Les Israélites n’ont commencé à avoir des rois de leur nation que depuis Saül. Avant lui, ils furent gouvernés d’abord par des anciens, comme dans l’Égypte ; puis par des chefs suscités de Dieu, comme Moïse et Josué ; puis par des juges, comme Othoniel, Ami, Samgar, Gédéon, Jephté, Samson, Héli, Samuel ; et enfin par des rois, comme Saül, David, Salomon, Roboam.
(Voyez pour les ans du monde et la durée des règnes la table chronologique tirée de l’Art de vérifier les dates, et placée parmi les pièces préliminaires, à la tête du premier volume).
Saül premier roi des Israélites, régna depuis l’an du monde 29.9 jusqu’en 2949, pendant quarante ans entiers.
Isboseth, son fils, lui succéda et régna sur une partie d’Israël pendant six ou sept ans ; depuis 2949 jusqu’en 2936.
David avait été sacré roi par Samuel l’an du monde 2934 ; mais il ne jouit de la royauté qu’à la mort de Saül, en 2949, et ne fut reconnu roi de tout Israël qu’après la mort disboseth, en 2956. Il mourut en 2990, âgé de soixante-dix ans.
Salomon son fils lui succéda. Il reçut Fonction royale dès l’an 2989. Il régna seul après la mort de David, en 2990. Il mourut en 3029, après quarante ans de règne.
Après sa mort, le royaume fut partagé ; et les dix tribus ayant choisi Jéroboam pour leur roi, Roboam, fils de Salomon, ne régna que sur les tribus de Juda et de Benjamin.
Roboam, fils et successeur de Salomon, régna dix-sept ans ; depuis l’an 3029 jusqu’en 3046.
Abia, trois ans ; depuis 3046 jusqu’en 3049.
Asa, quarante et un ans ; depuis 3049 jusqu’en 3090.
Josaphat, vingt-cinq ans ; depuis 3090 jusqu’en 3115.
Joram, cinq ans ; depuis 3115 jusqu’en 3119.
Ochozias, un an ; depuis 3119 jusqu’en 3120.
Athalie, sa mère, régna six ans ; depuis 3120 jusqu’en 3123.
Joas est mis sur le trône par le grand prêtre Joïada, en 3126 ; il régna pendant quarante ans, jusqu’en 3165.
Amasias, trente-neuf ans ; depuis 3165 jusqu’en 3194.
Ozias, autrement nommé Azarias, régna pendant vingt-sept ans, jusqu’en 3221. Alors ayant entrepris d’offrir l’encens dans le temple, il fut frappé de lèpre et obligé de quitter le gouvernement. Il vécut encore vingt-cinq ans et mourut en 3246.
Joathan, son fils, prit le gouvernement dès l’an du monde 3221. Il régna seul en 3246, et mourut en 3262.
Achaz succéda à Joathan l’an da monde 3262. Il régna seize ans, jusqu’en 3278.
Ézéchias, vingt-huit ans ; depuis 3278 jusqu’en 3306.
Manassé, cinquante-cinq ans ; depuis l’an du monde 3305 jusqu’en 3331.
Amon, deux ans ; depuis 3361 jusqu’en 3363.
Joachas, trois mois.
Eliachim, ou Joachim, onze ans ; depuis l’an 3394. jusqu’en 3405.
Joachin, ou Jéchonias, règne trois mois, et dix jours ; dans l’année 3405.
Matthanias, ou Sédécias, règne onze ans ; depuis 3405 jusqu’en 3416. La dernière année de son règne, Jérusalem fut prise, le temple brûlé, et Juda emmené captif au delà de l’Euphrate.
Jéroboam régna vingt-deux ans ; depuis 3030 jusqu’en 3051.
Nadab, un an. Mort en 3052.
Basa, vingt-deux ans ; depuis 3052 jusqu’en 3074.
Ela, deux ans. Mort en 3075.
Zamri, sept jours.
Amri, onze ans ; depuis 3075 jusqu’en 3086. Il eut pour compétiteur Thebni, qui succomba et mourut on ne sait quelle année.
Achab, vingt-un ans ; depuis l’an 3086 jusqu’en 3107.
Ochosias, deux ans ; depuis 3106 jusqu’en 3108. Il fut associé au royaume dès l’an 3103.
