Ce nom est affecté à Notre-Seigneur Jésus-Christ, sauveur du monde, qui a été figuré par tous ceux à qui l’Écriture, dans l’Ancien Testament, donne le nom de Sauveur, comme Josué, les Juges d’Israël, les rois David, Salomon, Josias et les grands hommes suscités extraordinairement pour délivrer le peuple de Dieu, comme Mathathias’ Judas Machabée et les autres. Les prophètes avaient désigné Jésus-Christ sous le nom de Sauveur. Par exemple (g) : Vous puiserez des eaux des fontaines du Sauveur. Le Seigneur leur enverra un Sauveur, etc.(h). Il n’y a point d’autre Sauveur que moi (i). Enfin, les apôtres et les écrivains sacrés du Nouveau Testament donnent ordinairement à Jésus-Christ le nom de Sauveur par excellence. L’ange annonçant sa naissance, dit qu’il s’appellera Jésus, c’est-à-dire, Sauveur, parce qu’il sauvera son peuple (a). Voyez saint Jean, 4.42 ; Actes 13.23 ; Philippiens 3.20, et ailleurs en plusieurs endroits.
Nous avons déjà examiné les diverses acceptions du mot de salut ci-devant sous son titre. Ce nom Sauveur est donné au patriarche Joseph ; Pharaon changea son nom lorsqu’il le prit à son service, et l’appela en langue égyptienne Sauveur du monde (Genèse 41.45) ; l’Hébreu lit simplement, il l’appela Zaptinath-phaneah ; et ces termes sont plutôt hébreux qu’égyptiens. Saint Jérôme lui-même, dans ses questions hébraïques sur la Genèse, reconnaît qu’ils signifient en hébreu, celui qui révèle les secrets. Mais en Égypte ils pouvaient avoir une autre signification et ceux que saint Jérôme consulta sur cela lui dirent apparemment qu’ils signifiaient le Sauveur du monde. Toutefois, Philon et Josèphe, et d’autres qui les croient aussi égyptiens, soutiennent qu’en cette langue Zaphnath-phaneah signifie celui qui révèle les secrets ou qui explique les songes. On cite le Syriaque et les Paraphrastes Chaldéens et deux ou trois anciens interprètes Grecs qui l’expliquent dans ce même sens.
Dieu prend souvent le nom de Sauveur d’Israël (1 Samuel 4.39) : Vivit Dominus salvator Israël. David le qualifie de même sa force et son Sauveur (1 Samuel 22.2). Robur meum et salvator meus. Il n’y a point d’autre Sauveur que moi, dit le Seigneur dans Osée (Osée 13.4). Et Isaïe (Isaïe 17.10) : Vous avez oublié le Seigneur qui est votre. Sauveur. En effet, Dieu est le Sauveur des sauveurs, le Dieu des dieux ; hors de lui il n’y a ni salut, ni délivrance, ni secours à espérer.C’est lui qui suscite des sauveurs à son peuple. Il leur suscita, par exemple, un sauveur en la personne d’Othoniel, fils de Cenez, contre le roi de Mésopotamie qui les opprimait (Juges 3.9). Il leur en suscita encore un nouveau en la personne d’Ami, fils de Gera, contre Eglon, roi des Moabites (Juges 3.15). Abdias (Abdias 1.21) promet que le Seigneur enverra des sauveurs sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Ésaü : il parle apparemment des Machabées qui subjuguèrent les Iduméens.
Se prend communément pour garantir de quelque péril. On le prend aussi pour fuir. Sauvez-vous sur cette montagne ; je ne puis me sauver sur la montagne (Genèse 19.17-19). Sauver se met aussi pour conserver, par exemple, ceux qui sont échappés d’un danger, qui se sont enfuis d’une déroute, ceux qui ont évité l’épée du vainqueur. Salvatœ sunt reliquioe populi (Juges 6.3), dit Déliera dans son cantique. Dieu a conservé son peuple et l’a garanti de la main du roi Jahin. David s’enfuit, et il fut sauvé : David [agit et salvatus est (2 Samuel 19.10-12,18).
(Genèse 19.17), sauver sa vie. La race des justes sera sauvée (Proverbes 11.21), sera conservée ; sauver les dores, sauver et conserver les personnes. Vous m’avez sauvé de ceux qui descendent dans le tombeau (Psaumes 29.4) : Vous m’avez protégé et conservé la vie ; vous n’avez pas permis que je fusse réduit au nombre des morts. Sauvez-moi des hommes de sang (Psaumes 58.3), tirez-moi de leurs mains. Je vous sauverai d’une terre lointaine (Jérémie 30.10) : Je vous en raménerai, je vous tirerai de votre captivité (Psaumes 35.7) : Vous conservez les hommes et les bêtes ; vous leur donnez la subsistance ; votre providence s’étend sur les uns et les autres, quoique d’une manière fort différente. Il a sauvé les autres, qu’il se sauve lui-même (Matthieu 27.40), disaient les Juifs à Jésus-Christ ; qu’il se tire du danger, qu’il se délivre de la mort, comme il en a délivré les autres.