Voyez ailleurs manger des Hébreux.
Repas qu’on portait sur les tombeaux des morts, coena mortui. [Voyez mort] Baruch en parle en ces termes (Baruch 6.31) : Les païens hurlent en présence de leurs dieux, comme dans un repas qu’on fait pour les morts. Il parle de certaines solennités, où les idolâtres faisaient de grandes lamentations ; par exemple, dans les fêtes d’Adonis. Quant aux repas pour les morts, on en distingue de deux sortes. Les uns se faisaient dans la maison du mort, au retour du convoi. On y invite les parents et les amis du mort, et on ne manque pas d’y faire éclater la douleur par des cris et des lamentations. Les autres se font sur le tombeau même du mort ; on y servait à manger pour les âmes errantes ; et on croyait que la déesse Trivia, qui préside aux rues et aux chemins, s’y trouvait pendant la nuit. Mais en effet c’étaient les pauvres qui venaient pendant les ténèbres enlever tout ce qui était sur le tombeau.
Quelquefois néanmoins les parents faisaient un petit repas sur le tombeau du mort.
L’usage de mettre de la nourriture sur les sépulcres des morts était commun parmi les Hébreux. Tobie exhorte son fils (Tobie 4.18) à mettre son pain sur la sépulture du mort, et de n’en point manger avec les pécheurs. C’est-à-dire, de ne pas participer dans les repas avec les parents qui pratiquaient la même cérémonie. Et Jésus, fils de Sirach (Ecclésiaste 30.18), compare les viandes mises sur le tombeau du mort aux biens répandus sur une bouche fermée. Ce qu’on met ainsi sur un tombeau est chose perdue pour le mort, il n’y peut prendre aucune part. Et ailleurs (Ecclésiaste 7.37) : Les présents sont agréables à tout homme vivant, et ne refusez point aux morts ce qui leur est dû.
Cette coutume était presque générale ; on la voyait chez les Grecs, chez les Romains, chez presque tous les peuples d’Orient. Encore aujourd’hui dans la Syrie, dans la Babylonie, dans la Chine, la chose est en usage. Saint Augustin remarque que de son temps en Afrique on portait à manger sur les tombeaux des martyrs et dans les cimetières. La chose se fit dans le commencement fort innocemment ; dans la suite elle dégénéra en abus ; et les plus saints et les plus zélés évêques, comme saint Augustin, saint Ambroise, eurent assez de peine à la déraciner. Sainte Monique étant à Milan voulait à son ordinaire porter du pain et du vin aux mémoires des martyrs ; mais le portier ne lui ayant pas voulu ouvrir, parce que saint Ambroise l’avait défendu, elle se soumit avec une humble obéissance [Chez les anciens Lithuaniens, suivant Glebovistch (Mythologie lithuanienne, citée dans les archives du Nord, Siéverni arkhif, de février 1824, pages 191), quand il mourait une personne, ses parents l’habillaient de ses plus beaux habits, ils l’asseyaient sur un banc, s’asseyaient eux-mêmes autour de lui pour boire et manger, et chantaient d’un ton lamentable : « Pourquoi es-tu mort ? manquais-tu de nourriture et de boisson ? Pourquoi es-tu mort ? n’avais-tu pas une jeune et belle épouse ? » Cette cérémonie achevée, on faisait des cadeaux au défunt ; si c’était une femme, on lui donnait du fil et une aiguille ; un mouchoir si c’était un homme. Lorsqu’ils accompagnaient le corps à la fosse, ils agitaient leur sabre en disant : a Diables, fuyez dans l’enfer. » La femme du défunt devait le pleurer pendant trente jours ; et les parents faisaient des invitations les 1, 3, 6, 9 et 40e jours après l’inhumation. On jetait toujours un morceau de chaque plat sous la table pour le service des morts. À la fin du repas, le prêtre balayait la chambre, et jetait les ordures par la fenêtre, en prononçant ces paroles : a Ames I maintenant que vous avez bu et mangé, éloignez-vous. »]
Les repas qu’on faisait dans la maison du mort, parmi les Juifs, étaient encore de deux sortes. Les uns se faisaient pendant la durée du deuil, et ces repas étaient considérés comme souillés, parce que tous ceux qui y avaient part étaient impurs à cause des.obsèques du mort. Leurs sacrifices sont comme la nourriture de ceux qui pleurent un mort, dit Osée (Osée 9.4), quiconque en mangera sera souillé. Et les Israélites dans la formule dont ils se servaient en offrant leurs prémices disaient : Seigneur, je n’ai point négligé vos ordonnances, je n’ai point usé de ces choses étant dans le deuil… je n’en ai rien employé dans les funérailles des morts. Dieu défend àÉzéchiel de faire le deuil de sa femme (Ézéchiel 24.17) ; Vous ne vous couvrirez point le visage, et vous ne goûterez point des viandes de ceux qui pleurent les morts. Et Jérémie (Jérémie 16.7) : On ne donnera point de nourriture à celui qui pleure un mort, et on ne lui offrira point du vin pour le consoler.
Les autres repas qu’on faisait dans le deuil sont ceux qui se donnaient après les funérailles. Josèphe raconte qu’Archelaüs après avoir fait pendant sept jours le deuil du roi son père, traita magnifiquement tout le peuple. Il ajoute que c’est la coutume dans sa nation de donner de grands repas à la parenté, ce qui ne se peut faire sans incoininoder bien des gens qui ne sont pas en état de soutenir de pareilles dépenses. Saint Paulin loue Pammachius d’avoir fait un grand festin aux pauvres dans la basiliqn, de Saint-Pierre, au jour des funérailles de son épouse Pauline.