Joram, fils d’Achab, lui succéda en 3108. Il régna douze ans. Mort en 3120.
Jehu reçoit l’onction royale en 3120, règne vingt-huit ans, et meurt en 3148.
Joachas règne dix-sept ans ; depuis 3148 jusqu’en 3165.
Joas règne quatorze ans ; depuis 3165 jusqu’en 3179.
Jéroboam II règne quarante-un ans ; depuis 3179 jusqu’en 3220.
Zacharie, douze ans ; depuis 3220 jusqu’en 3232.
Sellum règne un mois. Il est tué en 3233. Manahem, dix ans ; depuis 3233 jusqu’en 3243.
Phacéia, deux ans ; depuis 3243 jusqu’en 3245.
Phacée, vingt ans ; depuis 3245 jusqu’en 3265.
Osée, dix-huit ans ; depuis 3265 jusqu’en 3283.
Fin du royaume d’Israël, qui a duré deux cent cinquante-trois ans.
Après le retour de la captivité, arrivé en 3468, les Juifs vécurent sous la domination des Perses pendant cent quatre ans, jusqu’au règne d’Alexandre le Grand, qui vint à Jérusalem l’an du monde 3672. Après sa mort, arrivée en 3681, la Judée obéit d’abord aux rois d’Égypte, puis aux rois de Syrie, jusqu’à ce qu’enfin Antiochos Épiphane ayant forcé les Juifs de prendre les armes pour la défense de leur religion, l’an du monde 3836, les Machabées recouvrèrent peu à peu leur ancienne liberté, et vécurent dans l’indépendance depuis le gouvernement de Jean Hircan, en l’an du monde 3874 jusqu’à ce que la Judée fut réduite en province par les Romains.
Ou des princes Asmonéens, qui ont gouverné la république des Juifs, en qualité de princes et de grands prêtres, jusqu’au règne d’Hérode le Grand.
Mattathias, père de Judas Machabée, mourut en 3838, au commencement de la persécution d’Antiochus Épiphane.
Judas Machabée gouverna cinq ans ; depuis l’an 3838 jusqu’à sa mort, arrivée en 3843.
Jonathas Machabée gouverna dix-sept ans ; depuis 3843 jusqu’en 3860.
Simon Machabée gouverna neuf ans ; depuis 3860 jusqu’en 3869.
Jean Hircan gouverna vingt-neuf ans ; depuis 3869 jusqu’en 3898. Il se mit en parfaite liberté après la mort d’Antiochus Sidétès, roi de Syrie, en 3874.
Aristobule prend le titre de roi, et règne un an. Mort en 3899.
Alexandre Jannée règne vingt-sept ans ; depuis 3899 jusqu’en 3926.
Salomé, ou Alexandra, femme d’Alexandre Jannée, gouverna neuf ans, pendant qu’Hircan son fils aîné exerçait la charge de grand prêtre. Elle mourut eu 3935.
Hircan, roi et grand prêtre des Juifs, çonuriença à régner après la mort de sa mère, en 3935 ; mais il ne régna paisiblement que trois mois.
Aristobule frère d’Hircan, s’empara du royaume et de la grande sacrificature, dont il jouit trois ans et trois mois, jusqu’en l’an 3940 ; alors Pompée prit Jérusalem et rendit la grande sacrifiçature à Hircan, avec la qualité de roi, mais sans lui accorder l’usage du diadème. Aristobule fut pris dans
Jérusalem, et conduit à Rome par Pompée.
Hircan ne jouit pas paisiblement des honneurs et des dignités que Pompée lui avai rendus. Antigone, son neveu, fils d’Aristobule, fit venir les Parthes à Jérusalem s’empara de la royauté et de la grande sacrificature, en l’an du monde 3964. Hircar fut pris, on lui coupa les oreilles, pour le rendre incapable d’exercer, à l’avenir, let fonctions du sacerdoce, et on le mena à Babylone, d’où il ne revint qu’en 3968. Il fut mis à mort par Hérode en 3974 quarante huit ans après la mort de son père Alexandre Jannée, et trente-neuf après celle de sa mère Salomé ou Alexandra.
Antigone, son neveu, qui s’était emparé de la royauté et de la grande sacrificature, n’en jouit qu’environ deux ans et sept mois. Il fut pris dans Jérusalem par Sosius, en 3967, et ensuite décapité la même année à Antioche, par l’ordre de Marc Antoine.
