Fille d’Aïa, concubine, c’est-à-dire femme du second rang du roi Saül. Ce prince ayant, on ne sait à quelle occasion ni pour quelle raison, fait mourir un grand nombre de Gabaonites (1 Samuel 21.1-3), Dieu pour venger ce massacre, envoya dans Israël une grande famine, qui dura trois ans. David, qui régnait alors, ayant appris par l’oracle du Seigneur que cette famine était une punition de la cruauté de Saül, fit venir les Gabaonites, et leur dit : Que puis-je faire pour réparer l’injure que l’on vous a faite, afin que vous bénissiez l’héritage du Seigneur ? Ils répondirent : Qu’on nous donne sept des enfants ou des petits-fils de Saül, et nous les mettrons en croix pour apaiser le Seigneur. David leur donna donc les deux fils de Respha, fille d’Aïe, savoir : Armoni et Miphiboseth, qu’elle avait eus de Saül ; et cinq fils, que Michol, fille de Saül, avait eus d’Hadriel, fils de Berzellaï, ou plutôt de Phaltiel (1 Samuel 25.43). Ils les mirent en croix sur la montagne voisine de Gabaa, au commencement de la moisson des orges.
Alors Respha, fille d’Aïa, prenant un cilice, l’étendit sur le rocher, et demeura là depuis le commencement de la moisson jusqu’à ce que l’eau du ciel tombât sur eux, c’est-à-dire jusqu’à ce que le Seigneur envoyât de la pluie sur la terre et lui rendît sa première fécondité, et elle empêchait les oiseaux de manger ces corps pendant le jour, et les bêtes carnassières de les dévorer pendant la nuit. Cette action de Respha ayant été rapportée à David, ce prince envoya prendre les os de Saül et de Jonathas, qui étaient à Jabès de Galaad, les fit apporter à Gabaa, et les mit dans le tombeau de Cis, père de Saül. Il y mit aussi ceux de ces sept hommes qui avaient été crucifiés par les Gabaonites.
Dans cette occasion on dérogea à la loi du Deutéronome (Deutéronome 21.23), qui veut que l’on détache les corps du poteau ou de la croix, avant le coucher du soleil. On y laissa les descendants de Saül peut-être depuis le commencement du printemps jusqu’à l’automne : soit parce que le crime de leur père méritait ce châtiment, ou parce que les Gabaonites, étant simplement prosélytes de domicile, n’étaient point obligés à l’observation de cette lei de Moïse. Enfin Dieu ayant ordonné à David d’apaiser les Gabaonites, ce prince voulut leur laisser la liberté d’en user en cela comme ils voudraient.
Longtemps auparavant ce que nous venons de raconter, et peu d’années après la mort de Saül, Abner, général des troupes de ce prince, ayant conçu de l’amour pour Respha, la prit pour femme, ou du moins en abusa. C’était un crime dans l’idée de ces peuples, qu’un particulier s’approchât d’une des femmes du roi. Isbeseth, fils de Saül, qui régnait à Mehanaïtu, au delà du Jourdain, et qui ne se soutenait dans la royauté que par le crédit et la valeur d’Abner, lui fit des reproches, de ce s’était approché de Respha, concubine de son père (2 Samuel 3.7-8). Abner fut si outré de ce reproche, qu’il jura la ruine d’Isboseth, et dès ce moment il prit des mesures avec David pour faire revenir à lui toute cette partie du peuple qui obéissait encore à Isboseth. Voilà tout ce que nous savons de Respha.