On traduit ordinairement ce terme par une fiole, qui signifie une petite bouteille de verre. Mais il est certain que le grec phialé et le latin phiala signifient plutôt une coupe, un vase large et évasé, à-peu-près comme un plat (Athenoe. 1.3 et Homer. Iliad).
Saint Jérôme a employé assez souvent le mot de phiala dans sa traduction, et il répond à l’hébreu caphoth (Exode 25.29 ; 37.16), qui signifie la paume de la main, ou des cuillères (Exode 25.29). Il est certain que ce terme signifie un vase à mettre de l’encens. Dans les Nombres (Nombres 7.14), les chefs des familles qui offrent des caphoth les présentent toujours pleins d’encens ; et dans les livres des Rois, on joint toujours caphoth aux encensoirs. C’était donc des espèces de coupes dans lesquelles on mettait l’encens sur les pains de proposition. Voyez (Lévitique 24.7). Les Septante ont fort bien rendu le terme Par thuïske, qui dérive de l’encens, boite à encens ; on pourrait le traduire en latin par acerra. On en trouve un grand nombre de figurées dans les anciens marbres ; mais d’ordinaire elles sont en forme de coffrets carrés oblongs.
Dans le Livre des Juges, saint Jérôme a rendu par phiala l’hébreu septul, qui signifie un simpule (Juges 5.25) (Sept. : dans un plat). Et le symbole était un instrument à queue, dont l’extrémité approchait assez de la forme d’une cuillère ; on s’en servait pour puiser du vin et pour en faire dès libations dans les sacrifices. Ils paraissent assez souvent dans les médailles anciennes, parmi les instruments des sacrifices.
Dans le livre d’Esdras (Esdras 1.9), on traduit par phiala l’hébreu ou plutôt le chaldéen agestalim I (Esdras 1.9), qui peut dériver du grec crateres : on a mis casteles pour crateres, des coupes ; c’est ce que saint Jérôme a fort bien exprimé par phialoe. Les Septante l’ont traduit par myoteres, dont j’ignore la signification, à moins qu’il ne soit mis pour une cuvette à rafraîchir.
Dans le second d’Esdras (Néhémie 7.70), saint Jérôme a mis phialas au lieu de l’hébreu misrakoth, qui signifie plutôt des patères ou autres instruments à faire des libations, à répandre des liqueurs. Amos (Amos 6.6) se sert du même terme pour marquer les coupes dont se servaient les riches dans leurs repas : Bibenti vinum in phialis ; l’Hébreu, in misrakim. Et Zacharie nous apprend que ces instruments servaient à faire des libations de vin sur l’autel (Zacharie 9.15 ; 14.20). Tous ces passages montrent, ce me semble, clairement que phiala ne signifie pas une fiole. La même chose paraît encore par l’Apocalypse, où saint Jean nous représente les vingt-quatre vieillards (Apocalypse 5.8) ayant dans les mains des coupes ou des espèces d’encensoirs pleins d’odeurs et de parfums : Phialas plenas odoramentorum. Et ailleurs (Apocalypse 15.7 ; 16.1f) : Sept anges tenant sept coupes d’or pleines de la colère du Dieu triomphant, qu’ils répandirent sur la terre.