Hérode le Grand, fils d’Antipater, et Iduméen d’origine, fut déclaré roi des Juifs par le sénat romain, l’an du monde 3964. Il mourut après trente-six ou trente-sept ans de règne, étant âgé de soixante-dix ans, l’an du monde 4001, et l’an premier de Jésus-Christ, trois ans avant l’ère vulgaire.
Ses États furent partagés entre ses trois fils, Archdlaüs, Hérode Antipas et Philippe.
Hérode Antipas eut la Galilée et la Pérée. Il fut relégué à Lyon, l’an 43 de Jésus-Christ, 39 de l’ère vulgaire. De là il fut envoyé en exil en Espagne, où il mourut. Il régna quarante-deux ans ; depuis l’an du monde 4001 jusqu’en 4042, de Jésus-Christ 42, de l’ère vulgaire 39. L’empereur Caïus donna sa tétrarchie à Agrippa I dont on parlera ci-après.
Philippe eut pour partage la Batanée, la Trachonite et l’Auranite. Il mourut l’an 37 de Jésus-Christ, 33 de l’ère vulgaire. Sa tétrarchie fut alors réduite en province.
Archélaüs posséda le royaume de Judée sous le titre d’ethnarchie, depuis l’an du monde 4001, qui est la première année de Jésus-Christ, et trois ans avant l’ère vulgaire. Il fut relégué à Vienne en France l’an 9 de Jésus-Christ, de l’ère vulgaire 6.
Alors la Judée fut réduite en province et soumise à des gouverneurs [lisez procurateurs], jusqu’à l’an de Jésus-Christ 40, qui est l’an 37 de l’ère vulgaire. Voyez la liste des gouverneurs qui ont gouverné cette province, sous l’article gouverneurs.
Agrippa I fils d’Aristobule et petit-fils d’Hérode le Grand et de Mariamne, reçut de Caïus une partie de la Judée, avec le titre de roi, l’an de Jésus-Christ 40, qui était l’an 37 de l’ère vulgaire. Quatre ans après c’est-à-dire l’an 44. de Jésus-Christ, 41 de l’ère vulgaire, l’empereur Claude y ajouta tout le reste de la Judée. Caïus Caligula lui avait donné le royaume ou la tétrarchie de son oncle Hérode Antipas, relégué à Lyon avec Hérodiade, l’an 42 de Jésus-Christ, qui était l’an 39 de l’ère vulgaire. Agrippa mourut l’an de Jésus-Christ 47, qui est l’an 44 de l’ère vulgaire, et la Judée retourna de nouveau aux Romains, et fut gouvernée par des gouverneurs jusqu’à son entière ruine, arrivée en l’an de Jésus-Christ 73, qui est le 70 de l’ère vulgaire. Voyez l’article gouverneurs.
Agrippa II son fils, dit le Jeune, n’étant point en âge de posséder le royaume de Judée (il n’avait que dix-sept ans à la mort de son père), l’empereur Claude y envoya Cuspius Fadus pour intendant ; mais Agrippa obtint de l’empereur quelque autorité sur le temple, sur le sacré trésor, et le pouvoir d’établir et de destituer les grands prêtres ; pouvoir dont il jouit jusqu’à la ruine de Jérusalem et du temple. Il fit tous ses efforts pour contenir les Juifs dans le devoir envers les Romains, et pour les empêcher de se révolter ; mais n’en ayant pu venir à bout, il se trouva au siège de Jérusalem avec Tite, et employa ses armes à réduire les rebelles à l’obéissancedes Romains. Claude lui donna, en l’an 52 de Jésus-Christ, 49 de l’ère vulgaire, le royaume de Chalcide ; et en l’an 53 il lui donna la Trachonite, au lieu du royaume de Chalcide. En l’an 54,Néron ajouta quelques villes de Galilée à ses États. Agrippa Il mourut après l’an 77 de l’ère vulgaire, et avant l’an 93 ; mais on ignore l’année précise de sa mort.
On peut voir la vie et le détail des actions de chacun de ces rois, dans leurs articles particuliers et sous leurs noms.
