Maître de Sadok, chef des Saducéens. Antigone fut chef d’une secte particulière, et, par un excès de spiritualité, enseignait qu’il fallait rendre au Seigneur un culte pur et désintéressé : Ne soyez point comme des esclaves, disait-il à ses disciples ; n’obéissez pas à votre Maître simplement par la vue des récompenses ; obéissez sans intérét et sans espérer aucun fruit de vos travaux ; que la crainte du Seigneur soit sur vous. Sadok, son disciple, ne pouvant s’accommoder d’une spiritualité si désintéressée, interpréta la maxime de son maître en un sens tout opposé. Il en conclut qu’il n’y avait ni peine ni récompense à attendre dans l’autre vie, et qu’il fallait faire le bien et éviter le mal en celle-ci, sans aucune vue de crainte ni d’espérance. Voilà, disent les Juifs, l’origine de la secte des Saducéens. Antigone avait succédé dans la tradition de la doctrine au grand-prêtre Simon le Juste, qui fut souverain pontife depuis l’an du monde 3702, jusqu’en 3711 avant Jésus-Christ, 209, avant l’ère vulgaire, 213.
Fils de Jean Hircan, et petit-fils de Simon Machabée. Il fut associé à la royauté par son frère Aristobule. Leur union fut troublée par des jaloux et des calomniateurs. On voulut rendre suspect Antigone à Aristobule ; mais Aristobule n’écouta point les mauvais rapports qu’on lui fit de son frère, jusqu’à ce qu’un jour Antigone, revenant de la guerre avec des armes fort superbes, et accompagné d’une nombreuse suite, alla droit au temple, armé comme il était, le jour des Tabernacles, qui est une des principales fêtes des Juifs. Les ennemis d’Antigone firent entendre à Aristobule, qui était alors malade, que son frère affectait visiblement la royauté et prenait des airs de souverain ; que bientôt il viendrait accompagné d’un grand nombre de gens de guerre pour le tuer.
Aristobule ne put s’imaginer que la chose fût comme on la lui disait. Il ne crut pourtant pas devoir négliger entièrement ces avis. Il fit donc placer ses gardes dans un lieu sombre et souterrain, par où Antigone devait passer, avec ordre de l’arrêter et de le tuer, s’il venait armé ; et de le laisser passer s’il venait sans armes. Or, Aristobule était couché dans la tour, qui fut depuis nommée Antonia. Il envoya donc prier son frère de le venir trouver sans armes ; mais la reine et les ennemis d’Antigone, au contraire, lui firent entendre que le roi ayant appris qu’il avait les plus belles armes du monde, souhaitait qu’il le vînt voir armé. Antigone, qui ne se défiait de rien, alla pour voir le roi comme il était ; mais en passant sous une tour nommée de Straton, il y fut mis à mort par les gardes d’Aristobule [Voyez Aristobule].
Il y avait alors à Jérusalem un nommé Judas qui avait le don de prophétie ; en sorte qu’il prédisait toujours l’avenir à coup sûr. Ce jour-là, se trouvant au milieu de ses disciples, et voyant Antigone qui allait au temple, commue nous l’avons dit, il s’écria qu’il ne pouvait survivre à sa propre honte ; puisque ayant autrefois prédit qu’Antigone serait tué ce jour-là dans la tour de Straton, il le voyait en vie et en santé, à six cents stades, ou vingt lieues de là, la plus grande partie du Jour étant déjà passée. Mais peu de temps après on apprit que ce prince avait été massacré dans un lieu nommé la tour de Straton ; ce qui confirma l’opinion que l’on avait que ses prédictions étaient infaillibles. Cela arriva l’an du monde 3899 ; avant Jésus-Christ, 101, avant l’ère vulgaire, 105.
Fils d’Aristobule, qui était frère d’Hircan et d’Alexandra. Pompée ayant pris Jerusalem, et s’étant saisi d’Aristobule et de ses deux fils, Alexandre et Antigone, Alexandre trouva moyen de s’échapper en chemin. Mais Aristobule et Antigone, son fils, furent menés prisonniers à Rome. Ils s’échappèrent et revinrent en Judée cinq ou six ans après. Ils essayèrent d’y rétablir leurs affaires par le moyen de leurs amis ; mais ils furent défaits et pris par Gabinius, qui les envoya de nouveau à Rome. Aristobule y demeura ; mais on renvoya en Judée Alexandre et Antigone, ses fils, parce que Gabinius avait marqué qu’il l’avait ainsi promis à leur mère.
