fils de Navé. On peut voir notre dissertation sur le pays où se sauvèrent les chananéens, etc., imprimée à la tête de notre Commentaire sur Josué. [Voyez Josué, addition, passim].