Rois (livre des). Nous avons dans nos Bibles quatre livres qui portent le nom de Livres des Rois. Anciennement dans les Bibles hébraïques ils n’en faisaient que deux, dont le premier portait le nom de Samuel, et l’autre celui des Rois, ou des Règnes. À présent, dans les exemplaires hébreux comme dans les grecs et dans les latins, il y a quatre livres, dont les deux premiers portent dans l’Hébreu le nom de Samuel, et les deux, derniers celui des Rois. Les Grecs les citent tous, quatre sous le nom de Livres des Règnes, et les latins sous le nom de Livres des Rois.
Le premier livre des Rois contient l’histoire de cent ans ; depuis la naissance de Samuel en 2849 jusqu’à la mort de Saül en 2949. On y voit la naissance de Samuel, la guerre des Philistins contre les Hébreux, dans lai : ielle l’Arche du Seigneur fut prise ; la mort du grand prêtre Héli et de ses fils Ophni et Phinées, le retour de l’Arche renvoyée par les Philistins, Samuel reconnu pour juge d’Israël, l’élection de Saül pour roi ; ses heureux commencements, ses guerres et ses victoires, sa réprobation ; l’onction de David, ses actions de valeur, ses disgrâces, sa fuite, la guerre des Philistins contre Saül, la mort de ce prince.
Le second livre des Rois contient l’histoire de trente-neuf ans ; depuis la seconde onction de David à Hébron, en l’an du monde 2949 jusqu’à l’an 2988, où David désigna Salomon pour lui succéder, deux ans avant sa mort, arrivée eu 2990. On y voit David reconnu pour roi par la tribu de Juda, tandis que les autres tribus d’Israël obéissaient à Isboseth, fils de Saül. Isboseth ayant été mis à mort sept ans après, en l’an 2956, David est reconnu roi de tout Israël. Il reçoit pour la troisième fois l’onction royale ; il prend Jérusalem sur les Jébuséens, ramène l’Arche de Cariath-ïarim dans la cité de David, remporte divers avantages sur les Philistins, les Moabites, les Syriens et les Iduméens. Hanon, roi des Ammonites, ayant insulté les ambassadeurs de David, ce prince porte la guerre dans son pays, et le réduit à l’obéissance. Pendant cette guerre, David tombe dans le crime avec Bethsabée, et fait tuer Urie. Nathan le reprend de son adultère et de son homicide. David en fait pénitence. Dieu le châtie par la révolte d’Absalon. Après cette guerre, où ce fils dénaturé périt misérablement, David étant tranquille dans ses États, ordonne de faire le dénombrement de son peuple. Le Seigneur punit sa curiosité par la peste. Enfin David prépare tout ce qui est nécessaire pour la construction du temple.
Le troisième livre des Rois comprend l’histoire de cent vingt six ans ; depuis l’onction de Salomon et son association au royaume par David, l’an du monde 2989 jusqu’à la mort de Josaphat, roi de Juda, en 3115. On y voit Adonias qui affecte la royauté, qui donne par là occasion à Nathan et à Bethsabée de faire déclarer David sur son successeur, et de faire associer Salomon à la royauté. On y lit la mort de David, celles d’Adonias, de Joab, de Séméi ; le temple du Seigneur bâti par Salomon, les richesses, la sagesse, la réputation de ce prince, sa chute dans l’idolâtrie, et sa mort. Roboam son fils aliène par son imprudence les esprits des Israélites, et donne occasion au schisme des dix tribus, et au choix qu’elles font de Jéroboam pour leur roi. Roboam eut pour successeurs Abia, Asa et Josaphat mort en 3115. Jéroboam eut Nadab. Basa, Ela, Zamri, Amri, Thcbni. Achab et Ochosias. Ce dernier est mort en 3108. Le troisième livré des Rois nous donne l’histoire de tous ces princes.
Le quatrième livre des Rois renferme l’histoire de deux cent vingt-sept ans, depuis la mort de Josaphat et le commencement de Joram, 3115 jusqu’au commencement du règne d’Evilmérodach, roi dé Babylone, qui tira Jéchonias de prison, en 3442. On y voit dans le royaume d’Israël une assez longue suite de princes impies ; Ochosias, Joram, fils d’Achab, Jéhu, Joachas, Joas, Jéroboam 2.Zacharie, Sellum, Manahein, Phacéia, Phacée, Osée, fils d’Ela, sous lequel Samarie fut prise par Salmanasar, et les dix tribus emmenées captives en Assyrie. On connaît durant cet intervalle dans le royaume des dix tribus plusieurs grands prophètes : Adan, Oded, Allias, Oie, Élisée, Osée, Amos, Jouas et plusieurs autres.