En l’an du monde 3955, avant Jésus-Christ 45, avant l’ère vulgaire, 49, César renvoya Aristobule avec son fils Antigone en Judée, afin qu’il attirât cette province à son parti, et qu’il la soulevât contre Pompée ; mais Aristobule fut empoisonné par ceux du parti de Pompée. Alexandre, son fils aîné, fut décapité par Scipion à Antioche ; et Antigone, se voyant exclu de la Judée par Antipater et ses fils, eut recours à César, et lui exposa les malheurs que son père et son frère avaient essuyés à son occasion. Mais César eut, plus d’égard aux raisons d’Antipater, et débouta Antigone de ses demandes. Environ six ans après, Antigone, aidé des troupes de Ptolémée, fils de Mennée, son beau-père, voulut tenter une irruption dans la Judée ; mais il fut repoussé avec perte par Hérode, fils d’Antipater, qui n’était alors que simple particulier.
L’année suivante, Antigone ayant promis aux Parthes mille talents d’argent, et cinq cents femmes, à condition qu’ils l’établiraient prince de Judée, en la place de son oncle Hircan, et qu’ils feraient mourir Hérode et les siens ; Pacorus, fils du roi des Parthes, dans la Judée, et s’avança jusque ans Jérusalem. Hérode et Phasael, son frère, après une vigoureuse résistance, se retirèrent dans le temple, et y furent assiégés par l’armée des Parthes et des Juifs du parti d’Antigone, qui s’étaient joints à eux. Hircan et Phasael, ayant eu l’imprudence de se fier à la parole des Parthes, furent arrêtés. Phasael se donna la mort, et on coupa les oreilles à Hircan, pour l’empêcher d’exercer jamais la souveraine sacrificature, la loi en excluant ceux qui avaient de semblables défauts corporels. Hérode fut obligé de se retirer dans l’Idumée avec ses proches. Ainsi Antigone fut établi roi de la Judée et grand-sacrificateur par les Parthes, qui se retirèrent ensuite dans leur pays, emmenant avec eux le grand-prêtre Hircan.
Cependant Hérode étant allé à Rome, laissa sa mère et sa femme avec son frère Joseph dans le château de Massada, où ils furent assiégés par Antigone. Mais Hérode ayant obtenu le titre de roi de Judée, par le crédit d’Antoine et de César, Antigone fut déclaré ennemi de la république par le sénat. Hérode revint promptement en Judée, et, aidé du secours de Ventidius et de Silon, il alla d’abord délivrer ses proches, qui étaient resserrés dans Massada ; puis il vint pour assièger Jérusalem. Mais Sion, qui avait été gagné par Antigone, ne voulut pas continuer le siège. L’armée romaine se mit en quartier d’hiver, et Antigone lui-même les reçut dans quelques-unes de ses villes. Quelque temps après, Hérode étant allé joindre Marc-Antoine, qui était alors occupé au siège de Samosate, en fut reçu très-honorablement ; et après la fin de cette guerre, il fut renvoyé en Judée. Alors Antoine donna ordre à Sosius, gouverneur de la Syrie et de la Cilicie, d’aider Hérode de toutes ses forces contre Antigone.
Il revint donc dans la Judée, et vainquit Antigone en bataille rangée ; et si la rigueur de la saison ne l’eût empêché de poursuivre sa victoire, il aurait pu prendre Jérusalem et finir la guerre. L’année suivante, Sosius ayant joint ses troupes à celles, d’Hérode, ils vinrent ensemble assièger Antigone dans Jérusalem. La ville soutint le siège pendant cinq mois entiers, après lesquels la basse ville et la partie extérieure du temple furent prises. Antigone et les Juifs qui lui étaient attachés, maîtres de la haute ville et du temple intérieur. Hérode attaqua cette partie de la ville, qui tenait pour Antigone, avec tant de vigueur, qu’enfin il la prit le premier jour de l’année de la période julienne 4617. Alors Antigone voyant qu’il n’y avait plus d’espérance de salut, descendit d’une tour où il était, et vint se jeter aux pieds de Sosius, qui insulta à sa lâcheté, en l’appelant Antigona, au lieu d’Antigonus. Il le fit mettre dans les chaînes et garder étroitement. Après avoir pacifié toutes choses à Jérusalem, il en partit, menant avec lui Antigone à Antioche, où était Marc-Antoine. Celui-ci avait dessein de conserver Antigone, pour l’ornement da triomphe qu’il devait faire à Rome ; mais Hérode, craignant qu’Antigone ne fît valoir ses droits et ses prétentions sur le royaume de Judée, et qu’il ne trouvât de la protection dans le sénat, gagna Antoine par de grandes sommes d’argent, et l’engagea à faire mourir Antigone. Ce malheureux prince eut la tête tranchée à Antioche, l’an 33 avant Jésus-Christ [Antoine, avant de faire mourir Antigone, le fit attacher à un poteau et battre de verges. Cette action fut jugée comme elle devait l’être : tout le monde la vit comme un effet de la violence d’Antoine, et comme une chose qui n’avait jamais été pratiquée par les Romains envers aucun roi Voyez Dion Cassius, livre 49].