Ce terme est grec, et signifie proprement un interrègne, ou l’état d’une ville, d’une république, d’un état, où il n’y a ni chef, ni roi, ni souverain. Par exemple, dans l’Écriture il est dit en quelques endroits : (Juges 17.6 ; 18.1-31, 21.24) En ce temps-là, il n’y avait point de rois dans Israël ; mais chacun y faisait ce qu’il jugeait à propos. C’est là la vraie peinture d’une anarchie. La première anarchie que l’on connaisse dans la république des Hébreux, est celle qui suivit la mort de Josué. Ce grand homme étant mort sans désigner de successeur, et le peuple n’ayant point choisi de chef en sa place, le gouvernement fut entre les mains des Anciens des tribus, qui gouvernèrent chacun suivant son esprit.
Après la mort de ces Anciens, l’anarchie fut encore plus grande ; et on croit communément que ce fut durant cet intervalle qu’arrivèrent les histoires racontées à la fin du livre des Juges ; savoir : l’histoire de Michas et de l’idole qu’il érigea dans sa maison (Juges 17), celle des Danites, qui quittèrent leur pays pour aller s’établir à Laïs (Juges 18), et enfin l’histoire du lévite, dont la femme fut déshonorée à Gabaa ; ce qui fut suivi de la guerre des douze tribus contre celle de Benjamin (Juges 19-21). Nous comptons avec Ussérius, environ vingt-deux ans d’anarchie, depuis la mort de Josué, l’an du monde 2569, jusqu’à la première servitude des Hébreux sous Chusan Rasathaïm, l’an du monde 2591. Nous donnons environ quinze ans au gouvernement des Anciens, après la mort de Josué, et sept ans d’anarchie depuis ce temps jusqu’à la domination de Chusan Rasathaïm, roi de Mésopotamie (Juges 3), commencée en 2591 et terminée en 2599 par la valeur d’Othoniel.
Il est bon de remarquer que rien n’est plus embarrassé dans la chronologie, que les anarchies qui sont arrivées, surtout sous les Juges, chacun les compte à sa manière. Nous avons suivi Ussérius, que l’on peut consulter, aussi bien que la table chronologique qui est à la tête de ce Dictionnaire. Sous les Rois, on prétend qu’il y a un interrègne de onze ou douze ans entre Jéroboam II et Zacharie ; mais nous croyons avoir montré le contraire dans notre supplément. Quelques-uns mettent encore une anarchie après le règne de Phacée, mais nous n’en voyons pas la preuve. La captivité de Babylone n’est pas proprement une anarchie ; c’est une dispersion et une captivité totale de toute la nation Juive.