Dans le royaume de Juda, on trouve un petit nombre de princes pieux, parmi plussieurs autres très-corrompus. À Josaphat succéda Joram ; puis Ochosias, Athalie, Joas, Amasias, Ozias, autrement Azarias, Joathan, Achaz, Ézéchias, Manassé, Amon, Josias, Joachaz, Eliacim ou Joakim, Jéchonias ou Joachin, Mathanias ou Sédécias, sous lequel Jérusalem fut prise par les Chaldéens, le temple brûlé, et le peuple de Juda emmené captif à Babylone, en 3446. On lit après cela la mort funeste de Godolias, que les Chaldéens avaient laissé dans le pays, pour gouverner les restes du peuple de Juda ; la retraite de ce peuple en Égypte, et la bonté qu’Evilmérodach, roi de Babylone, exerça envers Joachin ou Jéchonias, roi de Juda, qu’il tira de prison et qu’il mit en honneur dans son palais.
Dans cet intervalle, le Seigneur suscita un grand nombre de prophètes dans Juda, comme Addo, Ahias, Séméias, Hanani, Azarias, Jéhu, Isaïe, Jérémie, Sophonie, Holda, Michée, Joël à plusieurs autres. Le quatrième livre des Rois nous a conservé plusieurs particularités de la vie de ces grands hommes, aussi bien que des prophètes qui vivaient en même temps dans le royaume d’Israël ou des dix tribus.
L’on n’est pas d’accord sur l’auteur des quatre livres des Rois. Plusieurs attribuent les deux premiers à Samuel, dont le nom se lit à la tête de ces livres dans l’original hébreu. Les Juifs ne lui font honneur que des vingt-sept chapitres du premier, qui renferment l’histoire de sa vie et le récit de ce que firent Saül et David pendant qu’il vécut lis croient que le reste fut continué par Gad et Nathan, suivant ces paroles des Paralipomènes (1 Chroniques 29.29) : Les premières et les dernières actions de David ont été écrites dans le livre de Samuel le Voyant, et dans le livre de Nathan, et dans celui de Gad le Voyant. Ce sentiment est assez probable ; mais il ne laisse pas de souffrir d’assez grandes difficultés, puisqu’on y voit certaines remarques qui ne peuvent être du temps de Samuel, ni même du temps de Nathan : par exemple, ce qu’il dit que du temps de Samuel (1 Samuel 3.1), la prophétie était rare dans Israël, insinue que du temps de l’auteur elle était plus fréquente. Il dit ailleurs que de son temps on donnait (1 Samuel 13.5) à Béthel le nom de Béthaven, maison d’iniquité ; nom qu’elle ne porta que depuis que Jéroboam y eut placé un des veaux d’or.
Il remarque aussi, à l’occasion des courses que David faisait dans le pays de Gessur et de Gersé, qu’anciennement (1 Samuel 27.8) ce pays était bien peuplé depuis Sur jusqu’à l’Égypte ; c’est-à-dire qu’il l’était encore du temps de David, mais qu’il ne l’était plus du temps de l’auteur. Il dit ailleurs (1 Samuel 9) que de son temps on appelait Nabi ou Prophètes ceux qu’auparavant on nommait Voyants. Or, du temps de Samuel, le nom de Voyant était encore tout commun. L’auteur de ces livres est dit plus moderne que lui. Il parlé de Samuel comme d’un homme mort depuis assez longtemps, et il lui donne des louanges (1 Samuel 7.15). Il remarque que la ville de Siceleg appartenait aux rois de Juda depuis la cession qu’Achis en avait faite à David (1 Samuel 27.6). Cette remarque ne peut avoir été écrite que depuis la séparation des royaumes de Juda et d’Israël et par conséquent cet auteur a vécu non-seulement après Samuel, mais même après David et après Salomon.
On fait diverses autres remarques de cette nature, qui font croire à quelques-uns que David, ou Ézéchias, ou Jérémie, ou Esdras compilèrent ces livres sur les mémoires qui avaient été dressés du temps de Samuel et des prophètes qui vécurent sous les règnes de David et de Salomon : et certes, en confrontant les différents caractères de ces deux livres, on y voit d’un côté que la plupart des circonstances, des faits et des remarques sont les mêmes : L’uniformité du style et la suite du récit prouvent aussi que l’auteur est unique et contemporain ; mais d’un autre côté, certaines circonstances nouvelles font juger qu’un écrivain plus récent y a touché et y a ajouté quelques particularités et quelques termes propres à éclaircir ce que l’éloignement du temps rendait obscur et inexplicable. Or, en supposant qu’Esdras, qui était un auteur inspiré, a eu en main les écrits originaux de Samuel et des anciens écrivains du temps de Saül et de David, et qu’il les a rédigés et retouchés, on résout aisément toutes les difficultés et on concilie les contrariétés apparentes que l’on remarque dans le texte de ces livres.
Pour la canonicité et l’authenticité de ces ouvrages, elle n’est point contestée ; la Synagogue et l’Église chrétienne unanimement les reçoivent comme Écriture inspirée, et Jésus-Christ les cite dans l’Évangile (Matthieu 12.3 Marc 2.25 Luc 6.3).
Les troisième et quatrième livres des Rois fournissent à-peu-près les mêmes difficultés que les deux premiers sur leur auteur et sur le temps auquel ils ont été composés. Quelques-uns ont cru que David, Salomon, Ézéchias et quelques autres rois avaient écrit l’histoire de leur règne. D’autres ont donné ce soin aux prophètes qui ont vécu sous leurs règnes dans Juda et dans Israël ; par exemple, à Isaïe, à Jérémie, à Gad et à Nathan. On sait très-certainement que plusieurs prophètes ont écrit la vie des rois de leur temps ; les noms et les écrits de ces prophètes sont marqués en plus d’un endroit (1 Chroniques 29.29 2 Chroniques 2.29 ; 12.15 ; 13.22 ; 16.7 ; 20.34-37 ; 26.22, 32.32) des livres des Rois et des Paralipomènes. De plus, on cite presque à tout moment les mémoires et les annales des rois de Juda et d’Israël, qui comprenaient le détail des actions des princes, dont nos livres sacrés ne nous ont conservé que des précis et des abrégés. [Voyez Hisoire].
On doit donc reconnaître deux sortes d’écrivains qui ont travaillé aux livres des Rois. Des auteurs originaux, primitifs et contemporains, qui avaient écrit les annales, les journaux et les mémoires de ce qui se passait de leur temps. C’est là ce qui forme le fond et la matière de notre histoire sacrée ; c’est là-où les auteurs qui sont venus depuis ont puisé ce qu’ils nous ont laissé. Ces anciens mémoires ne sont point parvenus jusqu’à nous ; mais ils étaient certainement entre les mains des auteurs sacrés dont nous avons les écrits,.puisqu’ils les citent et qu’ils y renvoient. Mais qui sont ces auteurs, qui ont compilé et rédigé les anciens, et en quel temps ont-ils vécu ?
La plupart croient qu’Esdras est auteur des quatre livres des Rois et de ceux des Paralipomènes, en l’état où nous les avons ; et voici les preuves sur lesquelles on fonde ce sentiment.
1° L’auteur qui a rédigé ces écrits vivait après la captivité de Babylone : il parle du retour de cette captivité à la fin du quatrième livre des Rois (2 Rois 25.22-23).
2° Ll dit que de son temps les dix tribus étaient encore captives dans le pays des Assyriens, où elles avaient été menées captives, en punition de leurs péchés.
3° Dans le chapitre 17 du quatrième livre des Rois, il fait des réflexions sur les malheurs de Juda et d’Israël, qui font voir qu’il écrivait après l’événement.
4° Il renvoie presque partout à d’anciens mémoires qu’il avait en main et qu’il abrégeait.
5° L’auteur était prêtre, autant qu’on en peut juger, et fort attaché à la maison de David. Or tous ces caractères conviennent à Esdras, prêtre habile et très-curieux, qui vivait pendant et après la captivité, et qui pouvait avoir ramassé une infinité de monuments que le temps et les persécutions que les Juifs ont souffertes nous ont fait perdre.
J’avoue qu’il y a dans ces mêmes livres certains traits qui ne conviennent pas au temps d’Esdras : par exemple, il dit que de son temps l’arche d’alliance était encore dans le temple (1 Rois 8.8), que les royaumes de Juda et d’Israël subsistaient encore (1 Rois 12.19). Ailleur (1 Rois 6.1-38) il parle des mois sif et bul, qui n’étaient plus en usage du temps d’Esdras. Enfin il s’exprime presque partout comme contemporain et comme aurait fait un auteur qui aurait été témoin de ce qu’il écrit. Mais il est aisé de concilier cette prétendue contrariété. Esdras, pour l’ordinaire, donne mot pour mot les mémoires qu’il avait an main ; il se contente de les copier, sans se mettre en peine de les concilier. Cela prouve son exactitude, sa fidélité et sa bonne foi. Ailleurs il laisse cailler quelques réflexions ou quelques éclaircissements qui naissent naturellement de son sujet. Cela montre qu’il était maître de lamatière, et qu’étant inspiré de Dieu, il ne craignait pas de mêler ses paroles avec celles des prophètes, dont il avait les écrits en main.
Les Israélites ayant demandé à Samuel qu’il leur donnât un roi, comme en avaient les autres nations qui étaient autour d’eux, il leur dit (1 Samuel 8.11) « Voici quel sera le droit du roi qui vous gouvernera. Il prendra vos enfants pour conduire ses chariots et pour, en faire des cavaliers qui marcheront devant ses chariots. Il en fera ses officiers pour commander, les uns mille hommes, et les autres cent. Il prendra les uns pour labourer ses champs et pour recueillir ses blés, et les autres pour faire ses armes et ses chariots. Il prendra de vos filles pour err faire ses parfumeuses, ses cuisinières et ses boulangères. Il prendra aussi vos meilleurs champs, vos vignes et vos plants d’oliviers, et il les donnera à ses serviteurs. Il vous fera payer la dîme de vos blés et de vos vignes, pour avoir de quoi donner à ses eunuques et à ses officiers. Il prendra vos serviteurs et vos servantes, et les jeunes gens les plus forts, avec vos ânes, et il les fera travailler pour lui. Il prendra aussi la dîme de vos troupeaux, et vous serez ses serviteurs. Vous crierez alors contre votre roi, et le Seigneur ne vous exaucera point, parce que c’est vous-mêmes qui avez demandé d’avoir un roi. »
On forme sur ces paroles une difficulté considérable. Il s’agit de savoir si Samuel prédit ici simplement ce qui arrivera aux Israélites de la part de leur roi, sans prétendre ni l’autoriser ni l’approuver, ou s’il leur annonce quel sera le vrai droit du roi et l’usage légitime de son autorité. Les sentiments sont partagés sur cela. Le plus grand nombre des commentateurs croit que le prophète marque ici l’abus que le prince fera de son pouvoir et l’excès de ses prétentions, plutôt que l’exercice juste et légitime de ses droits. On peut consulter sur ce dernier sentiment Grotius, de Jure Belli et Pecis ; et Séhicardus, de Jure Regis.
Dans les grands festins on créait un roi qui assignait à chacun sa place. Ce roi était élu par le sort, ou était choisi par celui qui donnait le repas. Il cotnmandait, et on était obligé de lui obéir. L’auteur du livre de l’Ecclésiastique parle de cette coutume (Ecclésiaste 31) : Vous a-t-on établi roi du festin, ne vous en élevez point ; soyez parmi eux comme l’un d’eux ; ayez soin d’eux, et après cela asseyez-vous. Prenez votre place après que vous vous serez acquitté de tous vos devoirs, afin que vous vous réjouissiez en les voyant contents, et que vous receviez en récompense la couronne de grâces. Il semble que cet usage était connu non-seulement chez les Grecs et chez les Latins, mais aussi chez les Perses. Dans le festin d’Assuérus (Esther 1.8) il n’y avait point de roi du repas ; chacun y buvait à sa soif, sans que le roi du repas prescrivit à personne le nombre de coups qu’il devait boire. Empédocle se plaignait d’un roi du festin qui lui avait commandé de boire, et qui avait ordonné, s’il ne buvait pas, qu’on lui versât du vin sur la tête.
Rois.
Les nations idolâtres et même les Hébreux donnaient à leurs dieux le nom de roi. Moloch, Melchom ; Adramelech et Anamélech sont des noms de divinités dans lesquels entrait le nom de roi. Il semble que dans Isaïe (Isaïe 27.13) : Ubi est rex Emath, et rex Arphad, et rex urbis Sepharvaim Ana et Ava ? est parallèle à ces mots du chapitre précédent (Isaïe 26.19) : Ubi est deus Esnath et Arphad ? Ubi est deus Sepharvaim ? Et dans Amos (Amos 1.15) ; Dieu menace Melchom, dieu des Moabites, de l’envoyer en captivité lui et ses princes. Dans l’Écriture le Seigneur est nommé roi des Hébreux à chaque page.
Voyez Absalom.« Au nord de Jérusalem, en sortant par la porte de Damas, à environ une demi-lieue, on trouve une excavation dans le roc, formant une cour d’à peu près vingt pieds de profondeur, fermée de trois côtés par les parois du rocher taillées au ciseau, offrant l’aspect de murailles ornées de sculptures ciselées dans la pierre même, représentant des portes, des pilastres, des frises d’un très-beau travail ; on peut présumer que l’exhaussement graduel du terrain a comblé de plusieurs pieds cette excavation, car l’ouverture qui existe à gauche pour entrer dans le satictuaire est si basse, qu’on ne peut y pénétrer qu’en rampant. Nous parvînmes avec une extrême difficulté à nous y introduire et à y allumer des torches. Des nuées de chauves-souris, réveillées par notre invasion, nous assaillirent et combattirent, pour ainsi dire, afin de maintenir leur territoire ; et si notre retraite avait été facile, nous aurions, je crois, reculé devant elles. Peu à peu le calme se rétablit, et nous pûmes examiner ces chambres sépulcrales. Elles sont excavées et taillées dans le roc vif. Les angles sont aussi nets et les parois aussi lisses qui si l’ouvrier les avait polis dans la carrière : Nous en visitâmes cinq, communiquant entre elles par des ouvertures auxquelles s’appliquaient, sans nul doute, quelques blocs de pierres taillées en forme de porte, qui gisaient à terre et faisaient présumer que chaque chambre avait été fermée et scellée lorsque les niches pratiquées dans les parois pour recevoir les sarcophages ou les urnes cinéraires étaient remplies. Quels étaient ou devaient être les habitants de ces demeures préparées à si grands frais ? c’est encore une question douteuse. Leur origine a été vivement contestée ; l’intérieur, qui est simple et grandiose, peut remonter à la plus haute antiquité, rien n’y détermine une date. La sculpture extérieure semble d’un travail bien achevé et d’un goût bien pur pour êtré des temps reculés des rois de Judée. Mais, depuis que j’ai vu Balbek, mes idées se sont bien modifiées sur la perfection où était arrivé l’art avant les époques connues.
Nous continuâmes notre promenade à travers quelques champs d’oliviers, et, redescendant dans la vallée de Josaphat, nous remontâmes au midi par les murs de Sion. Le tombeau de David, le saint cénacle et l’église arménienne qui possède la pierre scellée à l’entrée du saint sépulcre, nous déterminèrent à rentrer par cette porte : Bab el Daoud ; mais lorsque nous voulûmes visiter le souterrain où la tradition place les es du roi-prophète, les Turcs s’y opposèrent et nous dirent que l’entrée en était absolument interdite ; ils supposent que des richesses immenses ont été ensevelies dans ce caveau royal, que les étrangers en possèdent le secret, et viennent pour les découvrir et les dérober. Voyez David.
Ou Hyc-Sos. On nomme ainsi les rois qui régnèrent en Égypte pendant plus de deux siècles et demi, après que ce pays eut été envahi par un peuple qu’on ne connait pas. M. Champollion-Figeac, qui est Égyptien d’inclination, en veut beaucoup aux rois pasteurs. Il est vrai, à ce qu’il paraît, que ces étrangers ont fait beaucoup de mauvaises choses en Égypte ; mais il ne nous semble pas qu’ils méritent d’être plus durement traités que ne le sont les conquérants, vrais ravageurs, qui détruisent tout ce qui peut nuire à l’établissement de leur domination ; ou pour mieux exprimer notre pensée, nous croyons que tous les conquérants méritent la même flétrissure, la même réprobation. Il est question ailleurs des rois pasteurs. Voyez Exode, Pharaons, seizième et dix-septième dynasties.